Thread by @maxcordiez

Un graphique intéressant bien qu'un peu technique sur les réserves de #pétrole conventionnel.

Explications.

[1/X]

Graphique : Jean Laherrère

Les réserves prouvées (1P) sont celles qui ont 90% de chances d'être récupérées. Pour les réserves probables (2P) c'est 50% et pour les réserves possibles (3P) 10%.

[2/X]

Donc le volume des réserves 1P (estimation conservative) est inférieur à celui des 2P, lui-même inférieur à celui des 3P (estimation "si on a de la chance"). C'est logique.

[3/X]

Sur le graphique du premier message, ce n'est pas ce qu'on observe (surtout dans les décennies récentes). Si les réserves 2P sont passées par un pic dans les années 80, les réserves 1P semblent croître en permanence !

[4/X]

En fait, il s'agit des réserves 1P _déclarées_ : celles que vous pouvez trouver dans les tableurs du BP Statistical Review ou données de l'AIE. Elles sont souvent définies de façon politique.

[5/X]

Par exemple, les pays de l'OPEP les surestiment car elles conditionnent leurs quotas d'extraction, et ils ne les réévaluent jamais à la baisse pour cette raison (alors que les extractions les vident).

Quelques exemples ci-dessous (tracés d'après les données BP).

[6/X]

L'Arabie saoudite.

[7/X]

L'Azerbaïdjan.

[8/X]

L'Algérie.

[9/X]

Notons quand même que ce n'est pas le cas partout. Les majors côtées (Total, Eni, ExxonMobil, Chevron, Equinor...) ont des obligations de transparence sur les réserves des gisements qu'elles exploitent.

[10/X]

Les réserves de certains pays sont donc déclarées de manière plus transparente. Ci-dessous l'exemple de la Norvège.

[11/X]

Et du Royaume-Uni.

[12/X]

Dans le graphique du 1er message (que je reposte ci-dessous), la courbe rouge correspond aux réserves 1P déclarées et les courbes vertes aux réserves 2P reconstruites.

[13/X]

En effet, il existe des cabinets d'analyse pétrolière qui réalisent des estimations des réserves, qu'elles vendent ensuite (fort cher) à l'industrie pétrolière. Ça permet d'avoir une idée de ce qu'il y a de vraiment accessible dans le sous-sol de certains pays.

[14/X]

Si on repart du graphique, aujourd'hui les réserves 2P doivent être aux alentours de 600-700 Gb, or on consomme environ 24,5 Gb/an de pétrole conventionnel (au sens strict, donc sans compter les liquides de gaz).

[15/X]

Les réserves 2P équivalent donc à 24-29 ans d'extraction au niveau actuel. Or on ne peut pas extraire sans contrainte jusqu'à ce que les réserves soient vides : les extractions doivent passer par un pic longtemps avant que les réserves soient épuisées et décliner ensuite.

[16/X]

De fait, pour le pétrole conventionnel qui nous intéresse ici, c'est déjà le cas. Le pic a été passé en 2008 et l'Agence internationale de l'énergie précisait en 2018 (rapport WEO) que depuis lors, les extractions avaient diminué de 2,5 millions de barils par jour.

[17/X]

Les extractions totales ont augmenté depuis "grâce" aux liquides de gaz et pétroles non conventionnels mais avec le conventionnel qui est en déclin, ça va devenir de plus en plus difficile. Et depuis 2018, les extractions tous pétroles confondus déclinent.

[18/X]

L'histoire dira si 2018 a été l'année du passage du pic pétrolier tous liquides confondus (conventionnel + liquides de gaz + non conventionnel). C'est assez probable et si ça n'était pas le cas, il y a de fortes chances que le pic ne soit plus très éloigné.

[19/19]