Je sais que c'est un jour de réveillon, de joie, de retrouvailles. Mais je ne peux qu'être violenté par ce qu'il s'est passé à Paris ce vendredi. #reveillon#Noel
Cet assassinat bestial, terrorisant, qui a visé Evin, Mir Perwer, Abdullah Kizil. Il n'y aura pas de fêtes cette année, où que nous soyons, ni au Chiapas, ni en France, ni au Kurdistan. Il y aura des recueillements, de la rage.
Vu d'ici, depuis les luttes des peuples indigènes, zapatistes ou non, en résistance depuis des décennies face aux colonialismes, au néo-libéralisme, pour leur autonomie, l'attentat qui a frappé nos compagnons kurdes, en lutte depuis des années, a une résonance particulière.
Je regarde les images qui me parviennent au compte goutte de Paris, j'écris ces mots alors que mes ami·e·s, camarades, frères et sœurs tiennent la rue en hommage. Je vois ce camion de policier reculer face à la colère. Je vois les charges, les gaz, la répression du recueillement.
Je me rassure de la réponse de mes ami·e·s. Il semblerait que rien d'autre ne soit à la hauteur de la mort de camarades. Que seule la réponse directe peut réparer minimalement, en surface, l'assassinat.
J'espère que si vous y êtes, vous prenez soin de vous, comme vous le faites depuis des années dans les moments où nos colères explosent. J'espère que vous criez fort. Que vous rendez coup pour coup.
Il est si évident de répondre en faisant reculer les figures de l'état, complices des actes racistes, fascistes, terroristes ayant été commis en France depuis quelques années. Je ne trouve pas encore les mots justes, je les cherche.
Pour tenter de comprendre ce qu'il s'est passé, dans son ensemble, depuis des années, comprendre ce qui arrive.
Erdogan attaque depuis quelques semaines les territoires kurdes. Nos ami·e·s se font bombarder. Les femmes et hommes combattent avec conviction, dans la douleur.
Les 4 et 7 janvier, nous commémorerons les dix ans de l'assassinat de Fidan, Sakil et Leyla, assassinées le 9 janvier 2013, dans un attentat contre le centre culturel kurde. Les relations entre la France et la Turquie sont renforcées depuis plusieurs mois.
Les relations économiques vont bon train dans le néolibéralisme mondialisé. Le contexte géopolitique dans lequel cette attaque arrive n'est pas anodin. En France, l'atmosphère politique du pays a réuni l'ensemble des conditions pour faire advenir l'acte terroriste.
Par exemple, il y a quelques jours, plus de 40 identitaires étaient arrêtés (puis libérés) le soir de la demi-finale France-Maroc, sur les Champs-Elysées, où ils étaient venus tabasser des membres de la communauté marocaine.
À Lyon, Montpellier, Nice et dans d'autres villes, des violences à caractère raciste ont eu lieu. Chasses aux maghrébins et cortèges scandant "on est chez nous" alors que la veille, les médias de Bolloré s'inquiétaient d'émeutes de la part des membres des communautés maghrébines.
C'est strictement l'inverse qui s'est produit : des "ratonnades" fascistes.
Il y a quelques jours seulement, Michel Houellebecq qui a pignon sur plateaux, comme ses amis du même rang - Gluskmann, Bernard Henry Levy, ou encore Finkielkraut - Michel Houellebecq donc, prophétisait : “Je pense que des actes de résistance auront lieu.
Il y aura des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l’envers.” Nous y sommes.
Oui, la situation ici décrite, mes ami·e·s, ne présage pas d'avenir rose pour les partisan·e·s de l'autodétermination et l'autonomie des peuples, l'avènement des jours heureux.
Depuis quelques années, les monstres du clair-obscur ont grandi, et sont prêts à engloutir tous les communs. Leur parole est devenue propagande. De la propagande sont apparus des actes.
La guerre civilisationnelle aura bien lieu, comme la prophétie auto-réalisatrice de Pascal Praud. Mais l'assaillant sera le bourgeois blanc et non le prolétaire maghrébin. Lorsque j'ai rejoint les montagnes du Chiapas, avait lieu la mobilisation contre les méga bassines dans
les deux Sèvres, Darmanin s'exprimait : "Il y a un certain nombre d'actes qui s'apparentent a de l'éco-terrorisme" pourtant, ce jour là, personne ne fût abattu pour le simple fait d'appartenir à une communauté.
