Thread by @robert_cauneau

@threadreaderapp @tblrj @AvinoLoredana @RobertoBazzichi @ArthezD @russeurope Merci, @tblrj de ton retour. Nous sommes maintenant au cœur du sujet.
Je te propose de commencer par ce qui me semble le plus important, à savoir la nature de la devise. Au niveau sémantique, ce n’est pas une coquetterie de parler de devise plutôt que de monnaie.1

@threadreaderapp @tblrj @AvinoLoredana @RobertoBazzichi @ArthezD @russeurope Chaque théorie dispose de son propre « jargon », et il me semble très important de le respecter, au risque de ne plus savoir de quoi on parle. Pour MMT, la devise est la « monnaie » créée par l’État, et par lui seul, lorsqu’il dépense.2

@threadreaderapp @tblrj @AvinoLoredana @RobertoBazzichi @ArthezD @russeurope Quant à la nature de la devise, dans la logique MMT, elle est fiscale, et elle débouche sur une vision selon laquelle le marché est d’abord un système généralisé d’échange de devises, avant d’être un système d’échange de biens et de services.3

@threadreaderapp @tblrj @AvinoLoredana @RobertoBazzichi @ArthezD @russeurope Dans cette logique, dans la mesure où le pouvoir de coercition de l’État lui permet d’obliger les agents à payer leurs impôts dans sa devise, ces agents se trouvent dans l’obligation de rechercher cette devise, en se faisant producteurs et vendeurs de biens, services et travail.4

@threadreaderapp @tblrj @AvinoLoredana @RobertoBazzichi @ArthezD @russeurope Il est ainsi évident que la dépense publique, qui crée la devise, ne peut que précéder l’impôt, qui doit être payé dans cette devise. En effet, avant d’être recherchée et utilisée pour s’acquitter de l’impôt, la devise doit avoir été créée. C’est une question de simple logique.5

@threadreaderapp @tblrj @AvinoLoredana @RobertoBazzichi @ArthezD @russeurope L’objet de MMT, c’est donc la devise qui, comme le montre l’exemple de la livre sterling imposée au Ghana par le colonisateur Britannique, est utilisée par l’État pour s’approvisionner en biens et services, ainsi qu’en travail.6

@threadreaderapp @tblrj @AvinoLoredana @RobertoBazzichi @ArthezD @russeurope Ainsi, considérer que la dépense publique ne doit pas nécessairement précéder l’impôt, c’est ne pas prendre en considération la nature fiscale de la devise, ce qui, comme cela a été décrit plus haut, est le fondement de MMT. Taxes drive money.7

@threadreaderapp @tblrj @AvinoLoredana @RobertoBazzichi @ArthezD @russeurope Et il faut bien comprendre la différence fondamentale qu’il y a entre devise et crédit bancaire. La devise correspond à un paiement définitif, par la dépense publique (seulement un actif pour l’agent), tandis que le crédit bancaire doit être remboursé (un actif et un passif)8

@threadreaderapp @tblrj @AvinoLoredana @RobertoBazzichi @ArthezD @russeurope De plus, la différence entre ces 2 formes de création monétaire (État et banques) ne doit pas s’apprécier sur le montant des opérations en cause, mais sur leurs effets. La première crée des Actifs Financiers Nets, l’autre ne fait que se déplacer ces AFN entre agents.9

@threadreaderapp @tblrj @AvinoLoredana @RobertoBazzichi @ArthezD @russeurope Considérer que l’État n’est pas monopoliste de sa devise pour la raison que «les banques sont la principale interface des ménages », c’est ne pas prendre en compte cette différence fondamentale, et surtout la hiérarchie, qu’il y a entre devise et crédit bancaire.10

@threadreaderapp @tblrj @AvinoLoredana @RobertoBazzichi @ArthezD @russeurope L’existence d’AFN est un préalable incontournable pour obtenir un crédit bancaire, qui ne peut se rembourser avec un autre crédit bancaire. De même, l’impôt ne peut pas être payé par un crédit bancaire. Il ne peut l’être que par un prélèvement sur l’épargne nette (AFN).11

@threadreaderapp @tblrj @AvinoLoredana @RobertoBazzichi @ArthezD @russeurope Le crédit n’est pas tant un moyen de paiement qu’un moyen de différer le paiement. Il est non pas la devise, mais la promesse de payer en devise. La «vraie» monnaie, c’est le moyen de paiement définitif, c’est-à-dire qui ne suppose aucun paiement ultérieur, donc la devise.12

@threadreaderapp @tblrj @AvinoLoredana @RobertoBazzichi @ArthezD @russeurope La BCE, comme toutes les BC, ne crée pas d’AFN. Les euros, en termes d’AFN, sont créés lorsque les Etats dépensent à travers le système bancaire européen, par la consolidation BCE/Trésors, les Trésors demandant à la BCE de créditer le compte de réserves des banques concernées.13

@threadreaderapp @tblrj @AvinoLoredana @RobertoBazzichi @ArthezD @russeurope MMT ne nie pas le rôle du crédit bancaire dans l’économie. Elle considère par contre que celui-ci n’intervient qu’en termes de pouvoir d’achat, et que l’économie est en fait assise sur la richesse financière NETTE (AFN) du secteur privé, créée seulement par la dépense publique.14

@threadreaderapp @tblrj @AvinoLoredana @RobertoBazzichi @ArthezD @russeurope MMT est fondée sur le fait que la devise est le monopole de l’État, et qu’elle est par nature fiscale. Décrire le système sans prendre en compte ces éléments, c’est parler de quelque chose qui existe peut-être, qui peut avoir sa propre cohérence, mais qui n’est pas MMT.15

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