1/ Le contact tracing, à l'origine un outil épidémiologique, est en train de devenir un objet politique et juridique.
Alors que les confinements du printemps stoppaient l'activité économique de manière globale, les couvre-feu de l'automne visent des secteurs en particulier.
2/ Un peu partout en Europe, les décideurs sont donc sommés - dans le débat public ou devant les tribunaux - de justifier ces fermetures de bars, restaurants ou commerces. Et ils se heurtent très vite à un problème : ils manquent cruellement de données.
3/ Mis en place pour briser les chaînes de contaminations, le contact tracing n'a pas été calibré pour donner le nombre exact de contaminations dans les bars d'une région donnée. C'est pourtant ce qu'on exige maintenant de lui.
4/ A Berlin, un groupement de restaurateurs a fait annuler en justice le "couvre-feu" qui obligeait tous les établissements à fermer à 23h. Le tribunal administratif fonde sa décision sur les rapports publiés Robert-Koch Institut, le Santé Publique France allemand.
5/ Dans ceux-ci, il n'est pas fait mention des restaurants et des bars mais des fêtes de famille, des événements religieux et des maisons de retraites. Donc aux yeux de la justice qui se nourrit de preuves, il n'existe pas de problème spécifique avec les bars et restaurants.
6/ Il n'y a pas que la justice qui demande ces chiffres. Les politiques réclament à raison des données.
En France, on a vu la passe d'armes entre Mélenchon et Véran au sujet des "60% de contaminations" à l'école et au travail. Avec cette triste conclusion : on n'en sait rien.
7/ Même type de controverse en Allemagne. Toujours à Berlin, les sénateurs Verts du Land sont remontés contre l'agonie des clubs, presque totalement à l'arrêt depuis mars dernier, avec aucun horizon clair de réouverture.
7/ La fête étant pointée du doigt pour expliquer la résurgence du virus à Berlin, les Verts ont donc posé une question précise à l'administration de la Santé : au fait, combien y a-t-il exactement de contaminations dans les clubs et dans les bars ?
8/ Réponse :
- 1 cluster dans un club pour 8 cas (certains sont tjs ouvert en extérieur)
- 4 clusters dans des bars pour 62 cas
- 6 clusters dans des fêtes privées pour 87 cas
Conclusion des Verts : c'est parfaitement injuste, l'industrie de la fête n'y est pour rien !
9/ Dans le même temps, la ministre de la Santé de Berlin reconnaissait que la source de l'infection n'était pas connue dans 90% des cas. Un chiffre comparable à la situation française.
10/ Le contact tracing, totalement dépassé ces dernières semaines, n'est plus en mesure de jouer son rôle épidémiologique.
Il l'est évidemment encore moins quand on lui demande en outre d'appuyer par des données des décisions politiques.
11/ Il faudrait de toute urgence mener des enquêtes épidémio sur les lieux de contamination et ne pas se contenter des données fournies par le contact tracing, parcellaires et biaisées. Santé Publique France en a annoncé une pour dans quelques mois.
Les Anglais ont une chose formidable: une enquête de prévalence du Covid-19, des tests PCR effectués toutes les 2 semaines sur un échantillon représentatif de la population.
Derniers résultats : 0,7% de la population est positive, en forte augmentation.
Mais c'est surtout ce graphique qui retient l'attention. Le nombre de personnes positives a particulièrement explosé fin septembre dans deux catégories, les 7-11 ans et les 12-24 ans. Ce qui questionne fortement le rôle des écoles et universités.
Sur la base de ces chiffres préoccupants, un syndicat de professeurs demande de fermer urgemment les classes pendant deux semaines afin de reprendre le contrôle de la situation.
Une grosse étude américaine conclut que le risque de contamination dans les avions est "quasi non-existent". "99,7% des particules sont éliminées en 5 min avant d’atteindre les passagers les plus proches, grâce au système de ventilation des appareils".
Mais il y a plusieurs limites à cette étude. Déjà, elle a été commandée par United Airlines et le Département de la défense américain. Ensuite, elle ne prend en compte que le risque aérosol, sans évoquer un éventuel risque gouttelettes ou contact.
1/ On a beaucoup loué en France la politique allemande de lutte contre le Covid aux frontières.
J'ai testé pour vous : arriver en Allemagne depuis une des zones les plus touchées au monde. A savoir, prendre un avion Paris-Berlin.
2/ Le moins qu'on puisse dire, c'est que la politique n'est pas très au point. A aucun moment, le personnel à bord ou les autorités ne nous ont indiqué quelle était la marche à suivre en arrivant en Allemagne. On a juste rempli une feuille dans l'avion avec nos coordonnées.
3/ Une fois arrivé à l'aéroport, aucun contrôle, on peut sortir directement. Par acquis de conscience, j'ai qd même été faire un test à l'aéroport : ils sont gratuits mais non obligatoires. Là, par contre, organisation parfaite, j'ai pu être testé en 5 min (par des militaires).
Ce tableau est par ailleurs extrêmement peu précis sur les intitulés des clusters: quel rapport entre un abattoir, un commissariat de police, un open-space et un restaurant ? Ils sont pourtant tous classés dans "entreprises". Et il manque une donnée essentielle: le nombre de cas.
Voilà un tableau un peu mieux foutu, celui de l'ARS Ile-de-France sur les cas scolaires et universitaires. On voit qu'il y a beaucoup plus de clusters (80%) dans les écoles mais qu'il y a davantage de cas dans les universités (54%). Le genre d'informations dont on aurait besoin.
Faute de disposer de datas précises sur les clusters, le Conseil scientifique ne sait pas bien où les Français se contaminent. (source: Le Monde)
C'est un des gros problèmes de la réponse française face au Covid : sans ces précieuses données sur les lieux de contamination, on ne sait pas vers quel secteur porter notre attention et on prend des mesures générales peu utiles (port du masque en extérieur).
Bien sûr, on a des stats en France sur les clusters.
Mais les catégories sont si fourre-tout qu'on ne sait pas précisément où agir : combien de personnes contaminées chaque semaine dans les bars ? dans les restos ? dans les open-spaces ? dans les réunions de famille ?
Lisez attentivement cette tribune. A chaque fois que ce collectif de médecins prend la parole, le gouvernement reprend ses idées quelques jours plus tard.
Le masque en lieux clos en juillet et le masque en entreprises en août, c'était déjà eux.
Cette fois-ci, ils proposent d'agir pour la rentrée avec 4 mesures:
- recommander le port du masque en lieu clos pour tous les élèves plus de 6 ans et leur distribuer des masques
- améliorer la ventilation des salles de classe en s'aidant d'appareils de mesure de qualité de l'air
- mettre en place des procédures dédiées dans les zones de forte circulation virale (allègement des classes en alternant présentiel et enseignement à distance, limitation des contacts entre les classes)
- préciser la conduite à tenir lorsqu'un enfant est testé positif