Egalement : plus personne ne croit aux institutions : politiques, médiatiques, judiciaires… Plus aucune légitimité.
Imaginez 5 min vivre dans une société normale où vous pourriez avoir un minimum confiance en l’Etat, la Justice et les médias ? J'y arrive pas non plus.
Autre fait troublant : tous les Millenials que je connais ont cette sensation nostalgique d’avoir grandi pendant un « automne ».
Et cette nostalgie des 90’s se voit *légèrement* dans la culture actuelle).
Les auteurs du livre ont quelque doutes quant à la capacité des Millenials à endosser leur rôle politico-historique.
Et que s’ils n’y arrivent pas, l’Amérique court vers une nouvelle Guerre de Sécession…
Et on peut voir que les USA ont rarement été aussi divisés.
La fenêtre d’Overton s’est coupée en 2 : Républicains et Démocrates n’ont plus rien à se dire et se considèrent respectivement comme de dangereux extrémistes.
Pour les auteurs, les Millenials sont l’écho des Boomers, et leur rôle est d’effectuer la synthèse dialectique de la révolution culturelle américaine des années 60.
C'est à dire sauver les apports positifs (aux USA : femmes à peu près libres, personnes de même sexe qui peuvent se tenir la main dans la rue sans se faire lyncher, les Noirs ont le droit de vote) et éviter que la société ne se décompose complètement.
Et c’est vrai qu’en un sens, les Millenials de classe moyenne sont les vrais héritiers des Boomers : on connaît tous les Stones, Led Zeppelin, The Who, Jimi Hendrix. Au lycée, on avait les cheveux longs et on portait des Converse.
On est la dernière génération a avoir eu en tête cet idéal révolutionnaire hérité des Lumières, qui fait que depuis 300 ans l'Occident n'est pas la partie la plus sinistre du monde.
On est aussi la dernière génération a avoir eu un pied dans le monde d’avant, pendant notre enfance.
La parenthèse étrange des années 90, de la "Fin de l'Histoire" où il n'y a plus d'URSS, et pas encore d'islamisme ni de GAFA.
En ce sens, les Y n'ont rien à voir avec la Génération Z, tellement fragmentée qu'elle en est condamnée à la passivité politique, et à jouer paradoxalement son rôle d’« Artiste » :
Mais est-ce que les Millenials peuvent être des Héros « utilisables » d’un point de vue collectif, où ne sont-ils que les héros de leur propre narcissisme ?
Mardi c’était le 1er décembre, et on a vu ici pas mal de trentenaires annoncer la bave aux lèvres qu’ils allaient enfin pouvoir entamer leur calendrier de l’avent Kinder…
On reste la génération du selfie, de Tanguy, de l'adulescence et des Funko Pops, hein...
Egalement, une génération broyée par la crise, surdiplômée et totalement déclassée. Être propriétaire à 35 ans est devenu un luxe.
Donc comment on fait des Héros avec ça ? Comment on passe d’Instagram à Omaha Beach ?
Comment éviter que la Gen X ne sombre dans l'autoritarisme (kikoo Manu) et éviter que la Gen Z ne régresse vers un épisode de Black Mirror directed by Tariq Ramadan feat. Freeze Corleone ?
Pour relativiser, un petit détail : certes, la période est très chaotique et imprévisible.
Mais les niveaux de violence et de misère n'ont absolument rien à voir avec ce à quoi pouvait ressembler l'Amérique ou l'Allemagne des années 1920.
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
[Thread] : la transgression comme rite de passage à l’âge adulte en Occident (au programme : Georges Bataille, Jean Baudrillard, rituels et tabous) 🔽
Sociétés française et américaine partagent un mythe fondateur : l’idéal révolutionnaire.
Nous construisons notre identité citoyenne à travers ce mythe : un acte révolutionnaire contre une autorité normative.
Tout acte *réellement* révolutionnaire est bien sûr risqué et destructeur. Une action radicale ne l’est que si elle va contre la norme. Et les normes d’un groupe social majoritaire ne peuvent pas être radicales, par définition.
[THREAD] Il y a un livre sorti en 1997, "The Fourth Turning", qui dit que les Millenials (nés entre 1980 et 1996) sont des héros, faits pour sauver le monde lors d’une période de grave crise économique, politique et sociale dans les années 2020…
Ce livre émet l’hypothèse (pas très scientifique, mais stimulante et très troublante) que les générations américaines fonctionnent sur un système cyclique en lien avec 4 « saisons » civilisationnelles : printemps, été, automne, hiver.
Il y a environ un cycle par siècle, et chaque génération (périodes de +/- 20 ans), a un rôle spécifique à jouer à chaque saison.
Il faut vraiment arrêter de parler de "politique" en 2020, ce terme n'a plus aucun sens.
L'Amérique est devenue une république bananière comme les autres, où l'on vote (à 102%) avant tout pour une caste, une tribu, une race.
Où quand le président sortant perd, ça hurle à la fraude, ça plastronne à la télé, le pays est au bord de la guerre civile, des milices armées se baladent dans les rues.
Il faudrait parler de la large baisse des prénoms germaniques sublimes et poétiques en France (Hubert, Alphonse, Guerlain, Renaud, Guillaume, Adélaïde, Françoise, Geneviève...) au profit des prénoms génériques inventés à "sonorité" latine en -o ou -a.
Intervention très intéressante, qui montre bien le fossé qui existe entre baby-boomers et générations Y et Z, chaque camp accusant l'autre de ne pas être conscient de sa chance.
En fait, ce fossé générationnel est dû à des conceptions différentes du bonheur :
- les boomers ont soif de confort matériel
- les Y et Z ont soif de sens et de confort "spirituel"
Je me suis fait cette discussion en discutant un jour avec mon père, vrai baby-boomer, à qui je reprochait la chance d'avoir vécu un Âge d'Or pendant les Trente Glorieuses.