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Mar 16 25 tweets 5 min read
Un long #thread pour vous parler du grand fiasco de la stratégie énergétique européenne en cours et à venir. On va parler #gaz, sécurité énergétique et destin tragique de l’Allemagne.
Commençons par le gaz. Depuis le 15 mars (après 20 jours de tensions 🇪🇺-🇷🇺 dues à l’invasion de l’🇺🇦), rien ne semble changer : le gaz russe est pompé pour l'exportation, l'Europe continue de le consommer sans aucune restriction. Jusqu’ici tout va bien diront certains…
mais en réalité les inquiétudes portées sur la sécurité énergétique 🇪🇺 ont de quoi être fondées : D’abord, le gisement de gaz Groningen aux 🇳🇱 fermera cet été. Découvert en 1959, il est considéré comme un des + grands gisements de gaz du monde avec 2800 Mds de m3 de gaz en place.
75% du gaz de Groningen a déjà été produit à l’heure actuelle. 93% de la population néerlandaise, une grande partie des consommateurs résidentiels en Allemagne de l'Ouest, en Belgique et dans le nord de la France cuisinent et se chauffent encore avec ce gaz.
Néanmoins, en 2018, le gouvernement néerlandais a cédé aux protestations locales liées aux problèmes d'affaissement/séismes et a accepté de fermer définitivement le champ gazier en 2022. Vu le contexte actuel, les habitants serrent les fesses et se tâtent finalement à protester…
On estime que la fermeture prématurée de Groningen laissera au moins 450 Mds de m3 de gaz dans le sol, soit environ la valeur annuelle de la demande de gaz dans l'UE et au Royaume-Uni.
Même si tout le gaz importé en 🇪🇺 (GNL compris) devenait soudainement indisponible, le gaz résiduel de Groningen aurait été théoriquement suffisant pour satisfaire pleinement la demande de l'UE et traverser la crise énergétique actuelle.
Une fois qu'un gisement de gaz aussi ancien et immense ferme boutique, après un certain laps de temps, il serait quasi impossible de remettre ses puits de production en fonctionnement. Espérons que les 🇳🇱 réfléchissent sérieusement à la question.
En parallèle, l'activité de stockage de gaz est en stagnation depuis environ 5 ans, principalement en raison de la croissance de l'activité GNL et de la surabondance de GNL qui en résulte sur les marchés mondiaux.
Les niveaux actuels de stockage souterrain de gaz sont au plus bas depuis 2015. Vraisemblablement, en raison de la hausse des prix du gaz l'année dernière, les opérateurs européens ont décidé de ne pas réapprovisionner leurs stockages souterrains aux niveaux maximum.
Mais en 2022, les gestionnaires de réseau de transport européens seront contraints par les régulateurs nationaux de remplir leurs stockages souterrains de gaz (vides) pour des prix astronomiques qui auront des répercussions durables sur les marchés de consommation.
Les prix du gaz ont commencé à augmenter un an avant l'escalade de la crise ukrainienne, les pics des matières premières fossiles sont devenus plus nets et plus intenses avec les événements récents en Ukraine basés uniquement sur la peur psychologique.
Mais physiquement, le gaz russe continue de circuler à la fois par Nord Stream 1 et par les pipes à travers l’🇺🇦. Cependant, en cas de réduction soudaine des approvisionnements en gaz russe, l'UE pourrait être confrontée au dilemme de geler l'hiver prochain…
… ou de revenir sur sa décision précédente : Paradoxalement, l'UE pourrait être celle qui poussera désespérément à la réactivation du gazoduc Nord Stream 2, notamment si le système de transport de gaz ukrainien est endommagé au cours de la guerre.
Il n'a jamais été défini de stratégie sur la manière de sécuriser l'approvisionnement en gaz 🇪🇺. La + grande erreur des décideurs politiques a été de considérer le gaz comme un sous-produit de l'économie fossile pouvant être toléré jq'à ce que les objectifs de TE soient atteints.
L'Allemagne n'a toujours pas de terminal GNL en partie à cause de la réticence des riverains et des gouvernements. Il n'aura fallu qu'un seul épisode d'altercations réelles avec son principal fournisseur de gaz pour "accélérer" dans la hâte la décision d’en construire.
Malheureusement, il est un peu trop tard pour que l'Allemagne étende ses capacités de GNL. L'ensemble du marché européen entre déjà dans une concurrence sévère avec les clients asiatiques.
Il y a une illusion croissante que des acteurs tels que le Qatar ou l'Azerbaïdjan peuvent pleinement satisfaire les besoins de l'UE en GNL, alors qu'en réalité ces pays sont situés dans des régions géopolitiquement tendues et sont eux-mêmes exposés à d'énormes risques externes.
Même si de nombreux terminaux GNL en 🇪🇸, en 🇫🇷 et en 🇮🇹 ont réussi à sécuriser le GNL à prix d'or, certaines sections des réseaux de transport de l'UE devront être inversées, le gaz devra traverser plusieurs longs réseaux nationaux et arrivera aux allemands au tarif premium.
L'économie allemande était très insensible à toutes les crises financières récentes, ses produits et services sont restés compétitifs grâce à des matières premières accessibles et abordables en provenance de 🇷🇺, des 🇳🇱 et de l'énergie nucléaire bon marché en provenance de 🇫🇷.
Avec la fin imminente du champ gazier de Groningen, le retrait probable du réseau 🇫🇷 du marché européen de l'électricité et, surtout, la disparition brutale du gaz bon marché et fiable de 🇷🇺, tout cela pourrait porter un coup sans précédent à la plus grande économie d'Europe (🇩🇪)
Ajoutez à cela le greenwashing autour des ENR, avec une nette surestimation de l'autosuffisance technique et financière des projets solaires et éoliens, sous-estimant la valeur des infrastructures critiques telles que les centrales nucléaires et les infrastructures gazières…
… et vous obtenez un délicieux cocktail explosif ! 🤯

Alors quelques questions pour finir :
Sommes-nous prêts à supposer qu'il n'y aura pas d'alternative domestique au gaz 🇷🇺, au gaz de schiste 🇺🇸 et au GNL ?
Doit-on continuer de bannir la fracturation hydraulique et ainsi nous interdire de produire nos ressources non-conventionnelles ?

Doit-on continuer à dépendre des puissances extérieures pour notre sécurité énergétique ?
Je m’arrête là pour aujourd’hui. Bien que j’aurais aimé tartiner un peu plus sur le fiasco des ENR… Cela mériterait un autre thread !
Merci à ceux qui sont allé jusqu’au bout de celui-ci !
Et merci à mon collègue Yeszhan source de ces réflexions 😉

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Feb 3, 2021
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Ce que les géologues pétroliers scrutent toute la journée sur les lignes sismiques : on l’a sous les yeux ici. C'est parti⬇️
Avant les Alpes il y avait l’océan Téthys (et oui sinon pourquoi autant de calcaire dans les Alpes ?). La croûte terrestre s’étirait, créant l’expansion du domaine océanique. Quand on étire une croûte « cassante », on forme des blocs basculés qui glissent comme des dominos. 1/12
Ces blocs de socle qui basculent contre les failles, aussi appelés demi-grabens, vont être coiffés de dépôts sédimentaires (sables/calcaires) qui remplissent les dépressions (en rose sur le schéma ci-dessus). Ce sont ces dépôts qui font d'excellents pièges à pétrole/gaz. 2/12
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Feb 1, 2021
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