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[THREAD] : Il n’est pas exagéré de dire que les officiels français considèrent toujours, de manière consciente ou non, les États africains francophones comme des colonies françaises, et leurs dirigeants comme des quasi gouverneurs au service de la France.
Cela apparaît noir sur blanc dans des textes officiels publiés par l’Assemblée nationale française : la France y est désignée avec le terme « métropole ». (…)
Le rapport aux autres demeure hiérarchisé voire racialisé. « Les idées à l’origine de la colonisation » ont pénétré « en profondeur la société française, au point qu’elle a souvent un regard du XIXe siècle sur l’Afrique », a constaté l’historien sénégalais Ibrahima Thioub.
Il n’est donc pas étonnant que les déclarations publiques de la classe politique française, qu’elle soit de droite ou de gauche, oscillent souvent entre injonctions et jugements peu diplomatiques à l’endroit des responsables africains.
« Comment vont vos nègres aujourd’hui ? » demandait régulièrement au cours des années 2000 un haut responsable de l’Élysée à un diplomate en poste à Abidjan. (...)
La plupart des médias français reproduisent les mêmes stéréotypes que ceux de la classe politique. On le voit dans leur manière de décrire les dirigeants africains : ils emploient souvent des termes qu’ils n’utiliseraient
pas pour qualifier des officiels occidentaux.
pas pour qualifier des officiels occidentaux.
Ceci explique la facilité avec laquelle les journalistes sont utilisés par les autorités françaises pour légitimer leur politique en Afrique. (...)
Il semble inconcevable pour les officiels français, civils comme militaires, qu’un dirigeant africain enfreigne les règles du jeu, en s’exprimant librement ou en prenant des décisions contraires aux intérêts de la « métropole ».
D’abord, parce que cela met potentiellement en péril l’ensemble de l’édifice colonial. Ensuite, parce qu’un colon supporte difficilement de voir son autorité et ses certitudes contestées ou remises en question par un sujet colonisé.
[Extraits de "France Côte d'Ivoire, une histoire tronquée", Vents d'ailleurs, 2015.]
