Rappelons d’abord que l’AIE est un organisme fondée en 1974, après la crise pétrolière, par l’OCDE, pour aider les pays de l’Organisation dans la définition de leurs politiques énergétiques.
Ces dernières années, le réchauffement climatique et son origine anthropique ayant été actés, l’Agence a proposé différents scénarios définissant les conditions de développement du secteur de l’NRJ pr respecter un objectif climat : SDS, B2DS (Beyond 2 Degrees Scenario)…
Le Net Zero by 2050 est le dernier scénario développé. Il vise à définir la trajectoire à suivre pour ramener les émissions à zéro en net en 2050, condition nécessaire selon le GIEC, pour limiter le réchauffement à 1,5°C en 2100.
A noter, donc, qu’il ne s’agit que d’un scénario, une hypothèse de travail. Il n’est donc pas dit qu’il sera retenu par les gouvernements.
Première impression : le sentiment d’urgence.
A l’heure où l’on s’apprête la 26ème COP, le rapport rappelle clairement l’enjeu : à date, les engagements pris ne permettent pas de respecter l’objectif de 1,5°C. Nous sommes sur une trajectoire à 2,1°C si tout est tenu.
Urgence aussi dans cette phrase : « Further delay in acting to reverse that trend will put net zero by 2050 out of reach ». C’est la dernière limite si l’on veut limiter le réchauffement à 1,5 °C.
Rappelons que d’après l’ONU, nos émissions doivent baisser de 7,6 % par an tous les ans jusqu’en 2030 si nous voulons tenir cet objectif. A titre de comparaison, la crise du COVID devrait se solder par une baisse d’environ 6 % des émissions.
Élément important : le scénario a pr vocation à arriver à 0 émissions net en 2050 uniquement grâce au secteur de l’énergie, cad sans aide extérieure (AFOLU par ex). La méthodo retenue consiste aussi à limiter le recours aux techno dites d’émissions négatives (dixit le rapport)
Passons à la technique : Le scénario aboutit à une économie 40 % + importante en 2050, avec consommation d’énergie… 7 % plus faible ! Par quel miracle ? Le rapport table sur une amélioration de l’efficacité énergétique de 4 % par an jusqu’en 2030… c’est à dire DES MAINTENANT !
Pour mémoire, et comme le rappelle le rapport, le taux moyen des 20 dernières années était environ 3 fois plus faible. Et on peut logiquement considérer qu’on a commencé par les choses les plus faciles à améliorer…
Qq chiffres à présent : les installations annuelles de solaire PV doivent être multipliées par presque 5 vs le record de 2020 (130 GW) et l’éolien par 4 vs 93 GW en 2020. Au final, en 2050, 2/3 de la production d’énergie provient des énergies renouvelables.
Le solaire est multiplié par 20, l’éolien par 11 ! En 2050, les renouvelables représentent 90 % de la production d’énergie, le solaire et l’éolien 70 %. Sur les 10 % restants, l’essentiel est du nucléaire.
Nota : en 2020, pour les 130 GW installés, l’industrie solaire a consommé 3142 t d’argent, soit 13 % de la production mondiale d’argent environ. Si on multiplie ces installations par 5, je vous laisse faire le calcul…
Pour les véhicules électriques, ils passent de 5 % aujourd’hui (donc incluant les hybrides) à 60 % de part de marché en… 2030 !!! Pour ce faire, il faut un développement énorme du réseau de recharge : on passe de 1 à 40 millions de points de recharge publics.
Et des usines à batteries : il faut construire l’équivalent de 20 gigafactories par an sur les 10 prochaines années, pour porter la production de batteries de 160 GWh aujourd’hui à… 6600 GWh en 2030 !!!
Tous ces développements imposeront de gros investissements dans l’infrastructure électrique : de 260 mlds $ aujourd’hui à 820 en 2030 !
Le développement des infrastructures pour le CO2 et l’H2 sont également colossaux : de 1 Mld $ aujourd’hui à 40 mlds $ par an en 2030 !
Pour les énergies fossiles, leur poids passe de 80 % aujourd’hui à environ 20 % en 2050. Le rapport appelle à la fin des subventions et à la généralisation d’un système de coût du carbone.
Plus de nouvelles décisions d’investissement dans des centrales à charbon, et fermeture des centrales les moins efficientes. Plus de nouvelles mines de charbon ni d’extension de mines existantes.
Pour le pétrole et le gaz, plus d’exploration à partir de maintenant, et plus de développement de projets non encore approuvés en 2021.
Bon, et avec ça, on est bons ? Pas si vite ! Il faut aussi développer des technologies opérationnelles.
