Thread by @moreauchevrolet

Quelle est la stratégie d'Emmanuel Macron ? Elle tient en 4 points.
1) Le complexe du sauveur. Emmanuel Macron, depuis 2017, a pour habitude de se poser en sauveur de son propre camp, au besoin en créant les difficultés lui-même. Il se met lui-même au pied du mur, pour se sauver.

Face aux gilets jaunes, par exemple, il laisse pourrir la situation et invente son premier "grand débat" pour s'en sortir. Ce qu'il réussit à faire, en s'imposant à l'antenne des chaînes infos pour des FAQ interminables, face aux élus locaux.

Pendant le COVID, il s'invente un état de guerre imaginaire - la réalité était celle d'une épidémie, la fiction celle d'une "guerre". Ce recours à la fiction comme levier pour inverser le réel est brillamment analysé ici par @Raphael_llorca ici:

https://x.com/Raphael_llorca/status/1802977999878324409?ref_src=twsrc%5Egoogle%7Ctwcamp%5Eserp%7Ctwgr%5Etweet

2) Une absence de limites posées par le système. Emmanuel Macron a bénéficié de l'absence quasi totale de contre-pouvoirs opposés au chef de l'Etat sous la Cinquième République. Ce que @LesGuignols ont illustré avec l'expression du "forfait président"

https://x.com/_SaxX_/status/1800268679453491629

Les consultations prévues par la Constitution en cas de dissolution se sont transformées en notifications, et encore, puisque même ce protocole minimal ne semble pas avoir été respecté. Le fait que Pascal Praud ait été prévenu en amont de la dissolution n'est pas anecdotique.

C'est le signe que le bon plaisir a remplacé l'état de droit, en l'absence de vraies contraintes. Les contraintes implicites fonctionnent quand les titulaires du pouvoir ont en eux la ressource de les respecter. Ce n'est plus le cas et il faudrait en tirer les leçons.

Il faut se rendre compte que cette décision, purement individuelle et sans aucun frein possible, a eu impact négatif direct sur nos vies, alors même que ses effets réels n'ont pas encore eu lieu: leparisien.fr/societe/les-ge…

Que se passera-t-il, demain, si la France est mise au ban des nations, au ban de l'UE, au ban de l'OTAN - par crainte d'une influence russe, qu'on ne pourra pas vaiment démentir -, avec des investissements étrangers en repli et une économie en berne ?

3) Un individualisme politique inédit. Jamais, dans l'histoire de la Cinquième République, on n'a eu un président aussi profondément, et politiquement, individualiste. Emmanuel Macron n'est pas seulement isolé, il est hostile à toute notion d'entourage politique.

Autour de lui, hormis - remarquablement - Bruno Le Maire, aucune grande figure ne s'impose. Bayrou a été écarté très rapidement. Comme Philippe. Comme Attal. Il est normal que la presse attribue des pouvoirs occultes à ses conseillers, dans la mesure où il n'y a personne d'autre.

4) La conviction que les Français "silencieux" le soutiennent. Emmanuel Macron demeure, dans ses déclarations, convaincu que son parti peut l'emporter le 7 juillet. Il attaque le Front populaire, parce qu'il est persuadé que le duel final se jouera entre le RN et lui.

Les projections en sièges devraient apporter un premier démenti à ces espérances. Il faudra alors faire un choix. Ou engager sa responsabilité devant l'histoire. Et, cette fois-ci, pas comme sauveur.