C'est évidemment une bonne nouvelle, mais il convient de revenir sur les raisons pour lesquelles ce projet de délocalisation a été d'abord porté.
Car comme on dit: déplorer les causes en chérissant les effets, ça ne va pas le faire.
Donc allons chercher les causes. 2/n
Ascoval produit de l'acier décarboné à l'aide de fours électriques. En Allemagne, le groupe produit aussi de l'acier, mais selon la méthode traditionnelle, avec du charbon qui émet énormément de CO2. 3/n
D'ailleurs, si cette usine (construite en 1975) est située en France, dans le Nord, c'est justement parce que l'électricité française est l'une des moins chère d'Europe.
Enfin... ça c'était avant, dans les années 70-80. 4/n
Parce que depuis, avec les réformes européennes du marché de l'électricité, @EDFofficiel est aujourd'hui contraint à vendre son électricité à un tarif basé sur le coût marginal de production électrique d'opérateurs dépendants du pétrole et du gaz. 5/n
Autrement dit, EDF vend son électricité à un prix basé sur les cours du gaz et du pétrole... alors que plus de 95% de sa production électrique se fait sans pétrole grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables (dont l'hydro-électricité). Cela pose de nombreux problèmes. 6/n
Ainsi, il y a quelques mois, EDF vendait à perte et le gouvernement voulait restructurer l'entreprise avec le projet #Hercule. Il faut dire qu'à l'époque le prix du pétrole et de l'électricité s'étaient effondrés. Du coup EDF allait mal. 7/n
Maintenant, c'est l'inverse. Les prix du pétrole, du gaz et de l'électricité explosent. Une aubaine pour EDF qui profite à plein de son parc nucléarisé pour engranger les bénéfices. Mais les tarifs élevés de l'électricité pèsent sur les industriels... 8/n
... qui sont logiquement tentés par des délocalisations ou des systèmes de production moins onéreux et moins écologiques (on utilise des fours à charbons plutôt que des fours électriques). 9/n
Donc déjà première leçon de cette affaire. Ce n'est pas EDF qu'il faut restructurer mais tout le marché européen de l'électricité. Et il faut remettre en cause cette libéralisation qui non seulement n'a pas entrainé la baisse des prix mais qui nuit à nos industriels... 10/n
... et pousse à des modèles productifs moins écologiques.
La seconde leçon à tirer c'est que la nationalité du capital, ça compte. C'est bien parce que le nouvel actionnaire d'Ascoval est allemand (Groupe Saarstahl) qu'il envisage une délocalisation en... Allemagne. 11/n
L'entreprise vient en effet d'être rachetée par cet actionnaire en août dernier et ce projet de délocalisation est l'une des premières mesures d'ampleur qu'il annonce. La coïncidence est troublante... mais pas surprenante. 12/n
Car contrairement à ce que la doxa économique répète à l'envi, les actionnaires ont souvent une nationalité, et le fait qu'une entreprise soit détenue par un actionnaire étranger n'est pas neutre (coucou #Alstom vendu à GE). 13/n
En somme, même si le renoncement de l'actionnaire à ce projet de délocalisation est une bonne nouvelle on attend d'un ministre des finances (coucou @BrunoLeMaire !) un peu plus qu'un tweet satisfait après une négociation secrète dont on connaît mal les contreparties. 14/n
On attend une véritable politique industrielle qui éviterait de vendre notre industrie à des actionnaires étrangers, et on attend surtout du gouvernement qu'il dénonce enfin l'organisation dans laquelle s'est faite la libéralisation européenne du marché de l'électricité. 15/n
Le marché européen de l'électricité nuit à la fois aux ménages et aux entreprises françaises et il nous empêche de profiter des bénéfices d'une production d'électricité décarbonée.
À bon entendeur. 16/16
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Je rappelle que la très grande majorité des 41 opérateurs privés qui vendent de l'électricité aux Français ne produisent pas d'électricité (contrairement à @EDFofficiel).
Ils ne l'acheminent (c'est le boulot de @enedis) et ne gèrent pas le réseau électrique (c'est @rte_france).
Les opérateurs privés achètent leur électricité sur le "marché de gros" européen (très majoritairement carboné) et produisent des factures à leur clients. Ils achètent aussi des certificats verts pour vous vendre une électricité "verte".
Il y a un vrai sujet derrière les pépites dénichées par @FrancoisGeerolf à propos des projets financés par #FranceRelance.
Le sujet c'est la manière dont l’État organise ses interventions économiques en régime néolibéral.
Petit #thread sur cette grande question. C'est parti! ⤵️
Et pour commencer rappelons que le néolibéralisme ce n'est pas l'ultra-libéralisme, ce n'est pas moins, d’État et moins de bureaucratie. C'est L’État au service du marché et de la concurrence.
Dans un régime non néolibéral (la France des années 1950-1960 par exemple) l’État est planificateur. Il intervient directement dans l'économie grâce aux nombreux leviers dont il dispose (prix administrés, entreprises publiques en monopole, subventions ou production directe.)
Bon, les commentaires sous ce tweet m'obligent à faire un petit #fil sur la création monétaire parce que je sens que les choses ne sont pas toujours très claires.
C'est parti! #thread#monnaie#BCE
1. Commençons par une définition. Ce qu'on appelle "création monétaire" est une opération qui consiste à augmenter la masse monétaire détenue par les agents économiques (vous, moi, les entreprises, les administrations publiques...) et qui leur sert à faire des achats.
2. La création monétaire apparaît lors du crédit bancaire. En effet, dans une opération de crédit l'emprunteur se retrouve avec une somme qu'il pourra dépenser à sa guise et qui circulera dans l'économie. Le remboursement de se crédit engendrera une destruction monétaire.
Il y a quand même un problème dans les discours de gauche.
Avant, la gauche, c'était la défense des salariés, des classes populaires, voire des classes moyennes. C'était clair, net, on voyait bien qui elle défendait et à qui elle s'en prenait (les patrons, les riches).
Aujourd'hui la gauche c'est aussi la défense de la planète, la lutte contre le changement climatique, la protection de l'environnement.
Ce sont évidemment de nobles causes, mais elles concernent tout le monde. Elles ne s'adressent pas spécifiquement aux classes populaires.
Le problème c'est qu'en ajoutant une dimension écologique à son projet social, en passant du socialisme à la social-écologie, elle prend le risque de diluer son message et surtout elle donne l'impression que la lutte contre les inégalités passerait en arrière-plan.
2/ Si le droit européen s'impose sur le droit national c'est parce que les Constitutions nationales le permettent, ou plutôt ne s'y opposent pas explicitement.
Ainsi, en France, l'appartenance européenne est inscrite dans la Constitution et cette dernière a été régulièrement modifiée pour éviter toute incompatibilité du texte constitutionnel sur le droit européen.
2/ Si le droit européen s'impose sur droit national ce n'est que parce que les constitutions nationales le permettent, ou plutôt ne s'y opposent pas.
3/ La meilleure preuve de cet état de fait est que l'Union européenne ne parvient pas à imposer à la Pologne et à la Hongrie qu'elles respectent un certain nombre de principes qu'elle défend.