Bon, une fois la pression retombée, un petit bilan de ma première com au sein du monde universitaire depuis... la thèse.
0- Je suis pas content de moi. Brouillon, hésitant, en panique.
1- Je suis toujours pétrifié par les assemblées académiques. Rien à faire je me sens minuscule face au moindre prof.
2- J'ai perdu l'habitude de structurer des propos d'exposé, clairement. Comme une langue, pas assez de pratique nuit.
3- Je ne suis définitivement pas en phase avec les approches multi-factorielles, c'est pas mon caractère.
4- Faut que je me remette à écrire et à parler sérieusement au niveau académique.
5- Pondre une communication solide avec un boulot à plein temps à côté, c'est VRAIMENT difficile. Le boulot passe toujours avant, et on se retrouve avec des délais intenables.
6- J'ai trouvé très dommage l'absence d'échanges après les communications. Clairement, un séminaire "à distance" c'est pas la bonne formule pour échanger. Je me suis senti frustré.
7- Le tramadol c'est super efficace pour contrer les céphalées de tension qui vous prennent par surprise.
Et ca supprime les tremblements.
- Ne faites pas comme moi, ne prenez pas de tramadol au débotté. Non à l'auto médication.
8- Je suis particulièrement fier de mon trolling consistant à sortir une épée, une dague et un sabre durant la présentation pour dire "C'EST PAS LOURD".
9- On ne s'improvise pas historien des médias.
10- On peut parfaitement s'improviser historien des idées.
11- Je reste capable d'improviser sur mon sujet et sujets connexes. C'est rassurant.
12- J'ai pu parler de Kingdom Come et de l'impasse de l'historicité dans les jeux videos. Ich bin content.
13- J'ai un gros problème à régler : mon rapport à mon travail. Pris au piège entre la sensation de faire des trucs importants et la certitude que c'est tout nul aux yeux des spécialistes.
14- J'ai envie d'écrire de la science. Vraiment.
15- J'ai peur d'écrire de la science. Vraiment.
16- J'aurais peut être deux trois trucs à apprendre à des conservateurs et archéo-métallurgistes sur la prétendue inexistence de sources techniques sur le travail de l'acier. J'en suis le premier surpris.
17- Il y a un énorme boulot à faire sur la définition de l'objet patrimonial immatériel. Enorme. Par des historiens.
18- Si @UbisoftFR veut de moi pour faire du conseil historique sur le combat médiéval et moderne, je suis dispo. Oui, ça mange pas de pain de le redire.
19- Les armures du film de Ridley Scott "le dernier duel" ne sont pas "non historiques". Elles sont un foutage de gueule monumental pour un film tournant autour d'un DUEL EN ARMURE.
20- comme je l'ai précisé en conclusion, il faut faire une césure objective entre une œuvre qui joue avec l'histoire et une œuvre qui regarde ses pieds dans un élan d'autosatisfaction.
21- Il faut une demi-heure de questions-réponses dans un séminaire de ce genre. Sinon, il y a trop de non dits.
22- J'ai résisté à l'envie de dire au conservateur en chef des Invalides, quand il souligne la difficulté de faire des prélèvements métallurgiques " On creuse bien des tranchées au bull dans des palais du IIIe millénaire pour savoir ce qu'il y a en dessous."
23- J'ai pas pu le préciser, mais le cinema a tout a gagner à aborder correctement la question de la violence armée et des équipements, parce qu'ils sont CONCUS pour être spectaculaires, et que la violence EST publique.
23bis - j'appuie cet aspect : le mythe du duel caché et de la violence pour la violence est... un mythe. Les duels se cachent plus tard, au XVIe et au XVIIe siècle, et on ne se bat jamais seul. Le public, son regard, c'est lié à la violence médiévale et primo moderne.
24- les camera m'ont montré des yeux exorbités lors de la video sur la balle qui se désintègre en frappant une armure de Greenwich. J'ai plaisir à imaginer que certains et certaines croient désormais à l'IronMan médiéval.
