2/ Nous sommes au début de l’année 1944. L’Allemagne nazie recule sur le front de l’Est et en Italie. Les Alliés s’apprêtent à débarquer en Normandie. Mais la France vit toujours sur l’Occupation, avec un régime moribond pleinement engagé dans la Collaboration. 
3/ Depuis février 1943, devant l’échec du volontariat, Vichy a instauré le Service du Travail Obligatoire, forçant les jeunes Français à partir dans les usines allemandes. Le STO vient renforcer les rangs de la Résistance française.
4/ Les différents mouvements se sont progressivement structurés et deviennent de plus en plus actifs, même après l’arrestation et la mort de Jean Moulin, le chef du Conseil National de la Résistance, en juillet 1943.
5/ Les écrivains Jean Prévost et Pierre Dalloz, installés à #Grenoble, conçoivent un plan pour établir un maquis dans le massif du Vercors, entre Isère et Drôme. Avec un plateau protégé par des barrières rocheuses, il apparaît comme une forteresse naturelle et un refuge idéal.
6/ Couvert de forêt, d’un accès difficile, le Vercors permettrait aux Résistants de se regrouper et de constituer des réserves. Ils pourraient harceler les forces allemandes et soutenir les débarquements alliés à venir. Jean Moulin soutient ce projet dit "Plan Montagnards".
7/ Dès le début de 1943, 9 camps s’installent sur le plateau, avec près de 500 hommes. Le STO mais aussi les exactions de Vichy, de sa Milice et de la Gestapo poussent toujours davantage de jeunes à "prendre le maquis".
8/ Les maquisards du Vercors multiplient les sabotages pour désorganiser le ravitaillement allemand. Ils organisent reconnaissances et surveillances. Mais leurs moyens sont limités en nourriture et en armes. Ils doivent compter sur la sympathie des habitants qui les entourent.
9/ Fin 1943, un premier parachutage allié d'armes et de matériel a lieu dans la prairie de Darbounouze sur les hauts plateaux du Vercors drômois. En représailles, un jour d’avril 1944, le village de Vassieux est l'objet d'une opération de répression.
11/ 25 camions de la Milice française, placée sous le commandement de Raoul Dagostini, arrivent alors sur le plateau. Plusieurs fermes sont pillées et incendiées, des habitants sont torturés et déportés. Trois d'entre eux sont fusillés.
12/ Mais ce jour-là, les maquisards évitent l'affrontement. Ils se réservent pour le débarquement qu’ils attendent pour bientôt. Le 1er juin 1944 justement, Londres envoie un premier message : "Il y a de l'eau dans le gaz". Pour les Résistants du Vercors, le moment approche...
13/ Le 5 juin, veille du débarquement en Normandie, un nouveau code est diffusé : "le Chamois des Alpes bondit". Cette fois, c’est le signal. 4 000 maquisards impatients d’agir se réunissent sur le plateau. Ils sont placés sous le commandement du lieutenant-colonel François Huet.
14/ Euphoriques, ils proclament la "République libre du Vercors" et se dotent d’une administration civile, le "Comité de libération nationale du Vercors", présidé par Eugène Chavant. Les décrets de Vichy y sont abolis et toutes les lois de la République sont remises en vigueur.
15/ L’espoir est à son comble. Convaincus que des renforts vont arriver, les combattants du Vercors veulent harceler l’ennemi. Malheureusement, aucune aide n’arrivera en dehors de quelques matériels. Les maquisards, assaillants potentiels, vont devenir des assiégés piégés.
16/ Les Allemands, provoqués par le déploiement d'un immense drapeau aux couleurs de la République Libre du Vercors, visible depuis la vallée, décident d’en finir, surtout qu’ils prennent au sérieux la menace d’une tête de pont alliée entre Grenoble et Valence.
17/ Sous le nom de code Aktion Bettina, l’assaut est déclenché le 21 juillet 1944 par la 157e division qui avait déjà sévi au printemps aux Glières. Cette division alpine, forte de plus 14 000 hommes, est aguerrie et connaît bien les combats en montagne.
18/ La Luftwaffe bombarde le plateau et des chasseurs-parachutistes sautent sur Vassieux. Dans le même temps, plus au nord, les soldats allemands placés sous le commandement du Général Karl Pflaum avancent par la route. Ils parviennent le 22 juillet au village de Valchevrière.
19/ Ce village est stratégique car il contrôle l’une des routes principales du Vercors. Le lieutenant Abel Chabal et ses hommes, luttant à un contre cinq, résistent héroïquement pendant 24 heures pour retarder l'avance allemande. Chabal, meurt le 23 juillet les armes à la main.
20/ La Wermacht rase toutes les maisons de Valchevrière et n’épargne que la petite chapelle. Submergés par le nombre et les armes, les Résistants du Vercors ne peuvent plus combattre. François Huet ordonne la dispersion des derniers groupes de maquisards.
21/ Fin juillet, le maquis du Vercors n’est plus. Quelques jours plus tard, le 15 août, les Alliés débarquent en Provence et font basculer définitivement le rapport de force. L’armée allemande va désormais battre en retraite. Strasbourg est libérée le 23 novembre.
22/ Bilan de cette opération, la plus vaste menée en France contre la Résistance : 639 tués et 201 civils du côté français (incluant des exécutions sommaires et des atrocités), 573 maisons détruites et 41 habitants déportés. Du côté allemand, 65 tués, 133 blessés, 18 disparus.
23/ Les combattants du Vercors ont-ils été trahis ? Oubliés ? Trop pressés ? Je n’entrerai pas ici sur les raisons de la tragédie, même s’il est avéré qu’entre les combats en Normandie et la préparation du débarquement de Provence, le Vercors n’était pas une priorité alliée.
24/ Ce thread vise simplement à rendre un hommage à ces jeunes combattants et à ces habitants du Dauphiné que nos mémoires ne doivent jamais oublier. Près de 76 ans après cet acte héroïque qui honore l’âme de la France, juste dire MERCI !
25/ C’est aussi l’occasion de rappeler ce que l’un des chefs maquisards, Pierre Tanant, écrivit après la guerre :
"Sur ce vaste plateau, des Français de toutes origines et de toutes opinions ont su se grouper et s'unir avec la seule ambition d'échapper à la servitude..."
"Sur ce vaste plateau, des Français de toutes origines et de toutes opinions ont su se grouper et s'unir avec la seule ambition d'échapper à la servitude..."
26/ Il ajouta ces mots magnifiques : "Tant de sang versé a fait de ces montagnes une terre sacrée, une terre qui doit être maintenant respectée comme un sanctuaire où le flambeau de notre liberté a été rallumé, comme l'un des berceaux de la Renaissance française"
FIN
FIN
