Thread by @VsCyberH

😔 Les temps sont propices à l'épuisement militant, et nous ne sommes pas épargnées...

🔚🔴 C'est avec le coeur lourd que nous devons annoncer que nous ne serons plus en mesure de prendre en charge l'accompagnement des victimes de #cyberviolences qui nous sollicitent.

Nous allons vous expliquer pourquoi ⤵️

Dès les débuts du collectif, en janvier 2016, nous avons été contactées en continu par des femmes et des filles en grande détresse.
➡️ Chacune a une histoire bien spécifique, mais elles ont toutes un point commun : ELLES NE SAVENT PAS/PLUS VERS QUI SE TOURNER.

Elles essuient l'indifférence, le manque d'engagement, les humiliations, et même des violences et des revictimisations de la part des personnes ou des autorités publiques auxquelles elles s'adressent.

🔺Mineures ou majeures, elles sont souvent culpabilisées et leur souffrance est minimisée, voire niée. Elles n'ont que très peu accès au droit qui les protège et se sentent impuissantes, épuisées face à la lourdeur des démarches qu'elles doivent entreprendre, souvent seules.

👀 Très tôt, nous avons cherché des ressources francophones et des appuis afin de réorienter ces personnes victimes de #cyberviolences, où qu'elles demeurent sur le territoire français – certaines zones (ultramarines, rurales...) étant des déserts judiciaires et médico-sociaux.

👉🏾 Or, l'orientation des victimes requiert des moyens colossaux puisqu'elle consiste en une facilitation d'accès à l'information et en une recherche de nombreuses ressources et mais aussi de contacts qualifié·e·s.

Des contacts qualifiés en matière de : prise en charge des frais juridiques, compréhension du droit, dispositifs de prise en charge médicale, politiques de modération et de retraits des contenus selon les plateformes, sécurisation des données, etc.

De plus, ces paramètres évoluent de mois en mois, d'une plateforme à l'autre.

📚 Nous nous sommes donc formées sur le terrain, au fur et à mesure des questions qui nous étaient posées, même si l'accompagnement des victimes n'a jamais été le but poursuivi par notre association.

‼️Nous sentions que nous n'avions pas d'autres choix que de répondre et de faire de notre mieux : puisque si nous ne le faisions pas, QUI ALLAIT LE FAIRE ?

Nous nous sommes alors vite rendu compte que cet accompagnement engage une responsabilité morale et émotionnelle importante : il n'a pas de limites dans le temps ou l'espace, tout comme les #cyberviolences subies par les victimes.

Cet accompagnement se fait par message, par mail ou téléphone, souvent sur des semaines ou des mois, à des heures parfois incongrues, sans que l'on puisse toujours savoir si la victime est en sûreté ou non.

Les problématiques sont complexes et imbriquent souvent d'autres violences : harcèlement scolaire, au travail, violences sexuelles et violences au sein du couple, notamment.

Cet accompagnement implique aussi des moyens financiers conséquents. L'accompagnement d'urgence peut nécessiter l'achat d'un forfait téléphonique particulier, d'un déplacement en vtc, voire le règlement d'une première consultation psy lorsque les victimes sont sans ressources.

Or nous avons peu de moyens.
Si des associations et fondations nous ont soutenu en ce sens, d'autres avec lesquelles partagé notre expertise n'ont pas compensé ces relations de partenariat en nous recommandant des circuits de financement ou en faisant un don à notre association.

🙃 Voir des structures plus développées créer des ressources en se servant de notre travail et nous déléguer l'accompagnement de victimes alors que nous ne sommes pas travailleuses sociales est très frustrant.

Passons sur le labeur administratif et les moyens humains qu'il est nécessaire de mettre en œuvre pour faire des demandes de subventions sur fonds publics ou privés...

De plus, notre dénonciation de toutes les ficelles du blantriarcat, notre lecture féministe intersectionnelle et notre refus du fémonationalisme ne nous met pas dans les bonnes grâces de certain·e·s.

Ainsi, alors que la question cybernétique est devenue fondamentale dans la compréhension et la résolution des violences faites aux femmes et aux enfants,

l'action de notre association n'est pas soutenue ou promue dans certains espaces ou par des institutions qui par ailleurs nous délèguent un travail qui s'apparente largement à une mission de service public : l'accompagnement de victimes.

