Lettre de George Sand à Gustave Flaubert datée d'août 1871 : qq nouvelles estivales, mais aussi l'expression d'un dégoût pour la Commune que la romancière semble calquer sur celui de son correspondant...⤵️📨 1/
« Nohant, août 1871.
[…]
Quel sera le contre-coup de cette infâme Commune ? Napoléon ou Henri V, ou le règne des incendiaires ramené par l’anarchie ? Moi qui ai tant de patience avec mon espèce et qui ai si longtemps vu en beau, je ne vois plus que ténèbres.
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Je jugeais les autres par moi-même. J’avais gagné bcp sur mon propre caractère, j’avais éteint les ébullitions inutiles et dangereuses, j’avais semé sur mes volcans de l’herbe et des fleurs qui venaient bien, et je me figurais
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que tt le monde pouvait s’éclairer, se corriger ou se contenir ; que les années passées sur moi et sur mes semblables ne pouvaient pas être perdues pr la raison & l’expérience : et voilà que je m’éveille d’un rêve pr trouver
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une génération partagée entre le crétinisme & le delirium tremens ! Tt est possible à présent.
C’est pourtant mal, de désespérer. Je ferai un gd effort, et peut-ê me retrouverai-je équitable et patiente ; mais, aujd’hui, je ne peux pas. Je suis aussi troublée que toi,
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et je n’ose ni parler, ni penser, ni écrire, tant je crains d’aviver les plaies béantes de ttes les âmes.
J’ai bien reçu ton autre lettre, et j’attendais le courage d’y répondre; je ne voudrais faire que du bien à ceux que j’aime, à toi surtout qui sens si vivement.
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Je ne vaux rien en ce moment. J’ai une indignation qui me dévore et un dégoût qui m’assassine. […] »
Le 3 août 1871 paraît ds le New York Herald Tribune une interview du Dr Karl Marx, de + en + célèbre et « en ce moment t occupé à accueillir et à aider les Communards échappés ». Il précise le rôle de l’Internationale ds la Commune et surtt ce qu'il aurait fallu faire :⤵️📰 1/
« On a dit et écrit bcp d’absurdités sur les gds projets de révolte tramés par l’Internationale. Il n’y a pas là un mot de vrai. La vérité est que l’Internationale et la Commune ont fonctionné ensemble pdt une certaine période, parce qu’elles combattaient le même ennemi ;
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mais il est tt à fait faux de dire que les chefs de l’insurrection agissaient en vertu des ordres reçus du Comité central de l’Internationale de Londres. Ici nous n’avons rien su de l’attaque faite sur Montmartre le 18 mars, jusqu’à ce que tte la ville
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18 juillet 1871 : le quotidien new-yorkais The World publie un entretien avec Karl Marx. La Commune était-elle un complot de l'Internationale, demande le journaliste? Marx répond avec une finesse dialectique à ces soupçons flatteurs et nie tt centralisme ds l’organisation.⤵️📰 1/
« R : Et l’insurrection de Paris ?
Dr Marx : Je voudrais tt d’abord qu’on me prouve qu’il y a eu complot. Est-il arrivé qqc qui ne fût pas l’effet normal des circonstances du moment ? Ou, à supposer qu’il y ait eu un complot,
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je demande à voir les preuves d’une participation de l’Association internationale.
R : la présence ds la Commune de bien des membres de l’Association.
Dr Marx : Il y eut ensuite également le complot des francs-maçons, car leur participation à l’œuvre en tant qu’individus 📐
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Républicain, procureur à Lyon en 1871, Louis Andrieux participe à la répression de la Commune (qq années + tard, il engendre Louis Aragon mais c’est une autre histoire). Ds ses souvenirs, il raconte une anecdote savoureuse de la mi-juillet 1871 : l’église au drapeau rouge.⤵️🚩 1/
« Bcp + tard, vers le milieu de juillet 1871, et, par csqt, lgtps après le rétablissement de l’ordre, je reçus au parquet la visite d’un vénérable prêtre, curé de la commune de Vaugneray. 2/
Il venait me demander de faire enlever le drapeau rouge qui insultait à la piété et au patriotisme des fidèles sur le clocher de son église.
Je m’étonnai d’apprendre que le "haillon de guerre civile" voisinait avec la croix sur l’église de cette paisible commune.
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Membre et combattant de la Commune, caché à Paris puis exilé en Angleterre, Eugène Pottier rédigea l’incontournable « Internationale », certes, mais aussi la chanson « L’économie politique » (dont il reste à composer la musique…) !⤵️🎶
[🎨 : Morèje] 1/
« De tous les droits que l’homme exerce,
Le plus légitime, au total,
C’est la liberté du commerce,
La liberté du Capital.
La loi ? C’est l’offre et la demande,
Seule morale à professer !
Pourvu qu’on achète et qu’on vende,
Laissez faire, laissez passer !
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Et que rien ne vous épouvante !
Y glissât-il quelque poison,
Si le marchand double sa vente,
Le succès lui donne raison.
Que ce soit morphine ou moutarde,
Truc chimique à manigancer...
C’est l’acheteur que ça regarde,
Laissez faire, laissez passer ! 🌭💉
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Pluie d’été, épidémies parisiennes maîtrisées : c’est ce que prétend la lettre adressée le 14 juillet 1871 par une Eugénie Desnoyers à son époux Charles Mertzdorff...⤵️☔️🩺 1/
« Montmorency
Vendredi 14 Juillet 71
1h
Mon cher Charles,
[…]je n'ai que de bonnes nvelles à te donner. Notre ptt voyage de 10 heures à la capitale s'est t bien passé, malgré un peu de pluie au commencement de la journée pr descendre à Enghien & gagner le Jardin des Plantes.
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Nous y étions à 9h ½ pr le déjeuner [chez Henri Milne-]Edwards ; ns sommes restées avec Aglaé et les autres jusqu'à 1h à travailler. Petit Jean est un peu souffrant de dérangement, mais peu de chose ; M. Dewulf, qu'on avait demandé, a dit que jamais l'état sanitaire de Paris
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Après la Commune, la bataille se livre aussi ds la presse. Marx, régulièrement désigné comme instigateur du soulèvement parisien, s’acharne à répondre systématiquement, via articles, interviews, ou par lettre comme le 13 juillet 1871 au directeur du Morning Advertiser :⤵️📩 1/
« Londres, le 13 juillet 1871
Monsieur,
Dans votre éditorial d'aujourd'hui, vous citez une série de phrases telles que : "Londres, Liverpool et Manchester en effervescence contre le Capital honni", etc. et vous m'en attribuez généreusement la paternité. 😏
2/
Permettez-moi de vs déclarer que ttes les citations sur lesquelles repose votre article, sont de bout en bout des faux. Vs avez sans doute été induit en erreur par les inventions de la police parisienne que l'on fait passer quotidiennement sous mon nom dans les journaux,
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