Depuis 4 jours le procès d'un commando néo-nazi qui a essayé de tuer deux adolescents, le soir de l'élection présidentielle de 2017 est éprouvant. En pleine réquisition, la procureure s'interrompt, regarde les victimes, et tient à «s'excuser, au nom de la justice».
S'excuser pour l'enquête catastrophique. Cela n'arrive quasiment jamais. Mais le travail de la police est tellement honteux, de façon tellement flagrante, qu'elle s'excuse. Explications :
Cela commence le soir de l'attaque. Il est environ minuit et demi. Erwan est très gravement blessé, il gît dans une mare de sang, entre la vie et la mort. Son ami Steven, moins gravement touché, appelle les secours. Un premier appel au standard de la police est enregistré.
«Nous allons dépêcher une voiture» annonce un agent. Le véhicule ne viendra jamais. En revanche, les pompiers arrivent, prennent en charge Erwan, préviennent à leur tour la police qu'un homme est dans un état grave.
À nouveau, un agent dit qu'une voiture va être dépêchée. Elle ne viendra jamais. D'autres témoins ont passé des appels, avec le même résultat. Il y avait pourtant des centaines de policiers dans toute la ville ce soir là pour réprimer la manifestation.
Une équipe de police ne se déplacera que vers 4h du matin au CHU, mais repartira aussitôt car Erwan est dans le coma. Lors du procès, la présidente demande à la commissaire chargée de l'enquête pourquoi le 17 n'est jamais intervenu pas malgré les appels. Elle «ne sait pas».
Malgré cette tentative d'homicide, aucun enquêteur, ni aucun policier ne se déplacera jamais sur les lieux. Un témoin qui a porté les premiers secours explique que des tessons de verre et une bouteille de bière, utilisés pour frapper, sont par terre, à côté de la flaque de sang.
Il précise que ces éléments ne seront pas récupérés ni même nettoyés pendant plusieurs jours. Les constatations réglementaires les plus basiques ne seront jamais faites. C'est la mère d'Erwan qui ramassera des éléments de preuves.
Alors que son fils est dans le coma, elle récolte elle-même les indices sur les lieux, et insiste au commissariat pour qu'ils soient pris en compte. Elle leur décrit la scène rapportée par les témoins, raconte que l'agression n'a été stoppée que par un automobiliste.
Les vêtements ensanglantés d'Erwan sont aussi remis à la police. La sœur d'Erwan prend des photos de son frère blessé, lance un appel à témoin sur Facebook. Tout le travail qui aurait dû être fait par les enquêteurs est réalisé par la famille de la victime.
Un des agresseurs, Tanguy Martin, est finalement identifié par l'ADN sur une bouteille. En garde à vue, il balance ses complices. Au procès, la présidente insiste : elle fait dire à l'enquêtrice que ce qui a été déterminant ce sont les éléments amenés par la mère de la victime.
Sans elle, il n'y aurait jamais eu d'affaire, jamais d'enquête, jamais de responsables. À l'époque, les forces de l'ordre évoquaient un probable règlement de compte de quartier. La policière acquiesce.
Il y aura des perquisitions. Mais à minima. La présidente s'étonne que la saisie des ordinateurs n'ait jamais été diligentée.
Sont récupérés des tracts du GUD, différents autocollants racistes et fascistes, une matraque télescopique, un poing américain, et un tableau avec une croix gammée et des slogans nazis. Il n'y a pas d'enquête sur les téléphones et les ordinateurs, ils se seront jamais analysés.
Par contre, les policiers demandent des actes sur les téléphones des victimes et la sœur d'Erwan. Les victimes sont donc traitées comme des accusés, et les agresseurs épargnés. Plus grave encore, des pièces à conviction sont détruites sur ordre du parquet pendant l'instruction.
Autant d'éléments extrêmement troublants : fallait-il mieux ne pas trop fouiller ? Qu'y avait-il à découvrir ?
Lorsqu'elle est interrogée au procès, la commissaire est gênée, elle répond souvent «je ne me souviens plus».
C'est pourtant elle qui a mené l'enquête sur cette affaire criminelle et médiatique. Elle savait avant le procès qu'elle allait être interrogée, elle avait les PV, les éléments.
Ne «pas se rappeler» ressemble à une entrave. Par exemple, la fonctionnaire ne se rappelle même pas d'éléments marquants comme des croix gammées saisies lors des perquisitions.
Confusion. Lors du procès, la policière dit ne pas savoir ce qu'est le GUD. Durant l'enquête, la juge d'instruction avait demandé aux enquêteurs de répondre à un certain nombre de questions, notamment «qu'est ce que le GUD Bretagne ?».
Au vu du dossier, la présidente s'étonne du peu de réponse apportée par les enquêteurs. La commissaire a-t-elle fait des recherches, demande la juge ? «Oui, sur internet». «Vous n'avez pas demandé aux services de renseignements, vos collègues ?» lui demande-t-elle. «Non».
Pour l'enquêtrice, le GUD s'est créé pour s'en prendre aux «casseurs» et à la mouvance «anarcho-libertaire». Si cette policière qualifie avec des mots très précis les mouvements sociaux, à aucun moment elle ne décrit le GUD pour ce qu'il est : un mouvement néo-nazi.
Une affaire dans l'affaire a été étouffée. La copine d'un des néo-nazis a appelé Erwan alors qu'il était sur son lit d’hôpital pour l'intimider et le forcer à retirer sa plainte. Nous ne saurons pas comment elle a obtenu le numéro personnel de la victime.
La juge demande à l'enquêtrice des précisions. Elle «ne s'en souvient pas trop» mais estime : «ça a été houleux entre les deux». Et cette militante qui a menacé la victime «a-t-elle été inquiétée ?». Réponse : «je ne sais plus».
