Aloooors, je sens qu'on va avoir besoin d'historiens. Beaucoup d'historiens. Construction de l'URSS, histoire régionale, chute de l'URSS. Quelques noms:
Sabine Dullin, sciencespo.fr/histoire/fr/ch… Livre récent: L'ironie du destin. Une histoire des Russes et de leur empire. 🧶
Masha Cerovic, @MCerovic20 , cercec.fr/membre/masha-c… . Spécialiste notamment du front germano-soviétique et des partisans dans la guerre. Pour décoder ce qui se joue pendant la deuxième guerre mondiale. ➡️
Et la population russe face à tout ça?
Je sais, la question est un peu décalée dans la sidération de ce soir. Mais on n'a jamais trop de mise en contexte, surtout à un moment comme celui-ci.
Et, perso, ça m'aide à traverser l'horreur qui me saisit.
Fil. 🧶 1/22
Il y a deux erreurs que l'on peut faire. La première est vieille comme la kremlinologie: c'est de voir dans la population russe une masse inerte, soit indifférente, soit soumise au chef. Du Kremlin au peuple, il n'y aurait qu'une verticale de répression ou d'embrigadement. 2/22
La deuxième est vieille comme la chute du mur de Berlin: c'est d'imaginer la société pleine de forces vives opposées au pouvoir, mais opprimées et écrasées. Si l'oppression disparaît, le peuple se tournera vers la liberté, la paix et les valeurs démocratiques. 3/22
Je repense à ma visite au musée de l'arme nucléaire à Pervomaisk, au sud de l'Ukraine, en juillet 2013. Une ancienne base de lancement des missiles nucléaires, reconvertie en musée suite à l'abandon volontaire par l'Ukraine de l'arme nucléaire en 1994. Petit 🧶 1/12
Tous mes abonnés ne sont pas familiers de l'Ukraine, alors un rappel. A la dissolution de l'URSS en 1991, l'Ukraine se retrouve être la 3e (!) puissance nucléaire mondiale en termes de nombres d'ogives. Elle a des sites de stockage, des bases de lancement, des militaires. 2/12
L'abandon unilatéral de l'arme nucléaire par l'Ukraine est entériné par le mémorandum de Budapest en 1994. En deux ans, les ogives sont rapatriées en Russie. En 1996, l'Ukraine ne dispose plus de l'arme nucléaire. Une des bases militaires est reconvertie en musée. 3/12
Le répertoire de l'escalade.
N'étant pas sur place, je ne suis pas la mieux placée pour expliquer à chaud ce qui se passe actuellement dans le Donbass (suivre @Paugog sur le terrain). Mais nous sommes dans une mise en scène dont les ressorts sont repérables. Fil. 🧶1/20
Tout d'abord: en disant "mise en scène", je ne nie pas du tout la souffrance des habitants, ni les tirs bien réels d'artillerie, ni les destructions. Au contraire. L'engrenage est bien réel et dramatique, mais son carburant est l'usage d'un répertoire de la peur. 2/20
Dans ce répertoire: les civils fuyant en panique; les enfants cibles, l'attaque chimique. Et possiblement bientôt la catastrophe écologique et le génocide.
Le public? Les locaux d'abord, qui doivent accepter de jouer le jeu; puis l'opinion russe; et enfin vous et moi. 3/20
Allez, dernier fil de la semaine (avant un retour aux cours, oraux d'examen et articles à écrire).
Dans ma mission auto-attribuée de lampe-torche des angles morts, je ne pouvais éviter de dire quelques mots des républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk.
🧶 1/18
Le retour des accords de Minsk dans la discussion, la volonté française de réhabiliter le format Normandie justifient qu'on s'y attarde un peu.
Je ne suis pas diplomate professionnelle, ni spécialiste de sortie de conflit, ce sont des remarques de sociologue et de politiste 2/18
Lorsque les accords de Minsk 2 sont signés, nous sommes en février 2015. La guerre est intense, elle dure depuis un peu moins d'un an. Une partie de la population a fui le Donbass. Les gouvernements autoproclamés sont des chefs de guerre téléguidés depuis Moscou. 3/18
OK, besoin d'un petit éclairage.
Pas sur Macron/Poutine, mais sur le contexte social derrière ce décomplexé "Que ça te plaise ou non, ma jolie, faudra supporter", lâché par Poutine en conférence de presse.
Voici un fil sur la violence ordinaire dans la société russe. 🧶 1/14
Notre indignation face à cette phrase est nourrie d'une sensibilité à la violence, et notamment à la violence faite aux femmes. Le président russe ne parle pas depuis le même contexte, pour lui cette phrase décrit de manière réaliste "les choses telles qu'elles sont". 2/14
Alors, comment sont-elles?
La Russie contemporaine est un pays où chaque génération a vécu des épisodes d'une immense violence. Servage, révolution, répressions staliniennes, 2e guerre mondiale, Afgha, années 1990, Tchétchénie. Ca, c'est quelques cataclysmes historiques. 3/14
Parce que c'est Twitter, je me permets. Je n'écrirai jamais ça dans un article. Ce sera donc mon fil "café du commerce".
La métaphore qui me semble décrire le mieux la situation de l'Ukraine n'est même pas celle de l'otage, mais celle de la victime de violence domestique. 🧶 1/9
La perception de l'Ukraine comme "appartenant" à la Russie, comme biologiquement rattachée à la Russie, je l'ai lue pour la première fois aussi explicitement formulée en 2013, chez Zakhar Prilepine, écrivain à l'époque, viré paramilitaire et ami des républiques séparatistes 2/9
Le texte n'a plus l'air d'être disponible sur Internet, mais on y lisait, sous une forme extrêmement crue, le discours suivant: "toi, Ukraine, tu es une putain. Tu t'es laissée draguer par l'Europe. Elle est belle, l'Europe, elle sent bon, mais elle n'est pas pour toi. 3/9