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77/n Je reprends, la synthèse que j'avais débuté, avec de probables interruptions, nous verrons et je rappelle ce que nous avions vu jusqu'ici.
78/n A savoir que les coronavirus saisonniers peuvent aussi provoquer des formes graves voire mortelles quand ils rencontrent des sujets vulnérables, que l'épidémie se propage de manière explosive par le biais de gros clusters.
79/n Ces clusters importants constituent un accélérateur puissant de l'épidémie et augmentent de manière exponentielle le nombre et la proportion des personnes infectées dans un groupe, jusqu'à 5% par jour dans le cas du Charles de Gaulle>
80/n >mais nous avons aussi des indices qui nous permettent de penser qu'ils augmenteraient l'inoculum (dose infectante) et que celui-ci serait associé à une sévérité plus importante des infections, comme l'est la charge virale.
81/n Cela et le fait que la propagation soit hétérogène, avec une minorité de sujets contaminant un grand nombre d'autres dans des circonstances précises permet d'espérer: 1- que les présupposés sur une propagation et une sévérité linéaires et constantes de l'épidémie sont faux,
82/n 2- que nous avons un pouvoir de contrôle sur la sévérité de l'épidémie avec des mesures relativement peu contraignantes.
83/n D'un autre côté les enfants, qui semblent aussi susceptibles à l'infection que les adultes malgré ce qu'on avait cru initialement, sont plus souvent asymptomatiques ou peaucisymptomatiques que les adultes ce qui explique qu'ils soient peu "visibles" pour la surveillance épi.
84/n Concernant la réponse au sondage sur les vaccins, de manière assez logique une majorité relative a répondu que les vaccins étaient utiles s'ils empêchaient les cas sévères devant être hospitalisés en réanimation
85/n On nous a répété que l'objectif du confinement était d'aplanir la courbe donc d'étaler les cas graves dans le temps afin que les services hospitaliers et de réanimation ne soient pas débordés.
86/n Parler des vaccins nous oblige à nous interroger sur le sens du mot "protection", employé à tout bout de champ, y compris dans des articles scientifiques, alors que, du point de vue scientifique il ne veut rien dire. C'est seulement un mot qui a des connotations positives.
87/n Cette notion de protection contre la covid19 qui serait synonyme d'anticorps sérologiques neutralisants est une sorte d'idée reçue, de dogme qui domine dans la conceptualisation actuelle de la Covid19.
88/n Et ce n'est pas seulement le fait des journalistes, c'est une idée qui est reprise par des organismes comme al HAS, par des scientifiques comme Drosten, l'épidémiologiste qui conseille Angela Merkel has-sante.fr/upload/docs/ap…
89/n L'idée est que nous serions "protégés" contre la Covid19 si et seulement si nous étions capables de produire suffisamment d'anticorps sérologiques type IgG neutralisants.
90/n D'où vient cette idée que pratiquement rien ne vient étayer? Des habitudes prises d'une part et des dogmes dominants, d'une vision technocentrée qui veut que la réalité s'adapte à la technologie et aux solutions proposées, plutôt que l'inverse. Nous en reparlerons.
91/n Mais s'il y a quelque chose que cette crise nous a montré c'est l'étendue de notre ignorance et notre manque de curiosité. Car, si, habituellement, les quelques idées reçues qui tournent en boucle chez les experts peuvent passer pour de la connaissance>
92/n nous nous sommes aperçu que lorsque nous avions besoin de vraies connaissances et de vraies réponses au sujet d'une simple infection respiratoire apparentée à la grippe, tout ce que nous pensions savoir ne nous était pas d'un grand secours.
93/n Pour savoir si les anticorps sérologques neutralisants ont vraiment un intérêt pour la protection contre la Covid19, il nous faut élargir le champ de réflexion et non faire semblant mais vraiment essayer de comprendre le déroulement de la réaction immunitaire à la Covid19.
94/n Je reviens en arrière vers l'étude de Wolfel, que j'avais longuement décrite et qui dessinait déjà des pistes cohérentes avec une abondante littérature récente mais aussi très ancienne. Voici des extraits importants
95/n En résumé Wolfel et coll ont établi que la charge virale était déjà élevée avant le début des symptômes, d'où une probable contagiosité pré-symptomatique qui a été confirmée par la suite par une approche épidémiolgique.
96/n Mais aussi que charge virale élevée ne signifiait pas nécessairement contagiosité car cette charge virale élevée pouvait correspondre à du matériel génétique isolé provenant de virus inactivés par le système immunitaire.
97/n Ils ont aussi démontré que la réponse sérologique par des anticorps type IgG survenait APRES le pic de réplication virale et ne semblait pas associée à une évolution clinique favorable mais en revanche avec une propagation de l'infection aux poumons.
98/n Et surtout ils ont conclu qu'il existait deux phases dans l'infection, une phase se déroulant dans les voies aériennes supérieures, et une autre, postérieure à la première, se déroulant au niveau des voies aériennes inférieures.
99/n Il faut ici rappeler que parmi les 7 coronavirus connus pouvant infecter l'Homme, quatre, les coronavirus saisonniers n'infectent que les voies aériennes supérieures, et deux, le SARS et le MERS, n'infectente que les voies aériennes inférieures, le SARS-CoV-2 infecte les 2.
100/n On peut le dire autrement: le SARS-CoV-2 se comporte comme les coronavirus saisonniers au niveau du naso-oro-pahrynx, mais, s'il atteint les poumons il se comportera comme le SARS ou le MERS entraînant un risque de complication élevé chez un groupe de personnes fragiles.
