Allez, juste pour le plaisir : critique du film « #Medieval », en ce moment sur #Netflix. Comme le nom l’indique ça se passe au Moyen Âge (si si, je vous jure). Et c’est bourré de clichés et d’erreurs grossières... Petit thread plein de mauvaise foi ⬇️ #medievaltwitter#Histoire
Le film se passe en 1402, en Bohême, et suit le parcours du capitaine de mercenaires Jan Žižka (personnage historique, célèbre pour son rôle dans les guerres hussites). Y a plein d'anachronismes au niveau des persos mais on s'en fiche, c'est de la fiction, on a le droit.
Cliché numéro 1 : la violence. Le film s’ouvre littéralement sur les mots « Violence... Tyrannie... Complots... Pouvoir ». On ne peut pas faire plus caricatural.
On est en plein dans ce Moyen Âge imaginaire qu’on pourrait appeler « le Moyen Âge de Game of Thrones »
...même si en réalité son invention avait commencé avant GoT, avec des films comme La Chair et le sang ou plus encore Braveheart. Le ton est donné, d’autant que quelques secondes après on évoque la peste, le chaos, les ténèbres, la famine...
Cliché numéro 2 : la couleur ! Ou plutôt l’absence de couleurs. C’est terrible : le film est entièrement filmé dans des camaïeus de gris/noirs/bleus délavés. Franchement, regardez ces images, c’est impressionnant...
Ce choix renforce l’image du Moyen Âge comme période sombre/frustre/triste/noire/dépressive. Ces couleurs sont désormais bien ancrées dans nos imaginaires : de Kaamelott à GoT, du Dernier Duel à Black Death, le Moyen Âge est désormais noir et gris.
C'est un cliché tellement répandu qu'on en fait des memes, et de fait c'est exactement ça...
Non seulement c'est un cliché, mais en plus c'est une erreur historique. Cf par exemple cette scène : les cathédrales étaient peintes et vivement colorées au Moyen Âge !
Au passage, cette disparition de la couleur ne touche pas que les films médiévalistes, comme le souligne cette super petite capsule vidéo. C'est vraiment une évolution globale de notre époque.
Cliché numéro 3 : la saleté. A part le héros, personne ne se lave. Les mercenaires sont couverts de suie/poussière/crasse quand ils dînent à l’auberge, alors même que, précisément, les auberges sont aussi des établissements de bain...
Une belle petite erreur : la plupart des femmes sont tête nue dans la scène de l’église. Pour le coup c’est vraiment une erreur grossière, car on a énormément de sources, tant textuelles qu’iconographiques, qui soulignent que les femmes ne sortent pas tête nue à l’époque
Cliché numéro 4 : la place de la religion. Le chef de mercenaires tout fier de clamer qu'il multiplie les atrocités "pour Dieu", le noble corrompu et ambitieux priant Dieu de l'exaucer...
Une autre petite erreur : des pigeons voyageurs ? En Bohême, en 1402 ? Je ne suis pas à 100% certain mais ça m'étonnerait énormément. Les pigeons voyageurs sont connus des Européens, mais en 1437 Pero Tafur, voyageur castillan, en voit pour la première fois de sa vie à Damiette.
Bon, je m'arrête là. Le film s'installe confortablement dans la catégorie "ouh là là le Moyen Âge quelle époque horriblement violente et sombre". C'est paresseux, pour le dire en un mot...
Sur ce, bon dimanche - coloré ^^ !
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Aujourd’hui, on (re)lit le livre « Les genres fluides, de Jeanne d’Arc aux saint.e.s trans » de Clovis Maillet qui a paru en 2020, mais qui reste toujours d’actualité ! #medievaltwitter
Dans son livre, Clovis Maillet met en avant des figures du Moyen Âge dont les parcours montrent que les expériences de transidentité ne concernent pas seulement la modernité.
Ces figures sont surtout des saint.e.s entré.e.s au monastère en tant que moines : Matrôna-Babylas (Ier s.), Eugène-Eugénie (IIIe s.), Joseph-Hildegonde (XIIe s.). Leur histoire est racontée dans des hagiographies byzantines grecques ou latines.
