Thread by @DocteurGonzo4

#Thread Un fait saillant de la France contemporaine est son glissement autoritaire.

Cette dynamique offre à la police un rôle politique de plus en plus important.

Comprendre la manière dont la police participe à la bataille politique est le sujet de ce livre

@davduf montre à quel point, face aux violences policières, le téléphone portable est devenu l’arme des désarmés. Si il n’enraye pas les violences policières, il permet au moins de les documenter

et de rééquilibrer un peu le rapport entre la parole policière/officielle qui bénéficie de la présomption de vérité et la parole citoyenne soumise à la présomption de suspicion. Ainsi, l’inventivité populaire a trouvé un nouvel outil de contrôle public des forces de l’ordre.

Les vidéos constituent maintenant un « enjeu narratif considérable » dont la police a compris l’importance. Elle y réagit en attaquant ceux qui la filment pour cacher le caractère systémique des violences policières ; et en développant sa présence sur les RS pour se valoriser.

Julien Coupat analyse l’efficacité de l’idéologie policière véhiculée par la série Engrenages, qui contribue à stabiliser l’ordre établi. Le narratif présente les policiers de base comme des personnages fondamentalement bien intentionnées,

et si elles font parfois de mauvaises choses c’est toujours pour les bonnes raisons, il montre que l’image est aujourd’hui beaucoup plus efficace dans la construction idéologique que les mots. Car « s’il est aisé de contredire […des mots], comment contredit-on une image ?

Paris, 1830 ; Petrograd, 1917 ; enseignent que la tournant révolutionnaire a eu lieu au moment où les forces de l’ordre ont rejoint l’insurrection. Pour produire un tel tournant il faut rappeler aux forces de l’ordre qu’ils font également partie de ce peuple qui se soulève.

Toutefois, un tel revirement chez les gardiens de l’ordre établi nécessite un travail conséquent de préparation. Éric Hazan considère ainsi les slogans comme « tout le monde déteste la police » contreproductifs.

L’insurrection du XXIe « ne sera pas une confrontation armée frontale, qui serait suicidaire ». Il estime qu’un soulèvement conduira à des tensions avec la police et qu’on ne vient pas à bout de ces gens-là avec des pavés et des barres de fer, on risque juste de se faire massacre

Bernanos propose une analyse du mouvement des gilets jaunes en termes d’alliances entre classes sociales contre un Etat qui a exposé la mobilisation aux violences policières et qui a instrumentalisé la présence de groupes et de thèses d’extrême droite.

En outre, les récentes mobilisations de policiers illustrent une certaine autonomie policière qui milite en faveur de politiques plus répressives. Ce processus montre que « la police s’inscrit dans un processus de fascisation en cours et qui grandit au cœur de l’Etat lui même »

la contribution de Frederic Lordon critique le slogan « la police avec nous ». Partant du constat que des individus violents sont surreprésentés à l’embauche des forces de l’ordre il s’intéresse à la manière dont l’institution gère cette propension à la violence.

Lordon estime que la bascule intervenue sous Macron consiste à abandonner l’effort d’équilibre entre violence légitime et responsabilité en suggérant aux flics : « faites ce que vous voulez » – une augmentation de la marge de manœuvre accueillie favorablement par l’institution.

Ainsi, il voit l’émergence d’un terrorisme d’Etat qui a pour corollaire d’ôter à l’Etat sa légitimité aux yeux de la population.

De fait, l’Etat n’a plus que la violence et la manipulation médiatique pour parer les charges populaires menées contre ses politiques anti-sociales.

@AmalBentounsi rappelle enfin que « tout projet de changement radical suppose de se dégager, quotidiennement, de sa propre docilité aux institutions »

La justice d’Etat est défaillante. Toutefois, opposer la justice d’Etat à la justice populaire est une fausse dichotomie qui obscurcit une troisième alternative. Cette alternative ce sont des formes organisées, communautaires de la justice populaire.

Après la lecture du livre « Police » il n’est plus possible d’exclusivement considérer la police comme un simple instrument du gouvernement.

L’appareil répressif d’État est en réalité aussi un appareil idéologique d’État.

Paul Rocher : contretemps.eu/police-autorit…