Il y a un mois, je suis allé au Xinjiang. Le temps d'un après midi, j'ai pu aller voir l'appartement vide d'un contact en exil. Sa mère est en camp de "rééducation". Comme UN MILLION de ouïgours. Soit presque 10% de la population ouïgoure dans des camps
lemonde.fr/long-format/ar…
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J'ai pu discuter avec des voisins. Un vieux Han de 80 ans qui nous a invités à boire un verre. Et des ouïgours terrifiés à l'idée de parler à un journaliste étranger qui voulaient plutôt abréger la conversation. Et puis, quand on quittait la résidence, une dame nous rattrape.
Vous connaissez ... ? c'est ma XXX. Bref, une proche. Quand on lui montre les photos de Ferkat, mon contact, qui habite maintenant à Washington, elle fond en larme, elle embrasse le téléphone. Nous on est pas bcp plus vaillants, mais on l'emmène un peu à l'écart pour continuer
On parle de la famille, elle parle plutôt bien mandarin. On enregistre une petite vidéo pour montrer à Ferkat. Et puis il faut partir. Elle aussi a peur, et là, discuter avec des journalistes étrangers pendant dix minutes, ça craint vraiment pour elle.
Ferkat m'avait demandé d'aller voir sa grand-mère, mais sur les conseils d'un expert, on n'y était pas allés. On est pas contagieux, mais comme il suffit d'avoir des contacts avec des gens à l'étranger pour être envoyés en camp, des journalistes étrangers, c'est double peine
Après cette demi journée en liberté, on a tenté d'aller voir un des camps de Guhlja (/Yining en chinois) repéré par @shawnwzhang. Mais on a été arrêtés à un checkpoint pendant deux heures, et ramenés dans le centre avec la propagande locale qui ne nous a plus lachés.
Petit détail "amusant", un gros flic borgne et méchant, qui croyait que je ne parlais pas chinois, pestait: "on a des contrôles partout dans la ville, comment ça se fait qu'on ne les ait pas trouvés avant". Preuve qu'on peut qd même passer entre les mailles du filet
A Kashgar par contre, ils sont bcp plus efficaces : contrôle de passeport dès l'aéroport, pour tous les étrangers j'imagine, et prise en charge VIP. Trois voitures, jusqu'à 15 flics et sbires. Impossible de parler à des ouïgours sans qu'ils interrompent. Avec les Hans, compliqué
Ils ont poussé le harcèlement assez loin : ds un coffeeshop où je venais de m'asseoir, ils ont demandé au patron d'éteindre le wifi. Je pense que le but était juste de nous pourrir la vie pour qu'on ne s'attarde pas (billet retour pas encore acheté, ils devaient stresser)
Finalement, une semaine entre Yining, Urumuqi et Kashgar. Avec le soutient d'@eefjerammeloo et @GillSabrie sans qui je serais sans doute devenu fou
Bref, voilà pour les coulisses, pour l'article, l'analyse, précieuse de @jleibold et les photos de @GillSabrie achetez le journal ! en pages géopo