Petit retour sur une collaboration entre un romancier (@LaurentDecaux) et un historien (en l’occurrence moi). Parce que je pense que ça montre bien comment historiens et romanciers peuvent travailler ensemble pour créer des fictions historiques plus intelligentes ! ⬇️
En juin, Laurent Decaux m’écrit : il est en train de terminer un roman historique, qui se déroule en mer noire en 1347, au moment de la première vague de peste.
Ca s'appelle "Avant la fin du monde" et c'est sorti il y a quelques jours chez @AlbinMichel
L. Decaux souhaite l’avis d’un historien. En réalité il a déjà pris l’avis de plusieurs spécialistes, dont Michel Balard.
J’accepte avec plaisir, il m’envoie le tapuscrit, je relis soigneusement... et je lui fais des remarques en mode « historien relou ».
Vous avez peut-être vu passer ce petit extrait d’une conférence de mars dernier donnée par Sandrine Rousseau à l’UCL. Elle y parle des #sorcières et de leur répression... et dit à peu près n’importe quoi. Un thread, coécrit par @CathKikuchi et moi ⬇️! #histoire#medievaltwitter
La conférence en entier est accessible ici, et elle parle des sorcières à partir de 20’10. C’est un thème particulièrement à la mode depuis quelques années, notamment dans les milieux militants.
L’idée que les sorcières seraient des résistantes au patriarcat, dans un « mouvement » de lutte, réprimé par une violence tous azimuts est en réalité largement tiré d’un livre cité dans cette conférence : Caliban et la sorcière, de S. Federici.
Encore une fois, @dr_l_alexandre utilise la référence au Moyen Âge pour diaboliser les écologistes contemporains. Cette fois, il compare l'éco-angoisse d'ajd aux "peurs des chrétiens de l'an mille".
Or il se trouve que ces peurs... n'existent pas. Petit thread ⬇️ #medievaltwitter
L’idée de base est simple : autour de l’an mil ou de l'an 1033, donc mille ans après la naissance ou Passion du Christ (vous suivez ?), les chrétiens en Occident auraient été pris d’une peur panique de voir arriver la fin du monde (c'est ce qu’on appelle le millénarisme).
Cette idée se trouve sous la plume de certains auteurs du XVIIe siècle. Elle est surtout popularisée, ensuite, au XIXe siècle, notamment par Jules Michelet, qui écrit par exemple « Cet effroyable espoir du Jugement dernier s'accrut dans les calamités qui précédèrent l'an mille »
Le Moyen Âge, une époque "obscurantiste" ? Pas du tout ! Au IXe siècle, Alcuin, conseiller de Charlemagne, rédige un traité d'énigmes mathématiques destinées à ses élèves. On vous en propose quelques-unes... A vous de jouer ⬇️ ! #histoire#medievaltwitter
Un homme et une femme, pesant chacun une charretée, et deux enfants, pesant chacun une demi-charretée, veulent traverser une rivière. Ils ont un bateau qui ne peut transporter qu’une charretée.
Combien d’allers-retours le bateau devra-t-il faire ?
Un marchand veut acheter 100 animaux en dépensant exactement 100 shillings. Le prix des animaux est de 5 shillings pour un chameau, 1 shilling pour un âne et 1 shilling pour 20 moutons.
Combien de chameaux, d’ânes et de moutons doit-il acheter ?
La critique de T. Lentz de notre ouvrage sur le Puy du Fou (chez @les_arenes, avec @LarrereMathilde et @GLancereau) est affligeante. Un point en particulier se distingue : Lentz se moque en imaginant un travail similaire au nôtre pour Disney. Or cette comparaison est idiote ⬇️
Bon d'abord on notera que cet argument a également été utilisé par E. Bastié par exemple (source : ici
). C'est assez révélateur : les réacs se répètent (il faut dire que penser par soi-même c'est fatiguant).
Cet argument, en réalité, n'en est pas un. C'est une reductio ad absurdum, une manière de critiquer un argument en le poussant à l'extrême, de partir d’une proposition fausse pour montrer que le raisonnement ne marche pas.