📣 Nous dénonçons cette exploitation du travail des femmes, particulièrement celui des femmes racisées, ainsi que l'absence de reconnaissance de leurs apports.

Et nous souhaitons clamer haut et fort que nous ne voulons pas participer à cette forme d'exploitation‼️

Et puis nous ne sommes que cinq bénévoles.

🔸Le plus souvent, seules une ou deux d'entre nous sont disponibles pour répondre aux demandes des victimes et s'épauler.

Au vu de nos obligations professionnelles à temps plein et de celles de notre vie personnelle, nous ne disposons pas du temps nécessaire pour répondre sereinement.

⚡️Comme beaucoup, nous devons affronter nos propres vécus d'exposition à des oppressions genrées : LGBTQIAphobes, antisémites, islamophobes, misogynoires, validistes, psychophobes entre autres.

Celles-ci s'ajoutent à nos traumas vicariants et à notre fatigue de compassion : même si nous ne sommes pas exposées directement aux violences dont les victimes témoignent,

l'exposition à leurs récits répétés, souvent empreints de violences extrêmes ont un impact profond sur notre équilibre émotionnel et psychique.

✋🏾Nous faisons aujourd'hui ce triste constat : nous avons puisé dans les dernières onces d'énergies dont nous disposions pour faire ce travail en toute sûreté pour nous et en toute efficacité pour les victimes.

❌Nous ne pouvons plus faire le travail de l'État à nos dépends.

Notre militantisme nous épuise, et le mépris affiché par les autorités concernées pour ces questions de soin et d'accès à la justice nous met en danger.

C'est pourquoi nous avons décidé de recentrer notre action.

➡️ En ce sens ns continuerons à alimenter nos ressources pr que les victimes & leurs proches disposent d'informations pertinentes, accessibles & mises à jour au gré des changements de lois/de politiques de signalement.

🔚🔴 Nous ne pouvons plus continuer ainsi, nous n'en avons plus les moyens.

🔸C'est pourquoi nos messages privés seront désormais fermés sur Twitter, Facebook et Instagram.

🔸Notre adresse mail restera le point de contact du collectif pour toutes les autres questions.

Nous poursuivrons les actions qui auraient dû constituer le cœur de notre activité depuis le début, à savoir le plaidoyer, l'information, la sensibilisation et la formation.

Nous sommes aujourd'hui en lien avec nos partenaires afin que celleux qui disposent d'équipes de professionnel·le·s de l'écoute et de l'accompagnement soient formé·e·s.

🔴 Néanmoins, là aussi le constat est amer : iels n'ont que très peu de moyens et "tirent sur la corde" également, prenant le relais d'un État défaillant.

Il est de notre responsabilité d'interpeller les pouvoirs publics devant l'urgence de financer & de former les institutions & les professionnel·le·s de la justice, de la police, de la santé & de l'éducation à la prévention des cyberviolences & à la prise en charge des victimes ‼️

Les effets d'annonce politique entendus ça et là depuis des années n'ont rien changé concrètement pour les victimes.

⚠️Et il est difficile pour nous, femmes et opprimé·e·s déja violenté·e·s au quotidien, de penser des stratégies d'autodéfense, surtout lorsque toute riposte expose les victimes à des problèmes judiciaires ou à de nouvelles violences.

👂Ces derniers temps, la parole des victimes de violences en ligne commence enfin à être entendue.

Mais libérer la parole des victimes – et surtout son écoute – n'est pas suffisant !

Beaucoup de pressions sont faites aux victimes : elles sont accusées de vouloir instaurer une "justice" des réseaux sociaux, sont visées par des représailles ciblées, sont censurées via l'injonction à ne pas étaler sa vie privée, sont menacées par des procès en diffamation, etc.

➡️ Il faut une véritable volonté politique pour modifier la société en profondeur et pour que les victimes puissent enfin être prises en charge de manière holistique, et pour cela pas de secret : il faut mettre sur la table des moyens financiers et humains ‼️

📣 En attendant nous invitons tou·te·s les victimes de #cyberviolences et leurs proches à consulter nos ressources en ligne ⤵️⤵️⤵️

https://twitter.com/VsCyberH/status/1145354757667794947