101/n Le rôle central des lymphocytes T, ainsi appelés car ils proviennent du thymus avait déjà été évoqué par plusieurs auteurs pour le SARS et le MERS: ces auteurs pensaient que les seuls lymphocytes T, sans l'aide des anticorps, étaient capables d'éliminer les virus.
102/n Des étude expérimentales chez la souris sont venues conforter cette hypothèse nature.com/articles/s4157…
103/n Les lymphocytes T sont des leucocytes ou globules blancs agents de la réponse adaptative, c'est à dire qu'ils ne réagissent que s'ils ont déjà rencontré les antigènes qui se présentent mais se trouvent à l'interface des réponses adaptatives et innée qu'ils coordonnent.
104/n Le thymus qui prduit les lymphocytes T, est au summum de ses capacités chez le nouveau-né et il dégénère progressivement avec l'âge, en fonction de facteurs génétiques et environnementaux/comportementaux.
105/n Chez un sujet de 50 ans son fonctionnement, est, en moyenne, déjà bien détérioré. J'en avais parlé ici
106/n L'âge étant, de très loin, le principal facteur de risque d'évolution vers une forme compliquée et sévère de l'infection due à la Covid19 on peut faire l'hypothèse que celle-ci serait en lien avec la dégradation de la fonction thymique.
107/n Une étude récente très intéressante, menée en Suisse, encore une étude financée par des fonds publics, soit dit en passant, nous apprend des choses de la plus haute importance concernant le rôle des IgA dans la réponse immunitaire à la Covid19.biorxiv.org/content/10.110…
108/n Dans une autre étude, étude expérimentale datant de 1967 dont j'avais déjà parlé, les auteurs faisaient l'hypothèse que c'était la réponse immunitaire aux coronavirus au niveau de la muqueuse nasale qui déterminait l'importance des symptômes.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/P…
109/n C'est ce que confirme, avec des moyens techniques bien plus sophistiqués, l'étude suisse de Cervia et coll: la sécrétion locale d'IgA secrétoire ou tissulaire est très fortement corrélée avec la présence et l'importance des symptômes.
110/n comme c'est compliqué je vous conseille de lire l'entretien avec Drosten, traduit par @Hergeloffeni sur son blog, qui explique plutôt bien le sujet, même s'il ne semble pas vouloir en tirer les conclusions qui s'imposent.inf-covid.blogspot.com/2020/06/groupe…
111/n Si vous avez pris la peine de lire l'interview de Drosten, vous avez déjà des éléments de compréhension de cette étude relativement complexe. Voici quelques explications complémentaires.
112/n Les auteurs ont constitué d'abord deux groupes: 1- un groupe de 56 patients PCR+ âgés de 61 ans en moyenne qui ressemblent donc aux patients qui ont été dépistés en France à l'hôpital, 2-un groupe de 109 soignants potentiellement exposés à la Covid19 (âge moyen 36 ans)
113/n Le premier groupe, celui des 56 patients avaient donc tous été infectés par le SARS-CoV-2 et étaient tous symptomatiques, voire, avaient présenté des syndromes de détresse respiratoire.
114/n Le deuxième groupe, celui des 109 soignants choisi car exposés à la Covid19, était un groupe hétérogène quant au statut PCR et aux symptômes.
115/n Alors que tous ont été testés une fois pour le PCR et les IgA et IgG sérologiques par un test Elisa ciblant la protéine S1, seul un sous groupe de 33 parmi les 109 soignants exposés a été testé, en plus, pour la présence d'IgA secrétoires locales.
116/n Les auteurs ont constaté que toutes sortes de profils immunitaires étaient possibles: ont peut être PCR+ et IgG-, c'est à dire avoir été en contact avec la Covid19 et ne pas développer d'IgG, on peut être PCR- et IgG- mais avec des IgA tissulaires positifs...
117/n La dsitribution, positive ou négative des tests ne se faisait pas au hasard, mais il existait des corrélations entre les tests et avec l'âge, la sévérité et la durée de la maladie.
118/n Ainsi les anticorps sérologiques IgG et IgA étaient positivement corrélés à l'âge, à la durée et à la sévérité de la maladien c à d que plus la symptomatologie était sévère et la durée de la maladie longue plus les IgG et les IgA étaient élevés
119/n Au contraire les IgA sécrétoires spécifiques de la protéine S, produites localement par la muqueuse étaient inversement corrélées à l'âge.
120/n Certains parmi les 33 soignants exposés testés pour les IgA sécrétoires pouvaient être à la fois PCR- et IgG - mais présenter cependant des IgA secrétoires spécifiques dans les fluides (larmes, salive, mucosités nasales) attestant d'une infection par le SARS-CoV-2.
121/n Logiquement, les sujets avaient d'autant plus de chances d'avoir des IgG et IgA sériques qu'ils étaient à la fois PCR+ et symptomatiques.
122/n Cela a d'importantes implications pour les enquêtes épidémiologiques visant à estimer la proportion de la population infectée par le SARS-CoV-2, car cela nous montre que les tests utilisés en routine ne détectent qu'une partie des infectés.
123/n D'autre part, en fonction des corrélations retrouvées, sont en mesure de proposer un modèle avec 4 groupes symptomatiques aux profils immunitaires distincts
124/n J'ai fait un petit tableau pour synthétiser ces observations et montrer leurs implications sur le plan épidémiologique.
A suivre...
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