Au-delà, il faut accentuer l’effort de R&D sur la prochaine décennie. Selon le rapport, les secteurs d’innovation sont les batteries nouvelle génération (« advanced »), l’électrolyse de l’hydrogène et la capture et l’utilisation du carbone.
Le rapport indique que les réductions indiquées entre aujourd’hui et 2030 sont basées sur des technologies existantes. Mais à partir de 2050, 50 % de la réduction d’émissions se base sur des techno restant à développer.
Le rapport indique également une augmentation très importante des besoins de flexibilité sur la consommation.
Voilà. Il y a pleins d’autres choses, dans ce rapport. Sur l’emploi, la coopération internationale, la fiscalité… Ce que souligne ce rapport et qui est essentiel, c’est l’importance des mesures politiques pour flécher les investissements vers les technologies indispensables.
Un dernier élément, encore, sur les conséquences de tous ces développements sur la demande de métaux : le rapport précise que la transition nécessitera énormément de métaux , indiquant...
...que le marché de métaux comme le cuivre, le cobalt, le manganèse ou les terres rares devraient être multiplié par 7 en 10 ans!!!!
Nota : pour créer une mine, il faut environ 7 ans...
(1/3) #Transition#Métaux : Cette semaine a été publié par l' @IEA le rapport "Net Zero by 2050, a roadmap for the global energy sector", qui définit les évolutions nécessaires de notre système énergétique si nous voulons parvenir à la neutralité carbone en 2050,
@IEA (2/3)condition sine qua non d'une limitation du réchauffement climatique à 1,5°C en 2100.
Nous en avons parlé avec @StephPedrazzi sur @bfmbusiness , évoquant notamment la reco de l'Agence d'arrêter immédiatement tte exploration pétrolière (et non tout investissement,
@IEA@StephPedrazzi@bfmbusiness (3/3) comme certains l'ont rapporté), mais aussi, bien sûr, de l'impact attendu sur la consommation de métaux d'une telle trajectoire. Et là aussi les chiffres sont vertigineux!
A noter malheureusement un petit incident de liaison. Les aléas du direct!
#Electricite : Ce texte est peut-être fondateur : il pose clairement, sans parti pris, les données du problème et les incohérences de notre politique énergétique, en rappelant qu'on ne peut s'affranchir des contraintes physiques (1/3)
Extrait :"Il apparaît donc en réalité, que sous couvert de promesses
optimistes, nous nous dirigeons vers un certain nombre d’impasses
extrêmement préoccupantes pour l’avenir. " (2/3)
"De sorte que le débat sur l’énergie tel qu’il se développe est un lieu
de non-dits ou d’a priori, jamais dévoilés, dont la persistance
empêche la tenue d’une discussion publique, sincère et efficace." (3/3)
#Nucleaire : à la suite d'un rapport commandé par le gouvernement hollandais, celui-ci envisagé la construction de 3 à 10 centrales nucléaires ! fr.businessam.be/les-pays-bas-s…
Pour la petite histoire, la Hollande avait décidé de sortir du nucléaire, déjà peu présent sur son territoire.
Mais de façon assez cocasse, la décision a été remise en cause à cause/grâce (c'est selon)... Aux ONG écologistes !
En 2015, la justice condamnait en effet le pays à la suite d'une action en justice initiée par la fondation Urgenda, pour inaction climatique ! La condamnation avait été confirmée en appel en 2018... greenpeace.org/international/…
#ConfinementUtile : Je reprends la suite de mon explication sur la structure de prix à terme sur les marchés de matières premières. Hier, nous avons vu la notion de #contango . Pour ceux qui l'auraient raté c'est ici
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Nous allons aujourd'hui parler de la Backwardation. Mais avant cela, qq précisions s'imposent...
Nous avons donc vu hier que
Prix à terme= prix comptant + Gf + coût de stockage
En temps normal, le prix à terme est donc > prix comptant.
Dans notre exemple...
Le prix comptant était de 22$ et le prix à 1 an était de 31$. Chaque jour qui passe, la durée de stockage restante diminue, et la durée du placement financier diminue elle aussi. Donc le prix à terme converge tous les jours un peu plus vers le prix comptant...
#ConfinementUtile : j'en avais parlé cette semaine, le pétrole est en super #contango . Thread pour expliquer ce terme, dont la compréhension est indispensable pour intervenir sur les matières premières...
Les marchés financiers sont censés être efficients. Aussi, s'il existe plusieurs façons d'acheter un actif, le prix de ces différentes solutions doit être identique. C'est simple : si une méthode propose un prix + intéressant, tout le monde va y recourir...
... Jusqu'au moment où son prix va monter pour égaler le prix de l'autre solution... Ok. Donc, sur les matières premières, on a 2 façons d'acheter : soit au comptant (matière première physique), soit à terme. Acheter à terme doit donc coûter la même chose qu'acheter comptant...