1. Leçon de journalisme.
Un troll du nom de Ghali Bensouda, après avoir reçu une raclée bien méritée et non digérée l’autre jour, est venu avant-hier me titiller. Pourquoi tu es contre la normalisation avec l’Etat d’Israël, toi qui a interviewé Benyamin Netanyahu ? Thread 👇
2. Il y a 22 ans, quand j’ai interviewé Netanyahu, ce bourricot était en couche-culottes ou dans les jupons de maman. Il ne se rappelle pas du grand bruit que cela a fait au Maroc.
Il croyait donc détenir un « scoop », alors que cette information est à portée de clic sur Google.
3. Par contre, le vrai « scoop », aurait été qu'il dise avec qui je suis allé chez les « sionistes ». @Samirasitail1 aurait dû l’avertir puisqu’il a tagué son nom sur son post, pour l’appeler en renfort.
4. Suis-je pour ou contre la normalisation avec Israël ? C’est beaucoup demander à un journaliste. Si M6 me concédait demain une interview 🙏, je ne la refuserais. Mais mes sentiments personnels envers ce régime qui incarcère mes confrères n’en seront pas pour autant changés.
5. Leçon d’histoire.
Pourquoi parler d’Ahmed Bensouda ? Parce que c’est un personnage historique. Et comme son descendant se déclare partisan de la normalisation avec Israël (c’est son droit) et royaliste convaincu (c’est son droit aussi), il m’est agréable de lui révéler …
6…que son ancêtre a donné 1 conférence au Caire, le 21/09/1951, devant Mohamed Ben Hassan Ouazzani, Allal El Fassi et Haj Amin El Husseini, le grand mufti de Jérusalem et bête noire des Israéliens, où il a tenu des propos très durs (pour ne pas dire autre chose) contre Israël.
7. J’en profite aussi pour expliquer, preuve à l’appui, qu’Ahmed Bensouda n’était pas un monarchiste "convaincu" et enfin expliquer à certains d’où provient l’argent qui leur permet aujourd’hui de jouer au Golf quand nos compatriotes pauvres crèvent de maladie et de pauvreté.
8. Qui est Ahmed Bensouda ?
Né en 1917 à Fès, fils de Yahia ben Mohamed et de Khadija bent Mohamed Laraki, il a été membre du bureau politique du Parti démocrate de l’indépendance (PDI) et le fondateur de son organe de presse « Arrai Al Am » (الرأي العام) en 1947.
9. Selon la légende, c’est un nationaliste qui a souffert des affres du protectorat français et un monarchiste fidèle qui après la déposition de Mohamed 5 en 1953, a lutté de toutes ses forces pour ramener ce souverain déchu de Madagascar.
10. Pourtant, ce drôle de turlupin n’était ni un nationaliste intransigeant, ni un monarchiste convaincu, et encore moins un partisan du retour de Mohamed 5 au Maroc, à une époque où cette "conviction" pouvait te coûter la vie.
11. Bensouda a-t-il passé les affres de la prison sous le protectorat ?
Oui, mais à part une fois, où il est resté 17 mois, il restait rarement plus que qq semaines ou mois. Il était envoyé surtout en résidence surveillée dans les villes. A Meknès par exemple (l’hôtel Victoire).
12. Etait-il un nationaliste ?
Bien sûr, mais pas un intransigeant. Il ne voulait pas travailler. En 1942, il s’est rendu à la municipalité de Meknès pour quémander de l’argent.
Au grand dam de ses amis nationalistes.
13. Le pire, c’est qu’en 1943, il a écrit à la Résidence générale pour, je reprends textuellement, jurer qu’il allait se «tenir tranquille à l’avenir», reconnaitre qu’il a «mal agi» et promettre «de ne plus faire de politique».
Après plusieurs lettres, les Français le libèrent.
14. En 1947, il attaque le sultan Mohamed V. Et pas une seule fois. Les attaques iront crescendo en 1949, 1952 etc.
Un jour, à Oujda, il déclare au pacha El Hajoui : « Le seul obstacle, c’est le sultan. Qu’il s’écarte de notre chemin et nous nous entendrons avec la France »
15. Et quand, le sultan est déposé et exilé, que fait Bensouda ? En public, il appelle mollement au retour du souverain. En privé, il juge que l’exil de ce « fossile » est une aubaine pour le Maroc.
