Thread by @ManonAubryFr

L'opération de diabolisation et de disqualification des insoumis, par ex en Ile de France, est un échec.

Mais le niveau du débat public, ses attaques permanentes en "ennemi de la république" ou "islamo quelque chose", devient catastrophique, ce qui explique aussi l'abstention.

Le camp du progrès social est en danger car les droites veulent éradiquer culturellement ce que représente la gauche.

Quand on doit se justifier du matin au soir de ne pas être islamogauchiste ou ennemi de la République on ne peut plus parler des sujets qui intéressent les gens.

Certains à gauche pensent qu'il faut aller dans le sens de l'agenda sécuritaire mais c'est une faute politique majeure.

Au final, ça donne Roussel, Jadot, Hidalgo qui marchent avec des policiers factieux contre l'indépendance de la justice.

Ils tombent dans le piège tendu !

Sur les régionales, nous avons tendu la main à l’ensemble des forces politiques de gauche pour discuter d'un cadre national.

Car sur les lycées, l'écologie, les transports, etc. nous pouvons travailler avec les verts, le NPA, l’aile gauche du PS ou les communistes.

Mais cette main tendue a été refusée, à la fois au 1er et au 2nd tour.

EELV a fermé la porte à un accord avec nous en Bretagne et en Nouvelle Aquitaine, Carole Delga a insulté tout le monde en Occitanie, et des anciens socialistes ont même appelé à voter Pécresse !

Sur la présidentielle, la situation est différente car il y a des différences de fond et des sujets qu'il faut débattre, par exemple sur le rapport à l'UE.

Je pense qu'on peut discuter avec par exemple Hamon et Rousseau pour sortir d'un débat caricatural eurobéats vs frexiteurs.

Il faut traiter le sujet européen de manière pragmatique : comment on applique notre programme quand même ?

Les accords de libre-échange, on peut les bloquer. Sur l'austérité, il faut désobéir. Sur la concurrence fiscale, on avance pas à 27 mais avec ceux qui le souhaitent. Etc.

On peut discuter des heures de la couleur de la cravate de Jean-Luc Mélenchon mais que vous l'aimiez ou non, il est le socle le plus solide à gauche aujourd'hui.

Cela serait absurde de se priver de ce qu'il représente et de son écho sans équivalent dans les classes populaires.

Jean-Luc Mélenchon est aussi inattaquable sur la constance de ses positions.

C'est le seul présidentiable à gauche qui n'était pas à la manifestation des syndicats de police d'extrême-droite et a osé affirmer clairement que oui la république pour nous ne se négocie pas !

Diaboliser Mélenchon est un mauvais calcul de la part de nos concurrents. Ils seront les prochains sur la liste, EELV l'a vu localement.

Il faut au contraire construire autour de sa candidature une équipe élargie permettant de créer une dynamique collective pour gagner en 2022.

Il faut être lucide : les appareils de gauche aujourd'hui sont affaiblis et ont dû mal à mobiliser massivement.

Mais on peut encore sortir de ce marasme en partant d'un socle électoral issu des classes populaires. Et seule la France Insoumise en est capable aujourd'hui.

Pour élargir ce socle, nous devons débattre du fond avec celles et ceux qui s'engagent clairement à ne pas répéter les trahisons d'Hollande.

L'union pour l'union ne suffit pas pour créer une dynamique. Il faut le faire sur des bases claires en discutant du programme !

Il serait irresponsable de mentir aux gens en mettant sous le tapis tous les sujets qui fâchent.

Mais dans l'autre sens, il faut aussi sortir des postures pour trouver des terrains d'entente en discutant des blocages sujet par sujet. C'est la seule méthode qui peut marcher !

Je reprends l'exemple européen : discuter de la stratégie face à l'UE n'est pas un détail. Et l'occulter n'est pas sérieux.

Sinon on refait le coup de "mon ennemi la finance" et "on re négocie les traités" pour faire le contraire au pouvoir comme le PS en 2012...

Mais on peut s'accorder avec certaines et certains sur une manière de faire pragmatique sur le sujet.

Je n'adore ni ne déteste l'Union européenne : c'est un espace de blocage et d'opportunité qu'il faut investir sérieusement et en assumant des rapports de force.

On peut de la même manière avancer dans la discussion à gauche sur d'autres sujets qui fâchent comme les institutions, la laïcité, la planification, etc.

Pas d'union dans la confusion mais pas de division artificielle inutile si on peut trouver un terrain d'entente.