Il y a moins de deux semaines, une enquête fût ouverte par le parquet anti-terroriste national, à la demande de Darmanin, contre une action de sabotage ayant visé une usine Lafarge (entreprise impliquée dans le financement de Daesh).
Il y a quelques jours, avant que la grève prennent fin, les contrôleurs SNCF étaient accusés de « prendre en otage » les Français. Aujourd'hui, le ministre de l'intérieur s'est empressé de s'exprimer sur le caractère non terroriste de l'acte.
Il semble donc que tout soit inversé : des militant·e·s écologistes effectuant des dégâts matériels pour dénoncer les conséquences de projets mortifères sur l'environnement sont traités comme des terroristes et des grévistes sont des preneurs d'otages, tandis qu'un
homme abattant sommairement trois militant·e·s kurdes et une entreprise ayant directement participé au financement de la plus grande organisation terroriste mondiale, eux, ne connaissent pas les mêmes qualifications, ni dans les médias, ni par la justice.
Il y a un cynisme froid dans ce jeu de qualification et de non-qualification de ce qui est terreur et de ce qui ne l'est pas. Ainsi, l'état et la justice dictent ce qui devrait nous terroriser et ce qui en définitive reste acceptable bien que condamnable dans une société.
L'action militante c'est la terreur. L'assassinat de Kurdes est, bien qu'illégal et condamnable, un fait de justice ne relevant pas de l'exception.
Enfin, il y a une dernière chose, qui a eu lieu hier soir et qui a lieu aujourd'hui, en ce moment même, et qui aura lieu encore demain. Les militant·e·s et membres de la communauté kurde, ont été empêché·e·s par la police de rendre hommage à leurs camarades assassinés.
Noyé·e·s sous les gaz, ils ont été considérés comme ennemi. J'apprends à l'instant même qu'un de nos camarades a été gravement blessé à l'œil par un tir policier lors de la manifestation en hommage aux victimes.
Ce que nous devons saisir ici, c'est que nous sommes le peuple, ennemi de l'État. Qu'à ce titre, l'État dira de nous que nous sommes l'ennemi du peuple. Mais nous sommes bien les ennemis d'États. Pour toujours et à jamais. Alors, que nous soyons en train de célébrer un match de
foot, de défendre nos droits, nos acquis sociaux, nos libertés de circuler, notre autonomie, notre autodétermination, ou que nous soyons en train de rendre hommage à nos morts, nous serons toujours la cible de leurs projectiles.
Ils nous éborgnent, nous mutilent, seraient prêt à nous tuer. Car ils sont le même monstre que ceux qui assassinent nos frères et sœurs. À bien y regarder, seul nos projectiles peuvent répondre à l'ignominie de leurs attaques.
Il y a dans la parole fasciste libérée, les discours politiques, les nouvelles lois restreignant nos droits et libertés.
Il y a dans le jeu de qualification et de non qualification des faits, dans la répression des hommages, et de manière plus diffuse encore, plus discrète, plus sournoise, dans les bouches de chacun·e·s d'entre nous.
Il y a dans l'avènement de l'individualisme et la destruction des communs, dans la construction des désirs d'autorités, de sécurités. Dans la délégation de nos vies à un groupe de gestionnaires. Il y a la fabrication cachée, de plus en plus visible, du péril fasciste.
Il y a des personnes, des noms, des responsables : Pascal Praud, Eric Zemmour, Michel Houellebecq, Cyril Hanouna, BHL, Gluskmann, Finkielkraut, Gérald Darmanin, Emmanuel Macron, Poutine, Erdogan. Il y en a d'autres.
Il y a des hommes, de vieux patriarches, de sombre colons, il y a des entreprises, des lieux, propageant la langue de la mort.
De paroles en propagande.
De qualification en non-qualification.
De répression en répression en répression.
D'actes isolés en groupes armés.
Il y a un éco-système fasciste dans le pays. Qu'allons-nous faire de lui ?
