Troisième et dernier [THREAD] sur le 11 avril 2011 à Abidjan, avec un second témoignage : celui d’un civil, proche de Laurent #Gbagbo, qui était avec lui et des dizaines d’autres personnes dans la résidence officielle du chef de l’État de Côte d’Ivoire.
« Le jour de notre arrestation, la résidence avait été sévèrement pilonnée. Il y avait de la fumée partout. Ce qui fait que la plupart des occupants de la résidence étaient regroupés dans une chambre au sous-sol.
Gbagbo a reçu un coup de téléphone indiquant qu’une colonne de chars français allait quitter le 43e Bima pour venir vers Cocody.
Puis il a reçu une seconde information : la résidence était désormais complètement encerclée par des chars français qui avaient cassé l’enceinte de la résidence.
Gbagbo a alors demandé à Tagro d’appeler au téléphone l’ambassadeur de France pour lui demander : « Pourquoi les Français sont-ils en train de faire ça ? »
L’ambassadeur a répondu à Tagro : "Sortez avec un drapeau blanc pour dire que vous êtes prêts à vous rendre". Mais quand Tagro est sorti, les FRCI ont tiré sur lui.
Il a rappelé l’ambassadeur pour le lui dire. Celui-ci a ri : « Il faut sortir, il n’y a plus de temps à perdre », a-t-il dit.
Le président s’est levé et s’est livré à eux, aux rebelles. Il est tombé sur des FRCI, armés, excités. Des ComZones sont venus, l’ont reconnu et l’ont pris. Ils l’ont habillé d’un gilet pare-balles.
Des Français étaient là, supervisaient les opérations, certains avaient des caméras et filmaient. Les FRCI ont pris Gbagbo et sont partis avec lui.
Certains sont revenus pour demander Simone, l’ont battue, humiliée, lui ont arraché une partie de ses tresses, persuadés qu’elles avaient valeur de fétiche. Ils lui ont enlevé son slip pour l’exhiber comme un trophée. Les Français ont assisté à tout et continuaient de filmer.
Avant cela, les Français et les FRCI s’étaient partagé les rôles. A la résidence voisine de l’ambassadeur de France étaient postés des snipers qui tiraient sur tout ce qui bougeait et empêchaient quiconque de sortir de la résidence présidentielle.
Ils ont même réussi à tuer des gens à l’intérieur même de la résidence présidentielle avant l’arrivée des FRCI.
Les Français avaient pour rôle de pilonner la résidence, d’affaiblir moralement ses occupants et de détruire toute résistance. Quand tout a pris fin, comme ils ne voulaient pas donner l’impression que c’était eux qui avaient en réalité tout fait, ils ont laissé les FRCI faire.
Tout le quartier était cerné et bloqué par des chars français. C’est uniquement par chance que nous avons survécu aux bombardements : ils étaient extrêmement violents. Les enfants [dont les petits-enfants de Gbagbo] qui étaient présents ont été traumatisés.
Tous ceux qui ont été arrêtés ce jour-là ont été tabassés, toujours sous l’œil des caméras. C’est à ce moment-là que Tagro s’est fait tirer dessus à bout portant, dans la mâchoire, par un élément des FRCI. [Il est décédé, faute de soins, quelques heures plus tard]
Quand nous sommes arrivés au Golf Hôtel, les Français filmaient toujours et n’ont rien fait pour empêcher que plusieurs d’entre nous soient battus et humiliés.
Je crois que les Français cherchaient à éliminer Gbagbo. Contrairement à ce qui a été dit, aucun tir à l’arme lourde n’a jamais été effectué à partir de la résidence. »
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[THREAD] Témoignage d’un civil qui se trouvait à la résidence officielle du chef de l’État de Côte d’Ivoire entre le 4 et le 11 avril 2011 (témoignage figurant dans le livre « France Côte d’Ivoire, une histoire tronquée ») :
« Le 3 avril, alors que nous étions en train de déjeuner à la résidence, le président #Gbagbo a reçu l’information selon laquelle nous allions être attaqués.
Ce même jour, nous avons aperçu un hélicoptère s’immobiliser dans les airs, pointant un canon vers
nous. Il donnait l’impression de faire des repérages. C’est le lendemain soir que les opérations ont commencé.
[THREAD] Il y a dix ans, le 11 avril 2011, à la mi-journée, après une nuit entière d’intenses bombardements ininterrompus sur la résidence présidentielle, où se trouve Laurent #Gbagbo, les médias occidentaux annoncent : « Gbagbo a été arrêté. »
Que s’est-il précisément passe ce matin du 11 avril ? Les dirigeants français affirmeront qu’aucun militaire français n’a franchi les murs de la résidence officielle du chef de l’État ivoirien, et que ce ne sont pas les forces françaises qui ont fait prisonnier Gbagbo.
Si, en effet, aucun soldat en uniforme n’a été visible à l’intérieur du bâtiment, il semble bien, pourtant, que ce sont les Français qui ont mené toutes les opérations ayant abouti à l’arrestation du dirigeant ivoirien.
[THREAD] Le président de Côte d'Ivoire Alassane #Ouattara a fait savoir il y a deux jours qu’il allait réfléchir à une possible candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2020.
Pourtant, ayant fait déjà deux mandats, il ne peut se représenter, à moins de violer la Constitution ivoirienne (cf. articles 55 et 183).
Il est intéressant de rappeler qu’en 1993, après la mort du président Houphouët-Boigny, Ouattara avait tenté de contourner la Constitution. A l'époque, c’est le président de l’Assemblée nationale, Henri Konan #Bédié, qui devait assurer l’intérim du pouvoir, selon la Constitution.
[THREAD] : Il n’est pas exagéré de dire que les officiels français considèrent toujours, de manière consciente ou non, les États africains francophones comme des colonies françaises, et leurs dirigeants comme des quasi gouverneurs au service de la France.
Cela apparaît noir sur blanc dans des textes officiels publiés par l’Assemblée nationale française : la France y est désignée avec le terme « métropole ». (…)
Le rapport aux autres demeure hiérarchisé voire racialisé. « Les idées à l’origine de la colonisation » ont pénétré « en profondeur la société française, au point qu’elle a souvent un regard du XIXe siècle sur l’Afrique », a constaté l’historien sénégalais Ibrahima Thioub.