Excellent fil sur le fact-checking auquel je souscris globalement et qui rejoint une observation que j'ai souvent faite au sujet du fact-checking, mais toutefois je ne suis pas entièrement d'accord avec l'analyse de @lorisguemart ou du moins je voudrais aller plus loin ⬇️
D'abord, même si je ne dis pas que ça n'a pas joué un rôle, je ne pense pas que le rôle de Facebook dans le financement du fact-checking soit la principale explication de la focalisation sur les réseaux sociaux, ce que @lorisguemart ne dit pas exactement d'ailleurs.
Je pense que fondamentalement cette focalisation sur les conneries qui circulent sur les réseaux sociaux est un phénomène de classe : le journalisme est un milieu socialement et idéologiquement très homogène, ce qui détermine largement le choix des sujets qui sont traités.
En gros, les journalistes ont les idées des cons diplômés, donc ils n'ont aucun mal à voir que les trucs viraux que relaient les sans-dents sur Facebook sont d'énormes conneries et ça leur plaît de taper dessus, donc c'est ce qu'ils font.
En revanche, il est beaucoup moins probable qu'ils s'en prennent aux nombreuses conneries qui circulent parmi les cons diplômés, d'abord parce que souvent ils y croient eux-mêmes et ensuite parce que c'est beaucoup moins bien vu au sein de leur groupe de s'y attaquer.
Pourtant, dans la plupart des cas, les délires sur les compteurs Linky qui filent le cancer que Jean-Louis relaient sur Facebook font généralement bien moins de dégâts que les conneries que propagent à longueur de temps les cons diplômés sur l'immigration, la pandémie, etc.
Ils font généralement moins de dégâts parce que, contrairement à Jean-Louis qui n'a à peu près aucune influence sur la prise de décision publique, les cons diplômés jouent un rôle important dans celle-ci compte tenu de leur présence dans les médias, les administrations, etc.
Ce qui m'amène à un autre point sur lequel je pense que l'analyse de @lorisguemart mérite d'être élargie : le problème est loin de se limiter, et je dirais même que ce n'est pas le principal, au fait que les déclarations des gens au pouvoir sont moins souvent passées au crible.
C'est vrai qu'il parle des "pouvoirs" (au pluriel donc), mais il se concentre sur le pouvoir politique, à travers le cas du mensonge (car c'était évidemment un mensonge et pas une simple erreur) de Véran. Or c'est loin d'être le cas le plus important selon moi.
En effet, je pense que les principaux pourvoyeurs de fausses informations (du moins en termes d'impact concret), ce ne sont pas tant les gens au pouvoir que les journalistes, universitaires, etc. qui racontent n'importe quoi, soit par malhonnêteté soit par incompétence.
Mais ces fausses informations-là, contrairement aux délires de Jean-Louis sur Facebook, s'attirent bien moins souvent les foudres des services de fact-checking, qui au contraire contribuent souvent eux-mêmes à les diffuser pour plusieurs raisons.
D'une part, les journalistes ne sont pas compétents pour juger les travaux universitaires, mais ils ont un grand respect de l'autorité que confèrent les titres universitaires, d'où par exemple le crédit qu'ils accordent à des charlatans comme les guignols de l'Institut Pasteur.
Ensuite, les élites universitaires sont socialement et idéologiquement très proches des journalistes, donc ils font partie de leur "in-group". Par conséquent, non seulement ils sont en général spontanément d'accord avec eux, mais en plus ce serait mal vu de leur taper dessus.
Les sans-dents qui relaient des conneries sur Facebook, en revanche, font partie de leur "out-group". Pour les journalistes, ce sont des beaufs racistes et stupides, donc non seulement ça ne coûte rien de leur taper dessus mais c'est même une source de "dividende social".
Bref, je grossis un peu le trait pour que ce soit clair (encore que pas tant que ça à mon avis), mais je pense que le problème est bien plus profond que ce qu'on pourrait penser en lisant le fil de @lorisguemart, qui encore une fois est par ailleurs excellent.
P. S. J'ajoute que je suis aussi d'accord avec lui que @CheckNewsfr est, de très loin, le service de fact-checking qui évite le mieux ces écueils et qui est le plus intellectuellement honnête. La plupart des autres ne sont pas seulement incompétents mais profondément malhonnêtes.
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Article by @akarlin0 making the case that Russia will almost certainly invade Ukraine. I agree 1-4 are good reasons to believe that, but I think he underestimates the cost and I'm still inclined to think it won't happen, but very interesting nonetheless. akarlin.substack.com/p/regathering-…
When discussing reason #4, he draws a lot on this article published by Putin last July, which I had missed. I think it's more ambiguous than @akarlin0 makes it out to be, but it's still a very interesting window into the official Russian ideology. en.kremlin.ru/events/preside…
Again, I think all of 1-4 are good reasons to believe that Russia will invade, but for me it's 2 that moved the needle the most. The fact that Russia published a list of demands that it must have known the US would never accept is hard to explain if it's not planning to invade.
One of my hot takes, which comes from reading @RCAFDM's work on the determinants of health care spending, is that socialized medicine is good actually because it's the best way to ration health care and stop people from spending fortunes on it for small marginal returns.
This is another good sign after Lavrov's statement yesterday about how he believed there was still a chance to find a diplomatic way forward. I continue to think Russia will not invade, but I guess we'll see.
I'm sure that some people will argue that the Russians are just trying to make us think they are backing down before attacking, but to me this kind of dance really sounds like their trying to sell de-escalation to the Russian public. reuters.com/world/europe/r…
In the interest of full disclosure though, I should tell you that I have $600 on the line that Russia will not invade (a bet I made with @rfitz77 before Russia made public its list of demands on December 17, which really surprised me), so this may just be wishful thinking.
This is why prison is good actually and why you should favor long sentences for violent crimes: not because it reforms offenders, but because it incapacitates them.
By the way, the stupidity of Italian lawmakers has been a great provider of natural experiments on the effects of incarceration. Another collective pardon has also been used to support the hypothesis that incarceration had a deterrent effect on crime. journals.uchicago.edu/doi/abs/10.108…
Ça ne fait même aucun doute. D'après les papiers que j'ai vu passer, le fait d'être immunodéprimé augmente le risque d'un facteur de 2 ou 3, donc concrètement beaucoup de ces gens ne risquent pas grand-chose et ils s'empêchent de vivre à cause de l'hystérie zéro-covidiste.
Par exemple, ce papier dont a parlé @BallouxFrancois il y a quelques jours a trouvé que le fait d'être immunodéficient n'était pas associé à un risque de forme grave plus important chez les enfants. sciencedirect.com/science/articl…
En réalité, c'est sans doute un facteur de risque, mais le taux de base est si faible chez les enfants que cette étude n'avait probablement pas une puissance statistique suffisante pour détecter l'effet même s'il existe.
I think people who find that weird just don’t appreciate how much sway authority has over midwits. They really don’t care how nonsensical the argument is: as long as they consider the person or institution making it authoritative on the topic, they will accept the conclusion.
I already knew that before, but the pandemic really impressed that on me. Many people simply cannot comprehend that someone with no relevant credentials might be right against someone who they think has them, regardless of how clear it is that they are in fact right.
What’s funny is that, in many cases, the people they consider authoritative on a topic don’t actually have relevant expertise in virtue of their credentials (think about how people trust physicians to opine on epidemic modeling), but it doesn’t matter. What matters is perception.