Thread by @WilliamReymond

🇺🇸 1- Nous sommes à la récap de l’épisode 38 et Donald Trump vient de perdre l’élection présidentielle. Pour la cinquante-huitième fois. La première fois dans les urnes, les 57 autres devant les tribunaux. Dont la plus retentissante, car la plus symbolique, lors de cet épisode.

2- Sans surprise, la Cour Suprême a refusé de se saisir de la plainte de l’AG du Texas. Une plainte anticonstitutionnelle, antidémocratique et truffée d’erreurs. Une plainte soutenue par 64% des républicains de la Chambre et Trump lui même. Qui après une succession d’échecs avait

3- assuré lui la promotion de la chose en apportant son soutien et en la présentant comme le « plainte ultime ». Celle qui allait tout défoncer. Ce qui n’a pas été l’avis de SCOTUS. 9 juges, 6 conservateurs dont 3 par Trump. Qui estimait du coup que ses derniers lui étaient

4- redevables. Erreur de calcul, Donald ! L’épisode 38 aurait du marquer la fin de notre saga... Comme plusieurs avant celui-ci. Mais Trump est hors normes. Et sa campagne nous a habitué à tout justifier. Surtout l’impossible. De nous présenter une défaite comme une victoire.

5- Puisque l’on ne change pas une stratégie qui gagne (même si ici, elle perd), c’est la porte-parole de la MB qui s’est collée à l’exercice. Pour expliquer que la plainte n’avait pas été entendue sur ses mérites mais rejetée sur le principe. Qu’en gros, SCOTUS n’a pas invalidé

6- les arguments de la plainte de Paxton. McEnamy joue évidemment sur les mots. Personne n’attendait une réponse justifiée sur les arguments de la demande. Mais sur sa recevabilité. Donc, à priori, pas de commentaire sur le fond. Sauf qu’en réalité, il y en a un. Que McEnamy

7- ignore car il détruit son propos. Deux juges (Thomas et Alito) ont précisé que sur la forme, ils estiment que c’est à SCOTUS de trancher les querelles entre États (un point de vue qu’ils ont déjà défendus et qui est contraire à la majorité de la Cour). MAIS ils précisent aussi

8- que s’ils avaient eu à se prononcer sur les arguments du Texas, ils les auraient rejeté. Ce qui est bien une indication sur l’absence de mérite de la démarche. Le contre-feu de McEnamy a, évidemment été repris, par la Trumposphère. Y compris francophone. En amplifiant le

9-mensonge. Désormais ce n’est plus seulement SCOTUS qui n’a pas jugé sur le fond. Mais l’ensemble des tribunaux des USA ! Ce qui est faux. En réalité, ce sont les avocats de Trump et ses alliés qui n’ont pas été en mesure de présenter des preuves. Et lorsque ce fut le cas,

10- elles ont été analysées, rejetés et éviscérées par les juges. Les plaintes de Wood/Powell, celles du kraken, en sont le meilleur exemple. Plusieurs centaines de pages, des « preuves », des « experts ». Et rien n’a soutenu l’analyse, la contre-enquête. Le dernier exemple

11- en date est bien évidemment celui de « Spyder », l’expert en renseignement militaire au cœur des révélations du Kraken. Son expérience était tellement sensible que pour des raisons de sécurité nationale, Powell avait demandé aux magistrats de ne pas communiquer son identité.

12- Sauf que, comme l’a révélé le Washington Post qui l’a interrogé, si l’expert en question est bien passé par l’armée, c’était en temps que... mécanicien. Aujourd’hui Spyder se retire de la plainte et explique que sa fausse qualification est une erreur du secrétariat de Powell.

13. Mais revenons à SCOTUS et comment le camp Trump tente péniblement de s’en sortir. Sur FoxNews, Giuliani est revenu sur le mensonge de l’absence de jugements sur le fond. En accusant les tribunaux de censure ! N’oublions pas que lors de sa seule plaidoirie, Giuliani avait

14- précisé qu’il ne s’agissait pas d’un cas de fraude. Et après avoir recalé par le magistrat avait immédiatement annoncé qu’il s’agissait d’une bonne nouvelle qui lui permettrait de présenter ses arguments à SCOTUS. Sauf que, un mois plus tard, il ne l’a toujours pas envoyé.

15- Il faut le reconnaître, les élucubrations de McEnamy et Giuliani sont faiblardes. Un service minimum pour assurer une présence alors que la campagne vient de se prendre une claque monumentale. Mais, il reste Trump. Qui, dans un tweet qui ressemble à une missive d’un

16- amoureux éconduit, termine sur une promesse : « le combat n’est pas terminé ». Ah ! 58 défaites et il ne veut toujours pas raccrocher les gants. Reste maintenant à définir ce qu’il entend par combat. De nouvelles plaintes comme l’annonce Giuliani ? Faire pression lundi sur

17- le vote des Grands Électeurs ? Tenter un baroud d’honneur perdu d’avance au Congrès le 6 janvier ? Sûrement un mélange de tout cela. Le problème, maintenant c’est qu’une partie de ses supporters a une autre définition du combat. Dès l’annonce du rejet de SCOTUS, Twitter

18- et Parler se sont enflammés. Les appels à l’armée et à la loi martiale se sont multipliés (je reviendrais sur le sujet durant le week-end ), d’autres prônaient la destruction du parti républicain, de SCOTUS et au boycott des élections sénatoriales en Géorgie.

19- Et puis, il y a eu de nombreux appels à la sécession. D’habitude je ne me fais pas trop écho des délires de la Trumposphère. Mais là il faut. Car dans l’épisode 38, la folie a quitté le cadre des réseaux sociaux. Allen West, président du parti républicain du Texas, a franchi

20- le rubicon, publiant un communiqué de presse, suggérant que les « États qui suivent la loi » (comprendre ici les États républicains pro-Trump) devrait former une nouvelle union. Un appel clair à la sécession donc. Certes West est un personnage très controversé, au passé

21- sulfureux. Mais cela ne diminue pas son geste. Au contraire. Il symbolise une radicalisation du parti républicain, prêt à poursuivre le combat de Trump sous toutes ses formes. Si leurs chances de réussir sont nulles, il va falloir quand même observer les prochains jours

22- avec attention. Donc, non, notre saga n’est pas terminée. Il y aura bien une suite. Et une nouvelle récap. Demain... 🇺🇸