En 1945, comment montrer ce qui nous a été pris quand on est Juif et qu'on a été dépossédé de tout ? Ceux qui les ont encore envoient leurs photos (souvent de famille) aux services de restitution pour signaler que ce mobilier était le leur. Quelques fragments de vies volées... ⤵️
L'écrivain André Maurois jouant avec sa famille dans sa bibliothèque en 1927
Un repas insouciant chez M. Lucien Moyse, au 17 rue des Batignolles (des flèches sur le support cartonné de la photo pointent le mobilier disparu)
Une femme à sa toilette, également chez M. Lucien Moyse
De paisibles moments de lecture chez M. Max Littaur
Surpris durant l'étude chez M. Loebl
Le portrait d'une jeune fille chez les De Lestrac, dont le verso n'indique pas l'identité mais décrit uniquement le mobilier visible, pillé par les Allemands en 1944 – de fait, pour l'immense majorité des photos, les personnes sont anonymes
Chez les mêmes, on envoie la photo de mariage pour montrer la cheminée. Grande dissonance cognitive entre le moment heureux qui a fait exister la photographie et l'usage prosaïque qui en est fait après-guerre
Plus surprenant encore, ce portrait début de siècle de Mme Germaine Loze (Lozé ?) sur lequel les bijoux disparus ont été entourés en rouge
Voici, par le trou de la serrure, ce à quoi se confrontent les chercheurs sur les spoliations artistiques : au-delà des objets, les personnes, leur intimité et leur histoire, ainsi que leurs goûts.
Les archives nous y font entrer par effraction et nous le faisons par nécessité, pour comprendre aussi bien la trajectoire des objets que celle des personnes, spoliés ou spoliateurs. Ces photos constituent le précieux témoignage d'un instant T, avant vols et pillages
Ce faisant, nous reprenons les pistes ouvertes par les services de restitution dans les années 1945-1950 en essayant de comprendre leur méthodologie d'enquête, de restitution, de classement des données, etc. Nulle doute que la tâche occupera encore qq générations de chercheurs...
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Édifiantes images de la bibliothèque polonaise de Paris avant puis après l'enlèvement des collections par les Nazis en 1940.
Source : Archives diplomatiques du ministère des Affaires étrangères
La dévastation liée aux pillages et aux destructions est impressionnante : tout a été saisi voire démonté. Dans l'une des salles du musée Adam Mickiewicz, on devine tout juste l'emplacement de l'escalier après le passage des spoliateurs
Ci-dessous, la salle Wodzinsky avant l'Occupation puis en 1944
Il n'existerait que «de rares cherche[urs] en France» à connaître l'histoire et les archives des spoliations, vraiment ? Le mythe de l'«Indiana Jones» a décidément encore de beaux jours devant lui. Pourquoi c'est faux et préjudiciable pour tout le monde ⤵️ lepoint.fr/culture/emmanu…
J’ai vu passer ces dernières années un certain nombre d’articles écrits en ce sens et je suis excédée de ces poncifs éculés qu’on y retrouve systématiquement.
Pardon d'avance @vdemontclos : le ton de votre article est tout à fait juste par ailleurs mais c’est la fois de trop. Or, ce n'est pas anodin car les familles spoliées et la recherche ont tout à y perdre.
Est-ce que j'ai passé mon aprem ds le bunker qui jouxte le château de Saint-Germain-en-Laye, ancien grand quartier général de la Wehrmacht, que Rose Valland fit attribuer aux Musées nationx en 1954 et habituellemt fermé au public et aux conservateurs ? TOTALEMENT. Immersion 👩🚀⤵️
Mais avant, petit contexte historique 🤓
Après la défaite française de 1940, plus de 10 000 soldats allemands investissent la ville sous le commandement du Maréchal Gerd von Rundstedt, aka le plus célèbre tacticien de la guerre éclair ⤵️
Saint-Germain-en-Laye, avec sa position surélevée par rapport au bassin parisien, devient le QG de l'Oberkommando West (« OB West » pour les intimes) : les grandes maisons de la ville royale sont idéales pour loger les officiers (1/4 du parc immobilier est réquisitionné) 🏘