Thread by @laranquette

Je me suis un peu agacée à l'écoute de l'analyse de la situation sur les engrais par @virginie_garin

https://twitter.com/laranquette/status/1503127802475917317?s=20&t=QNp_icRLicXqqLWjge6uTA

c'est l'occasion de faire un nouveau #ThreadAgri pour expliquer mieux mon propos ...viens chéri on va débunker un peu #FrAgTw

Avant toute chose je voudrais rappler que les engrais ne sont pas utilisés juste pour le plaisir par nos agris. Il y a un réel intérêt à le faire (que je détaillerais plus loin) . Voici la courbe du rendement de blé moyen en France🇫🇷 (Source : institut français de l’éducation)

A l’observation de cette courbe vous verrez que les rendements ont très nettement augmenté dans l'après guerre ... Période où l'utilisation des engrais minéraux s'est démocratisée (même si ce n'est pas le seul facteur c'est le plus important).

J'en profite pour vous glisser cette petite archive qui explique assez bien qu'en 1876 notre production de blé couvrait tout juste les besoins de notre population de l'époque 38 millions d'habitants (on est un peu + aujourd'hui) numdam.org/article/JSFS_1…

Mais que c'est 'il passé historiquement pour que l'on commence à utiliser des engrais ? depuis le début de l'agriculture, l'effet de certains fertilisants est connu et utilisé c'est le cas des fumiers, cendres (écobuage) mais ce n'est que bien plus tard que l'on a compris

Dès 1850, les 3 principes essentiels fertilisants : azote,phosphore et potassium – sont bien connus En Europe, on emploie comme engrais :
les os et des « noirs » de raffinerie, pour les phosphates ;
les cendres de varech et de tourbe pour la potasse ;

le guano du Pérou, produit naturel (phosphates des
fientes d’oiseaux, à genèse complexe), amené en
Europe par bateau, dès 1840 ; les nitrates du Chili quelques années plus tard ;les phosphates sédimentaires,broyés et vendus tels quel jusqu'au milieu du XXe siècle.

Les nitrates du nord du Chili, la source essentielle des engrais azotés vont disparaitre suite à l'arrivée des nitrates de synthèse, en 1917. Le procédé Bayer permet, grâce à l’apport d’hydrogène et d’énergie, de fixer l’azote de l’air sous forme d’ammoniac.

à partir duquel on peut produire divers engrais dont le nitrate d’ammoniaque et l’urée. Vous trouverez ➕d’éléments ici geosoc.fr/metiers-format…

Mais du coup pourquoi utiliser ces engrais de synthèse ? petit rappel il y a de l'azote partout (air sol) mais sous différentes formes ...et oui nous allons devoir faire un peu de chimie ! la forme qui nous intéresse est l'azote minéral ou (NO3-).

Le nitrate (NO3-) est facilement absorbé par les plantes et est directement disponible. Il est mobile dans le sol et atteint rapidement la racine des plantes. L'apport d'azote sous forme d'ammonitrate constitue ainsi une source d'azote directement assimilable.

C'est donc sous cette forme qu'une fertilisation est la plus efficiente. cette fertilisation vient combler des besoins propre à chaque culture:

Le besoin d'une culture correspond à la quantité de l'élément nutritif nécessaire et suffisante pour atteindre un objectif de production défini par le rendement et la qualité recherchée pour cette production (teneur en sucre, en huile ou en protéines). (COMIFER.2005)

Voici les besoins du blé par exemple:

Alors bien sûr le sol fabrique seul de l'azote qui servirait à une culture, c'est la minéralisation. Le prélèvement de l'azote du sol par les plantes dépend en partie de sa disponibilité et des besoins de la plante en cet élément.

Et c'est là où le bas blesse: la minéralisation n'est pas synchronisée avec les besoins des cultures principales! c'est pour cette raison que l'on fertilise au printemps, pour compenser vite et le mieux possible les besoin de la culture.

Alors vous me direz ok on a compris pourquoi et quand mais le fumier ne servirait t'il pas à remplacer l'azote minéral ? (c'est un peu ce qui est avancé).. c'est encore une fois plus complexe qu'il n'y parait! …-pas-de-calais.chambre-agriculture.fr/fileadmin/user…

En gros les effluents d'élevage sont très variables et la quantité d'azote contenue aussi. ce qui peut souvent pêcher c'est le temps pour que l'Azote du fumier soit assimilable pour la plante (merci les sols et leurs micro organismes).

La valorisation va dépendre: du type de sol, de la température, de l'humidité, de la Matière organique déjà présente dans le sol ... c'est donc complexe, aléatoire et pas toujours optimal (cf les rendements avant 1950) même si depuis on maitrise mieux la fertilisation organique.

Autre problématique avec la fumure organique c'est la quantité, les éleveurs s'en servent aussi, la répartition sur le territoire avec de l'élevage pas toujours à proximité des bassins de cultures .... du transport car il faut + d'effluent que de quantité d'engrais minéral.

Et les légumineuses alors, ben oui on en parle comme d'une solution. c'est sûr que les légumineuses ont cette faculté de capter l'azote atmosphérique pour se nourrir et sont moins dépendantes des engrais.

Les légumineuses ont un réel intérêt donc en terme de consommation d'azote mais en terme de consommation tout court c'est plus compliqué, notamment pour faire du pain, des pâtes ... et la base de notre alimentation est basée sur le blé 😋

Attention, je ne dis pas de ne pas en cultiver hein (je vois déjà les shameurs arriver), je dis juste que certaines cultures ne sont pas substituables ! les légumineuses ont d'autre intérêts agronomiques et nutritionnels

les légumineuses sont de plus en plus cultivées en France, la PAC les encourage, elles aident à diminuer la dépendance au soja. Mais elles sont sont pas toutes cultivables partout, et les rendements sont aussi aléatoires. (et on aura pas assez de graines pour 2023...)

J'espère avoir pu vous éclairer un peu même si j'ai du écourter car il y a tant à dire. Ce fil va s'enrichir je n'en doute pas je fais confiance à mes twitwi ! Et n'hésitez pas à poser vos questions! #end