c'est intéressant par ailleurs, cette histoire, car elle s'inscrit dans une histoire longue de la représentation des femmes dans les mouvements sociaux
je vous explique très rapidement en dessous
3 choses à distinguer
- la place et le rôle effectif des femmes dans les journées insurrectionnelles
- la place que les hommes veulent bien leur donner (qu'elles peuvent accepter ou pas)
- la représentation de cette place dans les mises en récits/images des insurrections
avec la femme au parapluie on est très clairement dans le dernier cas de figure : les sujets de BFM et autres imposent une représentation du rôle des femmes dans le Bloc.
elle pousse à la violence, elle incite, mais elle n'agit pas directement
il s'agit donc à la fois de la charger, de lui faire porter la responsabilité ET dans le même temps de refuser d'en faire une actrice, à l'égal des hommes, de l'action insurrectionnelle
or ça ce n'est pas neuf!
déjà qd on regarde les récits des journées insurrectionnelle de la Révolution fr, les femmes y sont décrites à la manoeuvre, incitant au combat, mais laissant les hommes ensuite prendre qui la Bastille, qui les Tuileries
on les appelait même les "boute-feux" (je vous renvoie aux travaux de Dominique Godineau).
Même mise en récit en 1830, en 1840 et sous la Commune (ou en place de parapluie les voici doté de torches, terribles pétroleuses qui détruisent Paris!)
sur le terrain, c'est évidemment plus complexe
alors oui, des femmes pouvaient inciter les hommes au combat, ainsi par ex de leur manifestation avant les journées de l'an III. Mais à d'autres elles sont aussi des combats.
généralement les mentalités peinaient à reconnaitre qu'elles puissent faire usage de violence, plus encore d'armes à feu, mentalité qu'elles intériorisaient aussi. Aussi de facto les combats révolutionnaires sont genrés et les femmes y prennent moins part que les hommes
reste que nécessité faisant loi, quand faut y aller il faut y aller, les femmes ont pu aussi combattre, prendre les fusils.
Mais la représentation change peu, les boute-feux restent l'image que l'on veut donner de leur rôle
par cette représentation il s'agit tout à la fois de les rendre responsable de l'émeute (et au passage de délégitimer l'émeute, les hommes "suivant" les femmes), et de les condamner d'ailleurs pour cette participation
condamnation au demeurant sévère, et qui se prolonge aujourd'hui par la façon dont a été traitée Moun.
la femme qui intervient dans l'émeute transgresse et l'ordre légal, l'ordre politique, et l'ordre des sexes
elle doit payer...
Mais il s'agit aussi de se refuser à reconnaitre que, oui, les femmes peuvent être des combattantes, qu'on se souviennent d'Emmanuelle Anizon qui n'arrivait pas à concevoir qu'il y ait des femmes dans le Bloc
en d'autre terme il s'agit de condamner les femmes qui transgresse l'ordre des sexes en combattant tout en refusant de reconnaitre qu'elles le faire et en les enfermant dans le rôle de l'incitatrice
c'est donc tout à fait passionnant du point des imaginaires genrés!
Moun est donc la boute feu, la pétroleuse des temps moderne, largement construite par les média pour tout à la fois délégitimer et les femmes et le mouvement social
bon c'est un peu rapide et il y aurait tant de chose à dire! je vous incite à lire ce livre qui vient de sortir et qui pose la question de la violence des femmes ainsi que le travail remarquable de Fanny Bugnon
ainsi que donc les travaux de Dominique Godineau
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9 décembre 1905
Adoption de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat
(fil à dérouler)
1)Il faut savoir qu’une première séparation avait été votée sous le Directoire, en 1795 (décret Boissy d’Anglas)
2)Mais en 1801, le 1er Consul, Napoléon Bonaparte, soucieux de mettre fin aux querelles religieuses et d'assurer le culte dont avait besoin une population majoritairement pratiquante, avait signé avec le pape Pie VII (on rigole pas) le Concordat
1)c'était au coeur d'un mouvement contre la sélection à l'Université...
Lycéen-nes et étudiant-es étaient dans la rue
contre la reforme Devaquet...
Une réforme qui voulait instaurer la sélection à l'entrée à l'Université
2) Malik Oussekine avait été pris en chasse dans la nuit du 5 décembre par les voltigeurs de Pasqua
Des policiers montés à deux sur une moto tout-terrain ; l’un conduit, l’autre est armé d’une matraque
Le préfet de Police vient donc d'interdire la marche des libertés samedi
je vous copie dans le fil ci dessous la réponse de la coordination de la marche.
Monsieur le Préfet de Police de Paris,
Vous avez décidé sans raison valable d’interdire la Marche des libertés qui doit se tenir samedi prochain à 14H00 de la place de la République à la Place de la Bastille. Ce faisant vous avez décidé d’interdire la liberté.
je souligne VOUS AVEZ DECIDE D'INTERDIRE LA LIBERTE
21 novembre- 1er décembre 1831
Il y a 189 ans, les tisseurs de soie de la région lyonnaise se soulèvent. Une révolte restée dans le mémoire sous le nom de la révolte des canuts !
1)Bon je commence par une chanson, que vous connaissez peut-être, qui est postérieure à la révolte de 1831. Le chant des canuts, d’Aristide Bruant
(que mon papa me chantait enfant)
2)Qui sont donc ces « canuts » qui se soulèvent en 1831 ? et pourquoi. Bon déjà, si Bruant les appelle canuts, ils ne se désignaient pas eux-même ainsi en 1831 car Le terme était dépréciatif, il pointait la misère des ouvriers soyeux. Aussi, nous les appellerons «tisseurs».