1. Dénoncer la « France de l’#apéro », est-ce un héritage du régime de #Vichy ? Pour trancher cette question qui a agité aujourd’hui la salle des professeurs, un fil historique 👇
2. Tout d’abord, l’Etat français n’inaugure pas la législation antialcoolique en France. Pendant la Première Guerre mondiale, une première série de mesures a été adoptée : la consommation d’absinthe est ainsi interdite en 1915.
3. Dans le Code de famille en 1939 puis en février 1940, le gouvernement Daladier prend des mesures dans la même veine. Pendant la « drôle de guerre », la vente d’apéritifs de plus de 18 degrés est ainsi prohibée trois jours par semaine.
4. Ce que change l’arrivée du Maréchal Pétain, c’est que « l’alcoolisme » est désormais fréquemment dénoncé comme une des causes de la défaite militaire et de la décadence de la France.
5. Pour preuve, la plus célèbre des affiches consacrées à la Révolution nationale présente le « pastis » comme un des fondements de la vieille France corrompue (car en avril 1938, le gouvernement Blum finissant avait autorisé la vente de pastis à 45%).
6. Dès le 23 août 1940, les militants traditionalistes obtiennent du gouvernement de Vichy une prohibition totale des alcools à plus de 16 degrés au grand désespoir de Paul Ricard.
7. Ricard accuse son concurrent Pernod d’avoir diffusé par ses publicités une vision stéréotypée de « Arthur », Français moyen abruti d’apéritifs. Cependant, cette première loi prohibitive est impossible à appliquer. Elle est remplacée le 21 septembre 1941 par un texte mieux...
8. ... ficelé et qui n’est pas abandonné avant 1951. Président de la république et socialiste Vincent Auriol est désespéré par cette décision motivée par des raisons fiscales : « la suppression de ces apéritifs est la seule chose de bien faite par Vichy. »
9. Le régime de Vichy est donc ouvertement antialcoolique mais ses campagnes moralisatrices n’ont pas recours à l’expression connue de « France de l’apéro ». Cette locution est en fait utilisée dès août 1937 par Drieu La Rochelle dans la revue du PPF
10. un parti français ouvertement fasciste (et ce avant l’autorisation du Pastis 45 par le Front populaire !). 10. L’écrivain déclare que grâce à Jacques Doriot, chef du PPF : « la France du camping vaincra la France de l'apéro et des congrès ».
11. Moins souvent cité, un autre passage de cet article explicite le lien entre ennemis politiques des fascistes et apéritifs : « Assistez à un congrès socialiste, et voyez toutes ces barbes, tous ces ventres, toute cette tabagie, cette attente anxieuse de l’heure de l’apéro. »
12. Drieu La Rochelle n’est pas le seul écrivain d’extrême droite à stigmatiser dans le même mouvement engagement à gauche, faiblesse physique et penchant pour l’alcool. Dans Les Sept Couleurs, presque Prix Goncourt de 1939, Robert Brasillach écrivait :
13. « le jeune fasciste (...) est tout d'abord un être joyeux. [...] le consommateur d'apéritifs, de motions et de compromis peut-il comprendre cette joie ? ».
14. Pour rappel, Doriot, Brasillach et Drieu n’étaient pas des soutiens indéfectibles de l’Etat français car ils ne le jugeaient pas assez fasciste.
14. Résultat des courses @Samuel_Monsalve, l’expression de « France de l’apéro » est un lieu commun viriliste et fascisant caractéristique de l’extrême droite française de la deuxième moitié des années 1930, finalement moins vichyste qu’ouvertement doriotiste.
[À dérouler] Ce lien particulier conduisit Paul Dupuy à faire don à Maurice #Genevoix d’une #bague que l’écrivain porta jusqu’à mort. Je vous propose de suivre ce soir dans un #thread la trajectoire de ce bijou qui croise et recroise un siècle de notre histoire récente 👇
2. Tant qu’elle fut portée par Dupuy, cette bague n’a pas marqué les esprits. Lorsqu’il meurt en 1948, ses proches et ses anciens élèves se rappellent plus volontiers sa pèlerine…
3. … ses chaussettes blanches (comme celles des jeunes normaliens de l’époque), son trousseau de clefs, son chapeau mou et, plus que tout, ses traits maigres et acérés.
L'an dernier, je m'étais intéressée à trente ans de commémoration de la chute du mur de Berlin par les institutions européennes. Cette année, #Elections2020 obligent, revenons sur les "commémorations" mises en place par @realDonaldTrump autour du même événement 👇
Parmi les prérogatives du président des États-Unis se trouve le droit de déclarer des "federal observances". En 2005, G. W. Bush est le premier à déclarer que le 9 novembre sera le #WorldFreedomDay et honorera tous ceux qui combattent la tyrannie : georgewbush-whitehouse.archives.gov/news/releases/…
De telles "federal observances" sont à renouveler chaque année par la publication d'un nouveau message présidentiel. Ainsi, en 2016, B. Obama propose un message visant à l'universalisme, sans condamnation explicite du "communisme" en tant qu'idéologie : web.archive.org/web/2016111514…
En hommage à Florian Schneider-Esleben (et en souvenir de la mythique rubrique « GEG-flix » de @GEG_lgc), un fil sur les rapports entre #Kraftwerk et l’idée d’Europe 👇
1. À l’annonce de la disparition de Schneider hier, les nécrologies ont mis en avant deux points fondamentaux : #Kraftwerk a inventé l’électro et a permis l’essor d’une pop européenne non dérivée d’un modèle américain.
2. C’est déjà ce que disait B. Sumner dans cette tribune anti-Brexit : #Kraftwerk a permis l’émergence de genres musicaux continentaux (post-punk, eurodance) et a créé le « paysage sonore européen » dans lequel nous baignons toujours theneweuropean.co.uk/culture/new-or…