Je suis en colère, car rien ne pourra être à la hauteur de la mort de camarades dans un tel contexte. Je ne vois que deux possibilités. Une seule salvatrice.
Soit rentrer chez soi et abandonner, soit résister, partout et par tous les moyens possibles. Participer aux hommages et aux manifestations qui auront lieu pour répondre à l'ignominie. Attaquer tout ce qui a permis l'arrivée de cet acte.
*Ce texte a été rédigé par un camarade, depuis les montagnes du Chiapas. Les luttes Kurdes et Zapatistes se font depuis longtemps écho entre elles.
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Attentat contre les Kurdes : indignité jusqu'au sommet de l'État
Vendredi 23 décembre, ce n'est pas que la communauté kurde qui a été frappée, c'est tous ceux qui partagent des valeurs de liberté et de tolérance. #ruedenghien#kurdes
Malheureusement, les heures qui ont suivi le drame n'ont pas fait honneur à ces valeurs et aux victimes de cet attentat. Après le choc de l'attentat, et une fois les éléments assez clairement établis, il nous semble important de remettre les pendules à l'heure.
Pour malheureusement constater les défaillances de l'État français et du monde occidental, qui ne cesse d'être complaisant avec l'extrême droite, et qui n'arrive pas à se détacher de la pression du pouvoir turc sur la question kurde. La presse mainstream et l’État Français sont
🇵🇪 PÉROU : LA MOBILISATION NE FAIBLIT PAS ET LA RÉPRESSION S’INTENSIFIE : PLUS DE 650 BLESSÉS ET AU MOINS UNE VINGTAINE DE MORTS
Il y a un peu plus d’une semaine, nous revenions sur les événements en cours au Pérou après la destitution du président Castillo qui avait demandé la dissolution du congrès et la mise en place d’une assemblée constituante.
Accusé d’avoir monté un coup d’état, l’ancien président
marxiste n’avait qu’une marge de manœuvre face au système législatif, le Pérou étant un pays qui fonctionne de manière monocamérale (c’est à dire un seul parlement où siègent ceux qui franchissent la barre des 5% à la proportionnelle).
Hier soir, durant le match opposant le Red-Star FC à Dunkerque, des supporters du club audonien ont décidé de revendiquer leurs droits, en pointant des lasers sur les caméras qui filmaient le match.
En cause, des horaires de match complètement aléatoires et donc déconnectés de la réalité des supporters et des spectateurs.
Cette décision est imposée par le groupe Canal, dont le milliardaire Bolloré est à la tête, uniquement pour des histoires de droits de retransmission au bon vouloir de la chaîne.
🔴 PROJET DE LOI IMMIGRATION : COMBINER RACISME ET LIBÉRALISME 🤮
Inscription des personnes en situation irrégulière au fichier des individus recherchés, conditionnement de la remise du titre de séjour à un examen de français, ouvre la voie à l’expulsion des personnes
arrivées avant l’âge de 13 ans, complexification des procédures de recours, suppression de la formation collégiale à la CNDA, etc... les grandes lignes du projet de loi immigration sont très inquiétantes.
Le concept est relativement simple : combiner le racisme du ministre de l’Intérieur au néo-libéralisme de son président.
« Il faut que ça s’arrête, parce que pour un refus d’obtempérer on enlève des vies. Il n’y avait aucun danger, les policiers mettaient plus en danger les citoyens dans la rue, les gens qui marchaient. Il y avait des enfants, des personnes âgées. »
Amin était quelqu’un de bienveillant, il était aimé de tous et animé par une profonde gentillesse. Sa générosité n’avait d’égale que son sourire et il était toujours disposé à aider sa famille et ses proches.
« C’est quelqu’un de très discret, très à l’écoute, quelqu’un de très serviable. En fait, il nous a traité comme sa propre famille ».
CND : Nous avons reçu ce texte un peu trop tardivement concernant la mobilisation qui a eu lieu aujourd’hui à Poitiers, mais nous invitons à le lire et nous vous tiendrons au courant en cas de nouveaux appels :
Nous appelons à un rassemblement devant le commissariat central de Poitiers à partir de 14h