Il affirme même que ramener Ben Youssef au Maroc est « impossible ».
16. En 1953, il se rend en Espagne puis s’installe à Sebta. Les Espagnols lui versent des "subsides". Pour acheter sûrement des bonbons aux enfants. Et il commet la maladresse de signer des récépissés. Mais, soyons honnêtes, il n’était pas le seul à recevoir de l’argent espagnol
17. En 1954, raconte-t-on, les Français lui payent un billet d’avion France-Maroc pour l’inciter à convaincre les Marocains de cesser la résistance contre l’occupant.
L’a-t-il fait ? Je ne sais pas encore. Mais c'est probable.
Le PDI était moins virulent que l’Istiqlal.
18. Par contre 3 membres de sa famille ont été victimes d’attaques dites «terroristes» (nationalistes) après la déposition de Mohamed 5.
L’imam Driss Bensouda a été abattu le 17/11/1953 à Fès.
Son cousin, le adel Ali Bensouda a échappé de peu au même sort à Fès le 30/12/1953.
19. Enfin, le 7/3/1955, Abdallah Bensouda, cadi à Casablanca, est touché par deux balles, l’une à la tête et l’autre à l’épaule gauche. Après sa convalescence, il décide de ne plus rejoindre son poste. Il a compris le message: tu ne collaboreras pas avec les Français.
20. Qui était Abdallah Bensouda ? Le cousin germain du cadi de Taounate, Abdelkrim Bensouda, 1 autre collaborateur des Français qui es l’oncle d’Ahmed Bensouda.
Quatre «traîtres» (selon la terminologie de l’époque) dans la famille d’Ahmed Bensouda ?
C’est quoi ?
Une épidémie ?
21. Après l’indépendance, il devient ministre de la jeunesse et des sports en 1955, puis Hassan II, qui adore les nationalistes ambigus, le nomme gouverneur de Rabat en 1962, puis patron de la RTM en 1964, où il impose une censure pire que celle des Français durant le protectorat
22. Car cela fait longtemps que « Si Ahmed » s’est éloigné de son premier « maître » Ouazzani et du PDI pour devenir la « Voix de son nouveau maître » Hassan II, qui le nomme aussi ambassadeur au Liban.
23. Maintenant, sautons quelques années.
Le 28 février 1976, Bensouda, nommé gouverneur du Sahara après les accords tripartites de Madrid, se fait remettre les clefs de Laâyoune par le dernier gouverneur espagnol du territoire, le lieutenant-colonel Rafael Valdez.
24. Le soir même les derniers militaires espagnols volent pour l’Espagne non sans avoir laissé quelques informateurs sur place.
Ce sont eux qui vont rédiger des rapports sur le comportement de Bensouda et de ses hommes envers les maigres biens laissés par les Espagnols.
25. Le quartier européen de Laâyoune est pillé en règle. Meubles, électroménagers, voitures et pick-up, trop nombreux pour être transportés en bateau aux îles Canaries, et même des portes, des fenêtres, des ustensiles de cuisine et des ampoules sont raflés.
26. Des dizaines de camions transportent le butin vers le nord avec des sauf-conduits signés par le gouverneur Bensouda.
Hassan II avait-il vraiment besoin d’une fourchette et d’une ampoule usées ? Ou est-ce l’attraction de Bensouda pour la petite monnaie, comme à Sebta en 1953?
27. Mais pas seulement. Un ingénieur espagnol de Fos Bucraa, resté sur place jusqu’en mai 1977 a raconté que des gigantesques cargaisons de phosphates ont été confisquées par le gouverneur Bensouda et ont disparu comme les frigos et les poignets des portes du quartier européen.
28. Peut-être que l’argent est parti dans les caisses de l’Etat marocain ? Non.
Si l’OCP a bien signé des accords secrets avec l’Institut national de l’industrie espagnol (INI), propriétaire de Fosfatos de Bucraa S.A., il n’est officiellement entré dans le capital de ...
29.. cette société, à hauteur de 65%, que le 1/1/1976.
