Avec le confinement, puis le déconfinement, de nombreuses communes ont pu mener une expérience politique à grande échelle : l'arrêt du stationnement payant dans le centre-ville. Certains maires ont prolongé la gratuité après la fin du confinement, "pour voir".
Et c'est là que ça devient passionnant : dans bien des villes moyennes, l'instauration du stationnement payant n'est pas si ancienne, mais pas mal de citoyens en ont oublié les raisons, se plaignant de leurs élus qui veulent leur piquer leur argent d'automobilistes.
Certains commerçants aussi ont la mémoire courte, déplorant le payant alors que leurs représentants ont souvent été, il y a 10, 20 ou 30 ans, à l'origine de sa mise en place pour libérer des places à proximité de leurs magasins (source : mon expérience de localier).
Je vous propose une petite sélection d'articles avec des propos d'élus, de riverains et/ou de commerçants. Vous noterez que les situations sont assez similaires partout en France, avec une pression automobile supplémentaire à l'approche de l'été dans les villes touristiques.
"Les premiers parkings rendus payants étaient ceux du Commandant L’Herminier et des Martyrs en 2007. [...]
L’enjeu était et demeure de favoriser une rotation des automobilistes au profit des commerçants, des services publics, de l’offre culturelle"
amp.ouest-france.fr/pays-de-la-loi…
L’enjeu était et demeure de favoriser une rotation des automobilistes au profit des commerçants, des services publics, de l’offre culturelle"
amp.ouest-france.fr/pays-de-la-loi…
"Le problème ce sont les gens qui travaillent et qui restent garés toute la journée devant leur magasin [...] Il y a des abus de certains habitants qui en profitent pour se garer en bas de chez eux."
leparisien.fr/amp/oise-60/a-…
leparisien.fr/amp/oise-60/a-…
"Nous observons malheureusement l’encombrement de nombreux parkings par des voitures résiduelles stationnant sur place plusieurs jours d’affilée. Cette situation pénalise la fréquentation commerciale et l’accueil de nos touristes"
ledauphine.com/economie/2020/…
ledauphine.com/economie/2020/…
"Si les Bayeusains ont évidemment apprécié cette gratuité, elle n’était pas forcément du goût de tous les commerçants depuis la réouverture des magasins le 11 mai, regrettant le phénomène des « voitures ventouses »."
actu.fr/normandie/baye…
actu.fr/normandie/baye…
"« L’autre objectif était aussi pédagogique » souligne le maire, « pour que chacun se rende compte qu’une ville de la taille de Chambéry sans stationnement payant est invivable économiquement parce que l’on ne peut pas s’y garer »."
ledauphine.com/economie/2020/…
ledauphine.com/economie/2020/…
"Le bilan semble sans appel (à quelques exceptions près... pour l'instant) : commerçants, clients, habitants et élus ont testé, ont vu le résultat, et repassent les centres-ville au stationnement payant"
ouest-france.fr/pays-de-la-loi…
ouest-france.fr/pays-de-la-loi…
"Un choix payant pour les commerçants thionvillois. Un choix perdant pour les finances municipales : « Le manque à gagner sur cette période ? 540 000 €», comptabilise Pierre Cuny. Une somme conséquente."
republicain-lorrain.fr/economie/2020/…
republicain-lorrain.fr/economie/2020/…
Ci-dessus, un excellent exemple de mauvaise politique publique... et de #ComPol déficiente : le motif financier ne peut être invoqué par un élu, car ça ne fait de sens ni pour les clients/habitants (rançonnés) ni pour les commerçants (dont l'intérêt n'est pas prioritaire).
Maintenant, parlons un peu journalisme, parce que le fascinant sujet du stationnement est souvent très maltraité au prétexte de l'info-service. Ci-dessus, j'ai essayé de partager divers types d'articles, sauf ceux qui se contentent de relayer l'info de base (gratuit/payant).
L'un des tout meilleurs croisés sur les internets est celui du @LeParisien_60 : différents types d'interlocuteurs, explications, contexte, info service aussi, plutôt pas mal donc (on pourrait bien sûr aller encore plus loin). Le lecteur peut se faire un avis vaguement informé.
À l'autre bout de l'échelle, on va trouver les articles de pure info-service. La tragédie du stationnement est qu'il s'y prête très bien tout en étant aussi (mais comme souvent en locale, en fait) une question poliitico-sociale d'une grande complexité.
Mon point de vue éditotial : le papier info-service, dès qu'il sort de la brève de 500-1000 signes qui assume de n'être que ça, dessert massivement les lecteurs, les élus, et la démocratie locale en général. Certes, il est facile et rapide à produire rapidement, et fera du clic.
Mes reproches vont aux papiers "intermédiaires", ni brève ni papier complet. L'exemple typique, comme ci-dessus : l'info brute accompagnée de propos du maire ou d'un élu, mais manquant de contexte, de reportage, d'un petit historique, des avis d'habitants et de commerçants.
Le problème de ces papiers, à mon sens : ils sont alors forcément très orientés car trop partiels. Hypothèse heureuse : ce qui est écrit, bien qu'incomplet, reflète fidèlement la situation car le journaliste s'en est tout de même assuré sans l'écrire.
Le truc, c'est que le lecteur n'a aucun moyen de le savoir, si le papier ne reflète pas le travail journalistique, il se rabat donc sur l'hypothèse la plus logique (et la plus courante...) : on n'a rien vérifié donc le journal n'est qu'un relai de la parole de l'élu cité.
Résultat : ce papier ni gros ni petit n'apporte pas grand-chose au lecteur, voire le désinforme activement. Il a perdu son temps. Le journal a perdu une occasion de montrer la valeur d'un travail journalistique sur un sujet éminemment politique et complexe.
Beaucoup d'articles suivent ce modèle, en réalité, que ce soit en locale ou au national. A titre personnel (et professionnel), je suis fermement opposé aux sujets qui en disent trop ou trop peu. Je n'ai rien contre l'info-service, la petite actu chaude...
Mais à la condition qu'on ne prétende pas faire plus que la transmettre au lecteur, sans prétention journalistique. Alors oui, certaines questions peuvent être traitées en 1000 à 4000 signes. Bien d'autres ne le peuvent pas, ou alors au risque de la crédibilité du journal.
Car le lecteur un peu connaisseur va voir que la présentation de ce sujet qu'il sait complexe et nuancé est partielle. Il le dira autour de lui, soyez-en sûr. Et quand ça touche à la politique, à la société, le journaliste devient alors un facteur d'opacité plutôt que de clarté.
Donc si je devais tirer une leçon : choisissez, brève ou papier fouillé... mais passer une petite info + une petite citation + un propos approbateur, à la fin on en paie tous les conséquences négatives. Perso, les papiers intermédiaires me frustrent intensément.
La notion de papier "intermédiaire" étant étroitement corrélée à la complexité du sujet, comme écrit plus haut. Sur le stationnement, ça semble compliqué de faire propre en moins de 3500 signes par exemple, au risque d'écrire si court et compact que des éléments manquent.
C'est commun en locale, avec des journaux qui sont passés à des cadres bien trop petits, parfois 4000 jusqu'à 2500 signes max dans certains titres. C'est se tuer soi-même ! Mais aussi au national, sur des sujets trop complexes pour se suffir de 4000, 6000 ou 8000 signes.
Comme d'habitude, si vous n'êtes pas d'accord, vos commentaires, remarques, critiques sont les bienvenues ! Pardonnez le ton un peu engagé du thread, ces questions me tiennent à cœur et j'ai pas mal de souvenirs de localier à propos du stationnement...
