[THREAD] Paris, 12 juin 1418. Le connétable Bernard VII d’Armagnac est sorti de sa prison et assassiné par des Parisiens enragés. Mais sa mort ne l’empêche pas de continuer de jouer un rôle ds les affaires du royaume. En effet, son cadavre a une carrière politique bien remplie…
D’abord, le contexte. C’est la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Ces derniers, soutenus par des Parisiens, entrent dans la capitale dans la nuit du 28 au 29 mai. Débute alors une chasse aux Armagnacs : le connétable est arrêté et emprisonné à la Conciergerie.
Puis, c’est le massacre. On vide les prisons. Plus de 1500 Armagnacs ou supposés tels sont tués, dont leur chef Bernard VII, comte d’Armagnac, connétable de France et virulent opposant au duc de Bourgogne Jean Sans Peur. Mais le tuer ne suffit pas. Il faut humilier sa dépouille.
On découpe une bande de chair sur sa poitrine pour figurer le symbole du parti armagnac. Le cadavre est traîné dans les rues durant trois jours et jeté dans un tas de fumier ou une fosse commune. C’est une manière de le déchoir de son rang et de marquer la victoire bourguignonne.
Dans une société fondée sur l’honneur, un tel traitement marque les esprits. A travers le cadavre du connétable (et d’autres chefs armagnacs), ce sont tous ses partisans qui sont humiliés. Y compris le dauphin Charles, qui a dû fuir Paris mais n’est pas du genre à oublier…
Le 13 avril 1436, son armée, dirigée par le connétable de Richemont, reprend Paris. Le temps de la réparation est venu. Richemont fait exhumer le cadavre du connétable d’Armagnac et lui offre une sépulture digne de ce nom dans le chœur de l’église de Saint-Martin-des-Champs.
Charles VII attend le 12 novembre 1437 pour faire son entrée solennelle en armure et avec son armée, histoire de rappeler à tous qu’il a dû soumettre la ville, qui lui a résisté, par la force. Bref, il a la rancune tenace. Et il n’a pas oublié Bernard d’Armagnac, ni son cadavre…
Deux semaines après, le 25 novembre, un magnifique service funèbre est organisé à Saint-Martin-des-Champs. Y assistent le roi, la cour et 4000 personnes. Il s’agit de célébrer la mémoire de Bernard d’Armagnac et la fin d’un long combat de vingt ans. Mais pas seulement…
A cette occasion, le cercueil du connétable est à nouveau déterré pour être emmené sur ses terres et définitivement inhumé à Auch. Là encore, la politique n’est peut-être pas loin car le comte Jean IV d’Armagnac, fils du connétable, est en train de se rapprocher des Anglais.
Par ce geste, Charles VII cherche peut-être à le détourner de cette tentation anglaise et à le faire revenir dans son giron : le comte d’Armagnac est l’un des plus puissants personnages du sud-ouest du royaume et son soutien est essentiel pour prendre le contrôle de la Guyenne.
En vain. Le comte ne soutiendra le roi que lorsque cela s’accordera avec ses propres intérêts. Quant au cadavre du connétable d’Armagnac, une fois inhumé dans son domaine, il repose enfin en paix. Après presque vingt ans d’une carrière politique plutôt agitée.
Merci à Christophe Furon pour la préparation de ce thread, vous pouvez le retrouver dans l'épisode 29 du #podcast où il vous parlait de La Hire et Poton de Xaintrailles, deux fidèles de Charles VII qui ont combattu aux côtés de Jeanne d’Arc ⬇ passionmedievistes.fr/episode-29-chr…
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Je parle peu de politique sur ce compte, mais ce qui se passe est très grave, donc clairement je vous invite à voter ce week-end, pour le Nouveau Front Populaire et contre le RN/FN.
Sous un gouvernement d'extrême droite je ne pourrais pas continuer ce podcast sereinement.
L'extrême droite est l'inverse de toutes mes valeurs, de tout ce que j'essaye de défendre dans ce podcast.
Donc j'ai peur, vraiment, pour toutes les personnes racisées, lgbtqia+, les femmes, les pauvres, les personnes qui souffrent déjà et qui risquent de souffrir encore plus.
Mes mots sont hésitants et maladroits, mais en tant que média il est de mon devoir de m'engager.
Et si mon discours vous dérange, réfléchissez au monde dans lequel vous voulez vivre, et je vous invite à ne plus me suivre.
#Thread
Au Moyen Age déjà, des villes se préoccupent de fournir un service public de santé de qualité. A l’occasion de la sortie de l’épisode 53 "Alexis et l’Adriatique", découvrez comment fonctionne le service de santé de la République de Raguse (aujourd’hui Dubrovnik).
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Venise, Zadar, Split et d’autres villes ont compris l’intérêt politique et économique d’avoir une population en bonne santé et de faire en sorte que tout le monde ait accès aux soins. Elles s’inspirent des archiatres byzantins, des médecins payés pour rester en un lieu.
A partir d’au plus tard la fin du XIIIe siècle, la République de Raguse instaure ce système de médecins communaux. En 1440, elle salarie ainsi 4 médecins (2 physiciens et 2 chirurgiens) tenus de soigner gratuitement les Ragusains. #medievaltwitter
[THREAD] Les anonymes aussi font l’histoire. La vie du paysan Perrot Amiot est bouleversée par la guerre de #CentAns. A la fois victime et acteur du conflit, il adopte une attitude qui illustre les difficultés & choix auxquels les populations sont confrontées en temps de guerre.
Nous sommes à Aubevoye, dans la Normandie anglaise, au sud-est de Rouen, en 1429. Perrot Amiot est un « povre homme laboureur » d’environ 20 ans, « chargié de femme et de pluseurs petiz enfans ». Il est aussi l’un des dix hommes chargés de défendre sa paroisse.
Avec les Anglais, il participe à la défense de Louviers contre le redoutable capitaine français La Hire. En vain : ce dernier s’en empare le 29 décembre 1429 puis s’en sert de base pour mener des raids dans la région, histoire de faire du butin et d’embêter les Anglais.
[THREAD] Tout le monde a entendu parler de la guerre de Cent Ans, ce conflit qui oppose la France et l’Angleterre de 1337 à 1453.
Mais savez-vous d’où vient cette expression ? Petit indice : elle ne date pas du #MoyenAge…
En effet, les contemporains n’ont pas vraiment conscience qu’un nouveau conflit s’ouvre en 1337. Les rivalités franco-anglaises durent depuis le XIIIe siècle et, de temps en temps, les deux rois se font la guerre : la Gascogne est ainsi le théâtre de combats entre 1294 et 1297.
Les contemporains ont tout de même conscience d’une certaine cohérence des événements et de la longue durée de ce conflit, qu’ils désignent comme « la guerre contre les Anglais ». La chancellerie royale désigne d’ailleurs ces derniers comme « nos anciens ennemis et adversaires ».
🎼 Avec un peu de retard je vous propose de fêter la #FeteDeLaMusique2020, ou juste de vous faire sourire en ce lundi, avec ma sélection de chansons reprises à la mode #MoyenAge ⬇