M. D. est bûcheron mais maintenant on dit "abatteur manuel".
Il travaille sur le chantier d'une future ligne électrique pour un sous-traitant d'une grand électricien.
Son boulot consiste à dégager une bande 5 mètres autour du tracé de la ligne électrique dans les zones où le relief ne permet pas de faire venir des machines.
Il faut abattre les arbres, ébrancher, tronçonner puis déplacer manuellement les billes de bois et ramasser les branches.
Nous sommes le mardi 17 août 2021, la journée commence à 6 heures par un briefing.
Vers 8 heures, M. D. et deux collègues ont rejoint les site de coupe, en voiture puis à pieds, et se mettent à l’œuvre.
Midi. Pause déjeuner d'une heure.
M. D. est visiblement fatigué et boit beaucoup d'eau.
Vers 14h, le responsable du chantier constate qu'il fait près de 30°C au campement.
Après avoir consulté le conseiller santé-sécurité, il estime qu'il n'a pas l'autorité pour arrêter le travail. Il passe quand même un appel radio rappelant les consignes en cas de #chaleur.
En conséquence, M. D. et ses deux collègues diminuent le rythme : jusqu'à 16h, ils travaillent 15 minutes par heure.
A 16h, ils font une longue pause puis nettoient le chantier et se préparent à rejoindre leur véhicule.
Le retour, toujours à pieds, est pénible : il y a le matériel, le terrain en pente, la chaleur...
Les trois hommes s'arrêtent presque tous les 50 mètres. M. D. traine. Lors d'une de ces pauses, il demande à un de ses collègues de lui laisser son bidon d'eau.
Arrivés au véhicule, les collègues de M. D. s'aperçoivent qu'ils ne suit plus. Ils l'attendent 5 minutes et se décident à partir à sa recherche.
Sur le chemin, ils retrouvent l'eau puis le sac de M. D., un peu plus loin le bidon d'essence de sa tronçonneuse. Mais pas lui.
Les radios sont restées à la voiture. Ils remontent, donnent l'alerte et repartent à la recherche de M. D. avec des bouteilles d'eau.
Ils retrouvent sa tronçonneuse. Ils se séparent, s'engagent dans la forêt et parviennent finalement à le retrouver.
M. D. est étendu face contre terre, inconscient.
L'alerte est données. Il est presque 18h.
Ses collègues essaient de le déshabiller et de le rafraichir. Il respire très fort et son pouls est trop rapide.
Une vingtaine de minutes plus tard, des infirmiers sont sur place. Ils administrent une solution saline. Un petit véhicule tout terrain permet d'amener de l'oxygène et des blocs réfrigérants.
Les bucherons d'autres chantiers arrivent aussi sur le lieu de l'accident.
Il faut une évacuation par hélicoptère. Les arbres alentours sont abattus pour permettre à l'appareil d’atterrir. Mais il n'arrive pas.
M. D. est porté jusqu'à un véhicule puis conduit à l'infirmerie du chantier. Vers 20 heures, il est enfin dans une ambulance.
Il fait un arrêt cardiaque pendant le transport. Quand il arrive à l'hôpital, il n'y a plus rien à faire. Le décès est constaté vers 22h30.
M. D. a fait un coup de chaleur sur son lieu de travail et il en est mort.
Il ne faisait que 30°C avec une humidité modérée. Mais combiné avec l'effort physique, le soleil et les équipements de protection individuels, c'est suffisant pour être mortel.
(Car oui, cette histoire se passe au Québec. Il y a évidemment des cas en France mais je ne suis pas sur qu'on pourrait avoir accès à autant de détails)
Selon @SantePubliqueFr, 10 accident du #travail mortels liés à la #chaleur ont été signalés à l'inspection du travail en 2019, 12 en 2020 et aucun en 2021.
Les victimes sont généralement des hommes, travaillant en extérieur dans le BTP, l'agriculture ou la sylviculture.
Il est possible qu'il faille prendre ces chiffres avec un peu de prudence.
En Californie, par exemple, une étude récente suggère que le nombre d'accidents du travail liés à la #chaleur est largement sous-estimé. Ce serait 20.000/an plutôt que 850... nytimes.com/2021/07/15/cli…
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1/ Une #canicule avant la pause estivale a plus de chance de provoquer des incidents sur le réseau électrique.
