Cette affaire Benalla, c'est de la folie le nombre de rebondissements par minutes qu'il y a, on dirait Underworld 5. J'essaye de tout suivre mais je suis pas sûr d'avoir lu tous les spin offs. J'essaye de faire un thread chronologique qui résume tout le bordel si vous êtes perdus
Donc Alexandre Benalla bosse il y a de cela quelques années pour le PS (pour Aubry puis Hollande) et devient chauffeur pour Montebourg qui le vire rapidement parce qu'après un accident dont Benalla est la cause il souhaite prendre la fuite.
En 2015, il est accusé de violences volontaires ayant entraîné une incapacité temporaire de travail supérieure à 8 jours sur une femme. Il est relaxé en 2016. On le retrouve ensuite comme chef de la sécurité de Macron durant la campagne.
Il est en possession d'une arme alors que le ministère de l'Intérieur lui a refusé la détention et il moleste un militant communiste & un journaliste lors de deux meetings différents. Macron élu, il garde Benalla (& sa clique) comme garde du corps alors qu'il existe le GSPR.
(le GSPR est une unité mixte police-gendarmerie de 80 membres dédié à la sécu du président) Pas illégal mais chelou. Dans la même veine du "pas illégal mais chelou", Benalla demande à Patrick Strzoda, directeur de cabinet de Macron, d'observer les manifs du 1er mai,
PS qui valide la participation d'AB à la manif. Benalla est sur les lieux en tant qu'observateur en compagnie de Crase (gendarme réserviste et bossant pour LREM) et Mizerski (membre de l’état-major de la direction de l’ordre public et de la circulation là pour encadrer Benalla).
Là, Benalla tabasse (coup de pied au ventre, étranglement, etc.) un couple puis va chercher des CRS pour que les deux jeunes gens soient interpellés. Donc au lieu d'observer, il cogne & ordonne, se faisant passer pour un policier sans que Mizerski n'intervienne.
A noter que sur les vidéos on voit que Crase (qui avait monté une entreprise de sécurité avec Benalla) à un holster à la ceinture...mais il ne dispose pas de permis de port d'arme. Et on ne sait toujours pas à quel titre il était présent sur place durant la manif.
Le lendemain des faits, Gerard Collomb et P. Strzoda sont mis au courant. Strzoda met ensuite au courant Macron et met à pieds Benalla pendant 2 semaines. Seule sanction et Benalla a toujours une voiture de fonction avec chauffeur & obtient un appartement de fonction quai Branly.
On retrouve Benalla récemment sur le tarmac pour l'arrivée des Bleus (et dans le bus) où il cherche (sans succès) à prendre le contrôle des opérations. Une journaliste du Monde fait alors le lien entre les images du 1er mai et Benalla. L'affaire éclate 3 mois après les faits.
Macron refuse de répondre aux questions des journalistes et c'est le porte parole, Bruno Roger Petit, qui donne une courte conférence de presse où il dit que Crase a été viré et que Benalla a été mis à pieds 15j. Il ne prend pas de questions des journalistes non plus.
Il déclare que la sanction des 15j est "la plus grave jamais prononcée contre un chargé de mission travaillant à l’Élysée." C'est faux (cf l'affaire Aquilino Morelle, conseiller spécial de François Hollande, viré manu militari après les révélations de Mediapart).
Face aux actes que Benalla avait commis l'Elysée aurait dû saisir un procureur (article 40 de la procédure pénale) mais comme on le sait désormais il a donc été couvert. Benalla profite de ses connections pour demander à des policiers les enregistrements vidéos du 1er mai.
Il les obtient, ce qui est parfaitement illégal, et les 3 policiers concernés ont été suspendus. Benalla et Crase ont été placés en garde à vue, et l'Elysée déclare finalement qu'ils entament une procédure de licenciement contre Benalla à cause des "nouveaux faits".
Ces "nouveaux faits" c'est la détention des vidéos et ils sont obligés de le tourner comme ça : ayant déjà sanctionnés Benalla, ils ne peuvent pas le virer 2 mois après pour la même faute. A noter que pour le moment Mizerski n'est pas inquiété.
Mizerski était également à la marche blanche pour Mireille Knoll : il est celui qui insistait pour que Mélenchon sorte du cortège (est ce que ça a le moindre intérêt ? Franchement, vu le nombre de twists, je serai pas étonné que cela finisse par l'être).
Il y a désormais une enquête ouverte par l'IGPN (les flics des flics), par le parquet (ce sont eux qui ont mis Crase & Benalla en garde à vue) mais également des commissions à l'AN et au Sénat. Cette dernière va d'ailleurs interroger mardi Collomb, le préfet ou le DG de la police
Vu qu'on parle de l'IGPN, à noter que début mai, lorsque la vidéo avait circulé pour la première fois, ils avaient été saisis par rapport aux agissements de Benalla (on ne savait pas à l'époque qu'il n'était pas policier). Mais le signalement n'avait pas abouti.
Je crois que j'ai fait le tour mais si je reste un quart d'heure à attendre il va y avoir un nouveau rebondissement. En tout cas, toute cette affaire soulève un paquet de questions : pourquoi avoir un chef de la sécurité (payé 10.000€/mois) alors que le GSPR existe ?
Pourquoi le protéger alors que c'est clairement un profil très violent qui va sans doute causer de nouveaux problèmes ? A quel point a-t-il été protégé ? Y a t-il eu obstruction à la justice ? Pourquoi Mizerski laissait faire Benalla et Crase ? Que faisait Crase dans la manif ?
Une bonne partie de mes sources viennent du Monde : lemonde.fr/societe/live/2… et de Mediapart : mediapart.fr/journal/mot-cl…