25- La prochaine fois, je fais une démo devant la webcam.
26- j'ai pu prononcer la phrase "Liechtenauer ça marche pas" devant O. Renaudeau. #Inception.
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On m'a souvent demandé quel prix pouvait atteindre une armure rigide complète.
Il se trouve que les archives tourangelles (de la ville de Tours) livrent des renseignements précieux question, notamment par le biais de sa très importante production d'armures au XVe siècle.
Ainsi, un "harnois complet façon de Milan" se vend 37 livres en 1438.
Un "harnois complet, souldé et de mesure" vaut 48 livres en 1471.
Un "harnois complet, souldé et de mesure garni de soulleretz entiers" vaut 54 livres en 1477.
A l'inverse, une simple brigandine vaut entre 6 et 9 livres en 1475.
Alors, c'est con, mais c'est une phrase d'une enseignante très postérieure à mes cours.
Une chargée de TD d'histoire contemporaine, à qui je dois toute la méthode d'écriture de l'histoire que j'utilise. Une prof brillante, mais exigeante jusqu'à la nausée.
Elle ne m'a jamais lâché pendant mes 2 années de DEUG, avec un vrai matraquage du plan en 3 parties. A la fin, nous savions faire une problématique et 3 parties/3 sous parties/3 arguments/3 exemples les yeux fermés.
Quand je suis devenu l'archiviste de l'ACPR, en 2017, elle m'a juste envoyé un mot, un tout petit mot, sur Linkedin.
Blague à part, on oublie qu'à une époque bénie où le monde (ok, les USA et les Inconnus) tremblait devant le renouveau japonais, il y eut des méthodes de formation pro basées sur le traité des 5 roues de Musashi.
J'ai toujours imaginé faire un ENORME troll avec un faux bouquin de formation intitulé
" Liechtenauer, sa technique est ma technique : comment utiliser la prédation et la prise d'initiative pour diriger votre équipe à la manière allemande du XVe siècle "
avec des paragraphes du genre " Prendre le Vor, c'est agir avant, empêcher l'adversaire de développer son jeu. Coupez la parole, tout le temps, dès qu'on vous adresse un mot. Ne laissez personne parler. Ainsi parlent les arts martiaux allemands du XVe siècle "
Alors, vu qu'on ne menace même pas les gens comme ça dans des formations au combat et au corps à corps (20 ans de passif pour ma part, 33 si on compte le kendo académique), non, ce n'est pas "normal".
Y compris dans des formations au stress en combat. C'est un type de formation qui existe, qui a des cadres, des règles, des limites et qui est TOUT sauf un apprentissage par la peur de la violence. Mais de sa gestion.
Et je pense qu'il y a un petit paquet de pros de la violence dans mes viewers abonnés qui pourraient en parler.
Puisque j'ai besoin d'une pause, fil qui n'a rien à voir avec mes préoccupations habituelles : on va parler du chapitre de Space Marines que je joue en plateau et en JDR papier, car on me pose souvent la question.
Préambule : les Space Marines sont globalement une repompe honteuse des Sardaukar de Dune et de toutes les troupes de soldats d'élite du futur de la SF de cette époque. Oui, je ne changerais jamais d'avis là dessus.
Des troupes d'élites d'un empire stellaire humain, féodal, tyrannique. Ce sont des hommes conditionnés jusqu'au fanatisme, équipés des meilleures armes, modifiés génétiquement pour les Marines.
Je sais pas si ça porte un nom, mais j'ai toujours eu un mal abominable à accepter de ne pas être exclusif sur un sujet de recherche.
Je le perçois toujours comme une compétition dont je vais sortir perdant.
Il suffit qu'on se mette à parler de mes sujets d'études, de recherche, de communications, pour que la motivation à en parler moi même s'envole, considérant comme foutu ce créneau d'affirmation de moi-même.
Et c'est vraiment bizarre, parce que je suis extrêmement généreux, partageur, communicant sur mes travaux.
Mais que les autres se mettent sur la ligne de départ avec moi, ça me tue l'âme.