Thread by @benvtk

Je découvre par hasard le destin bouleversant de Guerman Galdetski, héros à 19 ans, sage à 36.

En 2004, cet étudiant avait mis au jour, à lui tout seul, un gang de violeurs au sein de la police moscovite. Des agents qui contrôlaient les papiers de jeunes femmes dans le métro...

... puis leur laissaient le choix entre être violées "gentiment" dans un appartement ou par dix agents dans un commissariat. Ou tuées. Après avoir vu une simple connaissance se faire embarquer, et l'avoir sauvée, il avait mené l'enquête et trouvé...

besttoday.ru/read/9519.html

...d'autres victimes, recueilli leurs témoignages, poussé plusieurs d'entre elles à porter plainte. Certaines avaient découvert à cette occasion qu'elles avaient été inscrites par les policiers dans un registre de "prostituées", pour atténuer, justement, la force d'un...

... éventuel témoignage. Précaution inutile : le travail de Galdetski a certes reçu une certaine publicité et conduit à des "vérifications", mais rien de plus. Aucune trace des viols, aucun policier violeur identifié.

Malgré cela, d'autres femmes...
newsru.com/russia/22aug20…

... victimes de simples arrestations arbitraires ou d'abus de pouvoir ont commencé à se tourner vers lui. On dirait un roman, mais grâce à son meilleur ami agent de la police des polices, Galdetski, transformé en défenseur des droits de l'homme improvisé, avait obtenu...

...quelques résultats.

Un mois après sa dénonciation des viols, en mars 2004, Guerman Galdetski s'est fait tirer dessus près d'une gare moscovite. Atteint à la tête et aux jambes, il a mis des années à se remettre. Il est resté handicapé et partiellement paralysé.

L'histoire avait eu une forte résonance, puis elle a été peu à peu oubliée ; je ne la connaissais pas. Les tireurs n'ont pas plus été identifiés que les voleurs.

Et Galdetski, pourquoi est-il un sage? Le premier lien que j'ai mis cite quelques rares interviews qu'il a données...

...ces dix dernières années. Il suit un traitement médical en Lituanie, vit avec ses parents, n'a ni vie sociale ni vie professionnelle. Mais il ne regrette rien, évoque ses actions comme autant d'évidences. Il a perdu ses amis mais ne leur en veut pas : "De quoi pourraient-il...

... parler avec moi?"

Dans une itw qu'il a accordée il y a deux ans à MBKh Media, un site que le pouvoir russe a depuis fait fermer, on sent toutefois de l'amertume. Il a 34 ans et dit : "Plutôt que d'aller à l'hôpital en croyant qu'on allait me remettre sur pieds, j'aurais...

... dû ramper jusqu'à la rédaction de Novaïa Gazeta et mourir là, ça aurait été plus utile." Il parle de l'impunité qui entoure son affaire comme tant d'autres : "Il faut bien taper sur l'Ukraine, c'est plus important que de s'occuper de la violence en Russie..."

Voici une autre photo de Guerman Galdetski à 19 ans, l'âge à laquelle sa vie, ou une partie de sa vie, a été fauchée.

Низкий поклон à lui, comme disent les Russes, un salut très très bas.