L’OCP a pris les rênes de Fos Bucraa, qu’il renomme Phosbroucraa, en mai 1977 date du départ des derniers techniciens et ingénieurs espagnols. Entre le 28/2/ 1976 et 1er/5/1977, c’est Ahmed Bensouda qui était le maître à bord
30. Les Marocains, dit-on, « ont récupéré leur Sahara », mais Bensouda et Hassan II, bien avant les généraux qui pilleront les zones de pêche, ont récupéré pour leur dérangement certaines richesses du territoire.
Dieu, patrie, roi et ma poche.
31. Mais s’il n’y avait que ça.
Que s’est-il passé de terrible et de criminel après l’installation de Bensouda comme gouverneur du Sahara ?
Ne demandez pas aux traditionnels « ennemis du Maroc » de le raconter.
Bien sûr qu’on ne va pas les croire !
32. Demandons au Sahraoui plusieurs fois ministre de Hassan II et actuel président du très officiel CORCAS 🇲🇦, Khalihenna Ould Errachid.
Ce fidèle du régime de Hassan II a fait un récit détaillé et enregistré devant l’Instance Equité et réconciliation (IER) en 2005. A Rabat.
33. «Il y a quelques personnes [... ], il s’agit de 3 ou 4 officiers de l'armée qui ont commis ce qui peut être appelé des crimes de guerre contre des prisonniers en dehors du cadre de la guerre» et «beaucoup de civils ont été jetés dans le vide depuis des hélicoptères ou ...
34... enterrés vivants», simplement parce qu’ils étaient Sahraouis, dixit Khalihenna Ould Errachid.
Sauf que ce n’était pas « 3 ou 4 officiers », mais beaucoup plus. Et beaucoup de civils du ministère de l’intérieur aussi. Certains sont toujours en vie.
35. Et qui était le responsable de ces massacres ? Je vais mettre son nom dans la bouche de l’homme qui a récupéré le dossier du Sahara après Bensouda en 1979 : le ministre de l’intérieur Driss Basri. L'homme de confiance de Hassan II. Propos tenus et enregistrés à Barcelone:...
36. « C’est ce connard d’Ahmed Bensouda qui a foutu la merde. Il avait tous les pouvoirs civils et militaires. Il aurait pu arrêter tout ça. Il était en contact direct avec le roi. Cela nous a aliéné durablement la population locale ».
37. Basri ne parle que des cas dont il a eu connaissance. Il y en a d’autres qui sont aujourd’hui documentés, noms et prénoms, dates et lieux des exécutions qui sont entre les mains de l’Audience nationale espagnole de Madrid.
La plupart sous le gouverneur Ahmed Bensouda.
38. Pendant toutes ses années de militantisme, Ahmed Bensouda n’a jamais été torturé par les Français et encore moins par les Espagnols.
PS : Il m’a été impossible de publier la profusion de documents que j’ai. Surtout ceux qui sont très sensibles. Mais ce n’est que partie remise
39 : Rectifs :
Tweet n°1: Le "scoopeur" c’est @GhaliBensouda.
Tweet n°4: « Je ne la refuserais pas »
Tweet n°6: J’ai le texte de la conférence au Caire. Pour l’époque c’était normal de dire certaines choses, aujourd’hui on te collerait un procès pour ....
Fin
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1. Raté mon petit @GhaliBensouda!
On t'a envoyé au casse-pipe sans parachute.
Mais merci de me confirmer que mes tweets font très mal au régime et à ses pique-assiettes (toi, @Samirasitail1, @LeDesk_ma, etc.).
Merci aussi pour les 100 followers de plus.
Prêt pour la fessée ?
2. Si tu avais jeté un coup d'oeil à MON compte Twitter avant de te lancer dans le vide avec ton "scoop", tu aurais remarqué que je relaie, MOI, cet article du @lemondefr du 24 juillet 2015 dans lequel il est question de MON histoire personnelle et de MON travail professionnel.
3. L'article raconte la fois où "Sidi", avec Fouad Ali El Himma et le commissaire Hammouchi ont tenté, et échoué !, de me priver de mon passeport et de ma carte d'identité nationale marocains.
Une première au Maroc, après l'affaire Abraham Serfaty. lemonde.fr/idees/article/…
1. Ouiiii. Je suis le premier journaliste arabo-musulman à avoir interviewé un premier ministre israélien, Netanyahu.
J'ai fini il y a quelques jours un très long papier qui m'a pris une semaine où je raconte PLEIN DE CHOSES sur ce voyage avec des PHOTOS EXCLUSIVES. 🖕
2. L'article sortira en français, en anglais, en arabe, et j'espère bien en hébreu aussi (en Israël).
Et tiens encore 🖕😄🍿
Et je peux t'avancer que j'ai raconté mes impressions restées dans mes blocs-notes sur ce que m'ont raconté les Israéliens, les Palestiniens sur ....
