Thread by @DocteurGonzo4

#Thread [Enquête] de Alec MacGillis (@NewYorker)

Comment Amazon exacerbe les inégalités entre les territoires reculés et pauvres où poussent ses entrepôts, et les villes prospères qui accueillent ses cols blancs. usbeketrica.com/fr/article/le-…

Longtemps détentrice du titre de plus grosse entreprise américaine, Walmart comptait 400.000 salariés à son climax avant d’entamer son déclin. À la fin de l’année 2019, Amazon avait plus de 750.000 employés dans le monde, et c’était avant la frénésie d’embauches du printemps 2020

Cette croissance folle se fait au détriment de territoires entiers, ravagés par la fermeture des commerces locaux, un effondrement du marché immobilier et une hausse spectaculaire des morts dues à la consommation d’opioïdes.

Bezos s’enrichît sur ce salarié de 69 ans qui ne peut se retenir et qui, n’ayant pas le temps de traverser les 4.000 m2 de l’entrepôt sur le temps de sa pause, urine à l’ombre du transpalette ;

sur ces employés qui se shootent au tramadol car les colis qu’ils manipulent à longueur de journée pèsent entre 2 et 22 kilos ; sur ces salariés licenciés parce qu’ils se sont réunis pour tenter de se syndiquer.

En pur et authentique libertarien, Jeff Bezos a la haine des impôts : le gouvernement démocratique n’est pas seulement un obstacle, il est inopérant, il est à abattre.

Son mépris des communs pousse le boss d’Amazon à s’opposer vertement à l’adoption d’une taxe – de l’ordre de 1% par salarié – visant à financer les transports en commun à Seattle et à adapter le réseau à la croissance démographique de la ville.

Jeff Bezos préfère verser plusieurs millions de dollars pour faciliter la construction d’une autoroute urbaine.

Amazon a acquis le Washington Post en 2014. Cette acquisition lui donne une assise très importante dans la capitale fédérale. Bezos pousse ses pions et trouve des alliés pour se rapprocher de la Maison Blanche car la commande publique est un marché plus gros que les autres.

Bezos surveillait Ann Rung, cost-killeuse publique qui se vantait d’avoir fait économiser 200 millions $ en fournitures de bureau à l’État de Pennsylvanie. De tels états de service lui valurent l’attention d’Obama qui, en 2014, la nomma directrice des acquisitions des États-Unis.

Dès sa prise de poste, elle encouragea les acheteurs publics à casser les règles et innover. En 2016, elle annonçait 2 milliards d’économies pour les comptes publics non sans une certaine fierté… avant de démissionner pour devenir directrice de la division marché public d’Amazon

En d’autres termes, la personne qui supervisait l’intégralité des 450 milliards de dépenses gouvernementales en approvisionnement rejoignait une entreprise déterminée à se tailler la plus grosse part de ce gâteau.

Amazon prospère aussi grâce au chantage à l’emploi et à l’achat tacite de baronnies locales, puisque les villes où le géant s’installe (Seattle puis New York) voient les prix de l’immobilier flamber et de riches cadres arriver en masse.

Au niveau national, ceux qui gagnaient plus de 28$ de l’heure étaient revenus à leur niveau d’emploi d’avant la pandémie, tandis que ceux qui gagnaient moins de 16$ de l’heure virent un quart de leurs emplois disparaître.

En somme, les riches s’en tirent tandis que le prolétariat n’a pas d’autre choix que d’accepter les dangereuses conditions de travail d’Amazon et de batailler avec les réfugiés économiques : Un ex ingénieur industriel, un ex plaideur, un ex patron d’agence immobilier...