En effet la consommation est plus élevée, ajoutée à la demande liée à la clim, cela augmente le risque de dépasser la capacité des lignes ou des transformateurs.
Une consommation élevée augmente aussi la probabilité des incidents liés à la chaleur sur les réseaux @enedis ou @rte_france, aussi bien pour les réseaux aériens (contact avec un arbre situé en dessous, par ex.) qu'enterrés.
La production de la centrale #nucléaire de St Alban pourrait être réduite dimanche en raison d'un débit insuffisant sur le Rhône.
Je vous explique rapidement pourquoi et pourquoi c'est plus préoccupant que le problème du Bayais il y a quelques jours. ⤵ edf.fr/groupe-edf/amb…
Comme pour le Blayais, qui a baissé sa production à cause de la température du 9 au 14 mai, on est face à un risque d'indisponibilité climatique anormalement tôt dans l'année.
Pour St Alban, l'indispo la plus précoce était, à ma connaissance, celle du 2 juillet 2015.
Vous vous souvenez que pour Blayais, la baisse de production était causée par les limites de rejet thermique d'hiver, plus contraignantes, en vigueur jusqu'au 15 mai.
Le problème a disparu une fois que la centrale a basculé vers ses limites estivales.
La température en Inde approche-t-elle des limites physiologiques ?
Voici une première évaluation des températures de thermomètre mouillé atteintes entre le 15 et le 28 avril.
Le maximum est 32.2°C, atteint près de Nagpur. La limite théorique pour le corps humain est 35°C.
La température de thermomètre mouillé est un indicateur calculé à partir de la température ordinaire et de l'humidité.
Si elle atteint ~35°C, cela signifie qu'il fait trop chaud pour que l'air vous rafraichisse mais aussi trop humide pour que votre transpiration s'évapore.
Sur l’explosion du prix du #gaz, chacun cherche à désigner un coupable qui le confirme dans ses opinions préalables.
Prêtons-nous au jeu : Voyez-vous, le vrai responsable, c'est bien sûr le #climat.
Explications ⤵
L'Amérique du Sud connait actuellement une #sécheresse historique.
Les conséquences du manque d'eau se font sentir sur l'agriculture et l'industrie en Argentine, au Brésil, au Chili ou au Paraguay. washingtonpost.com/world/2021/09/…
L'Amérique du Sud est très dépendante de l'hydroélectricité : 55% l’électricité produite sur le continent est hydraulique.
Au Brésil, première économie du continent, on monte à 63%, et 70% en Équateur, 75% en Colombie, presque 100% au Paraguay...
(source AIE)
A l'occasion de la #canicule qui touche l'Espagne, j'aimerais aborder une question qui revient de temps en temps :
Pourquoi les indisponibilités causées par la chaleur sont-elle moins fréquentes sur parc #nucléaire espagnol sur que son homologue français ?
(1/beaucoup)
Bien que beaucoup plus réduit que le notre, l'Espagne a un parc #nucléaire conséquent : 7 réacteurs qui assurent environ un cinquième de la production d'électricité.
Parmi ces 7 réacteurs, un seul (Vandellos 2) est situé en bord de mer.
Dépendant de fleuves (ou d'un lac dans le cas d'Almaraz) et bénéficiant d'un climat moins favorable que le notre, on pourrait s'attendre à ce que la production nucléaire soit régulièrement perturbée par la chaleur ou la sécheresse.
Ce n'est pas le cas...
Une ligne électrique exploitée par PG&E semble, encore une fois, être à l'origine du #DixieFire - qui est maintenant l'#incendie le plus grave de l'histoire de la Californie.
Le risque était connu et la ligne devait être enterrée prévenir un départ de feu. latimes.com/california/sto…
En 2018, c'est déjà un incident sur une ligne aérienne de PG&E qui était à l'origine du Camp Fire : 620km² brulés dont la petite ville de Paradise, 85 morts.
Incapable de faire face à ses responsabilités PG&E s'était déclaré en faillite. wsj.com/articles/pg-e-…
Les faillites américaines ne sont souvent qu'un refuge temporaire contre les créanciers : PG&E sort de ce statut en juin 2020 sans changement notoire dans son activité ou sa gouvernance.
Juste quelques engagements, notamment sur la modernisation du réseau. latimes.com/environment/st…