3.... sur Hassan II, le Mossad, les Marocains.
Ça va secouer !
J'ai aussi interviewé le fondateur du Hamas, cheikh Ahmed Yassine, avant qu'il ne soit assassiné par Israël, le chef du Jihad islamique de la bande de Gaza, des responsables de l'OLP et ceux des autres mouvements.
1. Ça sert à quoi d'être célèbre et d'être l'une des voix de @2MInteractive, l'une des chaînes propagandistes du régime 🇲🇦, si celui-ci est incapable de te venir en aide quand tu en as le plus besoin ?
Le présentateur Salaheddine El Ghomari, l'a appris, trop tard, à ses dépends.
2. Ce journaliste, apparemment en bonne santé, a été terrassé par une crise cardiaque chez lui.
La 1ère ambulance a tardé 1h30 (une heure et demie !) avant de se présenter sur les lieux.
Elle a dû repartir bredouille parce qu'elle n'avait pas un appareil d'oxygène.
3. La 2ème ambulance n'a rien pu faire parce qu'elle n'avait pas non plus d'oxygène.
Selon des témoins, le journaliste a été transporté non pas à l'hôpital public, mais à une première clinique privée qui, pour des raisons x ou y, a refusé de le prendre en charge
1. Les Ammariates : Acte 1
Pratiquement tout ce qu’a écrit @MarocAmar dans ce papier👇(à part 2 petites bricoles) est un tissu de mensonges. Il surfe sur de vrais faits, mais les manipule et les détourne à son profit.
Il n’apporte aucune preuve. mobile.ledesk.ma/enclair/affair…
2. Mais voilà, il y a des gens dont le travail quotidien est de chercher et de vérifier l’info.
Nous allons donc commencer une série de tweets que nous avons nommés en son honneur les « Ammariates » pour disloquer son récit avec des PREUVES.
Aujourd’hui l'Acte 1".
3. Amar dans @LeDesk_ma.
« Non, je n’étais pas dans le besoin (encore moins apeuré) lors de mon séjour en Espagne (...) (la presse jaune avait dit les mêmes fadaises à l’époque), je venais de sortir un best-seller qui m’avait garanti, (...) de vivre tout à fait dignement »
1. Depuis qq temps, je suis assailli de demandes de chaînes de télévision officielles algériennes pour parler du conflit du Sahara occidental.
Par principe, je n'ai aucun problème à donner mon avis (si ça peut intéresser quelqu'un).
Mes positions n'ont pas varié depuis 20 ans.
2. Et personne, ni la #DST, ni la #DGED, ni Santa Cruz de Patagonie, ne vont me dicter ma conduite.
D'ailleurs, qu'est-ce que ça va changer pour moi ?
Mes nombreuses fiches de police politique sont bien garnies (et pleines d'erreurs !) et ne risquent pas de s'effacer de sitôt.
3. Mais tant que des confrères algériens sont en prison, je refuse de passer sur des chaînes télé ou de radio appartenant à l'État algérien. Je parle de @khaleddrareni.
Comme je refuse tout contact avec les officiels turcs tant que des journalistes de ce pays végètent en prison.
1. Communiqué aux lecteurs n°2. « Itinéraire d’une déclaration démesurée », ou si voulez « Comment @MarocAmar et son épouse @FLqadiri ont enfoncé leurs deux journalistes @OmarRadi et @StitouImad. Thread👇
2. Amar a publié lundi dernier 1 communiqué dans lequel il a tiré à vue sur Radi, qui est emprisonné et ne peut pas se défendre, sur Stitou qui est toujours en liberté, mais pour combien de temps encore, et au passage a égratigné @Mediapart et s'en est pris au conspirationnisme.
3. Comme à son habitude Il mixte tout. Le «complot», les «on dit», le «bashing», les «allégations», le tout saupoudré de quelques vérités. Vieille ficelle connue des maîtres manipulateurs qui en mélangeant le vrai et le faux embrouillent tout pour cacher la vérité.