Cette militante d'extrême droite avait bien été poursuivie, car Erwan avait enregistré les menaces. Elle avait été reconnue coupable par la justice, mais «dispensée de peine» à la demande du procureur, pour une raison mystérieuse.
Enquête menée par la famille, absence de secours sur place, destruction de preuves, obstruction à la vérité, impunité, absence de recherches sur le GUD. La liste est longue.
S'agissait-il de ne pas en dévoiler trop sur ce groupe, et plus généralement sur les réseaux de l'extrême droite nantaise qui agit depuis des années ? Les éléments révélés au procès sont graves. Fallait-il éviter de découvrir les liens et soutiens potentiels des agresseurs ?
La question est ouverte. La différence avec l'acharnement judiciaire et les moyens policiers contre les mobilisations sociales ou écologistes est saisissante.
En guise de conclusion, cette question de la juge : «Est-ce que selon vous l'enquête a été défaillante ?» Réponse : «Tout à fait. J'entends.»
Épilogue : hier, les jurés ont délibéré pendant de longues heures. Le verdict est tombé tard, vers 23H. Autour et dans le tribunal, des policiers. Une compagnie d'intervention, plusieurs équipes de BAC. La police avait assuré aux prévenus et leurs proches qu'ils seraient protégés
La tension était très forte, dans ce tribunal éteint et vide, rempli d'uniformes. Ambiance crépusculaire. Deux prévenus, ceux qui ont tabassé Erwan au sol, ont été condamnés à de la prison ferme par les jurés. Les deux autres à du sursis. En cas d'appel, un autre procès aura lieu
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
🤥 ÉVASION FISCALE DE MCKINSEY : MACRON SE MOQUE DE VOUS
➡️ #McKinsey, entreprise privée américaine, a empoché des millions d'euros d'argent public pour «conseiller» le gouvernement «sur la stratégie vaccinale», la réforme des retraites ou de l'enseignement. #McKinseyGate
Et en plus, cette multinationale gavée d'argent public n'a pas payé d’impôt sur les sociétés pendant dix ans : elle organise un système de fraude fiscale en logeant son siège social dans l’État du Delaware aux USA.
On en parlait ici hier : nantes-revoltee.com/%f0%9f%92%b0-c…
➡️ Face à la polémique, ce vendredi dans le journal Le Monde, le président Macron s'est déclaré «choqué» de cette fraude fiscale pratiquée par le cabinet McKinsey. Il a ajouté : «Je veux que toute multinationale paie des impôts là où elle travaille».
Comment la police a, au mieux, fait obstruction à l'enquête puisqu les victimes étaient considérées comme "liées à Nantes Révoltée" ou "aux antifas". Couvrant de fait un commando néo nazi.
Oui c'est grave. Et c'est une procureure qui le reconnaît.
L'audition de la commissaire en charge de l'enquête, mardi, a été accablante. Pas d'enquête, pas de saisie de matériel informatique. Et même accusation des victimes ! La police a, tout du long, tout fait pour protéger le commando. Nous y reviendront.
Tout commence dans votre appartement, juste avant d'aller en manif. Choisissez deux objets à emmener dans votre sac à dos – lunettes de piscine, bombe de peinture, foulard –, un itinéraire, et c'est parti : direction, le cortège.
Selon les choix que vous ferez, et là où le hasard vous emmènera, vous pouvez être amené au cœur d'une émeute, derrière un camion syndical, dans un fourgon de police ou au milieu d'une charge.
Séquence émotion ce matin, au procès du commando néo-nazi qui a essayé de tuer des adolescents, le soir de l'élection de Macron en 2017 à Nantes. Une jeune femme, qui se présente comme l'épouse d'un des agresseurs, demande de témoigner. Elle arrive à la barre.
Elle a rencontré son mari, Matthieu Gaultier de la Richerie, lors de séminaires catholiques et de pèlerinages. Elle part dans une longue explication : "il est intègre et juste, il déteste la violence. Sa passion c'est sa famille". D'ailleurs "il aime boire de la bière artisanale"
"Mais seulement pour un plaisir purement gustatif", pas pour se saouler. C'est un bon chrétien. Il n'a pas dû lire l'évangile pour cogner un adolescent en bande jusqu'à le laisser agonisant sur l'asphalte. Elle insiste : "il a abandonné le militantisme", "il n'allait pas bien"
PROPOS RACISTES DE DOUANIERS FRANÇAIS À DES ENFANTS UKRAINIENS : XÉNOPHOBIE D’ÉTAT AU QUOTIDIEN
– "Ça fait 25 ans que je fais ça" –
Les images sont filmées par un passager du TGV inOui qui relie Barcelone à Paris, dimanche 20 mars.
En gare de Perpignan le train, qui transporte plusieurs familles de réfugiés ukrainiens en transit, est le théâtre d'actes racistes commis par des agents de la douane. La vidéo a été publiée par le journal Le Parisien.
Faute de place dans le train, cinq mineurs ukrainiens ont été installés par les contrôleurs espagnols dans une autre voiture que le reste de leur famille. Mais en France, autre ambiance.
LIBERTÉ POUR LIBRE FLOT, MILITANT EMPRISONNÉ, EN GRÈVE DE LA FAIM DEPUIS UN MOIS !
Incarcéré depuis 2020 pour «association de malfaiteurs terroriste» avec un dossier vide, #LibreFlot (pseudo) rejette cette accusation et a entamé une grève de la faim depuis quasiment un mois.
Le 8 décembre 2020, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) arrêtait neuf personnes dans toute la France.
En avril 2020, le parquet national antiterroriste avait ouvert une information judiciaire visant un groupe «d’ultragauche» soupçonné de «projeter une action violente» contre les forces de l’ordre.