Un article qui a toute sa place ici et qui mérite amplement d'être lu, après les débats qu'on a pu avoir.
Il y a une critique (donc avantages et inconvénients) de l'approche par les biais dans la compréhension de l'hésitation vaccinale.
Très convaincant.
La France est donc un pays où l'hésitation vaccinale est forte.
Les analyses sur ce fait font souvent état d'une méfiance vis-à-vis de la science en général ou d'une responsabilité des réseaux sociaux.
Un courant s'était d'ailleurs penché sur cette question, appelé Public Understanding of Science, qui a pour but de comprendre l'écart entre la raison scientifique et les croyances.
Il s'appuie sur trois explications :
L'article revient sur chacune de ces explications et en montre les limites.
Sur la montée d'un mouvement anti-science :
Les "anti-vaccins" sont l'objet de beaucoup de discours, notamment dans les médias. Pourtant, la radicalité "anti-vaccins" est une réalité bien moins importante (environ 2 %). Il est donc préférable de parler d'hésitation vaccinale
Mais le plus intéressant est le lien fait entre être anti-vaccin et avoir une méfiance pour la science. Les discours anti-sciences auraient ainsi pu gagner de la visibilité grâce aux réseaux sociaux. Il est vrai que google référence bien les sites anti-vaccins.
Toutefois, il ne semble pas y avoir de corrélation générale entre le niveau de confiance aux institutions politiques ou scientifiques et avoir l'opinion face aux vaccins.
Il semble même que les français·es s'informent d'abord auprès de leur médecin et peu avec internet
Il y a donc surement une explication à trouver dans cette source d'information, surtout quand on sait que les médecins français peuvent émettre des doutes quant aux vaccins
Les biais cognitifs
Dans l'explication de la résistance aux vaccins, on mobilise aussi les pentes naturelles de l'esprit humain, permettant d'expliquer certains comportements :
Ces biais peuvent nous aider à comprendre mais présentent vite des limites si on veut se saisir du phénomène
Le manque de connaissance
Ce qu'on appelle le modèle déficitaire peut être convaincant et empiriquement, il semble se vérifier. On trouve davantage d'hésitation vaccinale chez les moins diplômés. Mais à bien y regarder, cela ne semble pas aussi évident :
D'ailleurs, les chercheurs-euses du PUS en avaient conscience et tendaient une main aux autres chercheurs-euses
Les auteurs en appellent à une sociologie cognitive permettant de rendre compte des résistances vaccinales (avec de bonnes références :) )
Ils s'appuient pour cela sur les travaux de Zerubavel, un cadre selon lequel l'esprit humain fonctionnerait par catégorisation
Un même fait peut donc être catégorisé ou cadré différemment, répondant aux ressources cognitives de l'individu
Cela fonctionne donc par ancrage
Cet ancrage fait aussi appel à des ressources identitaires, d'où l'importance des groupes sociaux dans les phénomènes d'adhésion à une croyance
Une conclusion qui est une leçon et un appel à toute la discipline
Il y a plein de choses que je n'ai pas eu le temps de relever. Allez-y, il y a notamment un rapide retour des hésitations vaccinales et leur contexte depuis les années 1990
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J'aime bien le "il faut se consacrer 100% à la thèse" et "donner des TD c'est cool"
On demande bien autre chose qu'une thèse quand on est en doctorat aujourd'hui. Alors les thèses ne font plus 1200 pages, mais organiser et animer des colloques, des journées d'étude, être dans des revues, y publier, monter des projets et des professionnels, ça fait partie
doctorat mais pas de la simple écriture de la thèse
Une passionante enquête sur l'usage des réseaux sociaux dans l'accès à l'information selon le milieu étudiant.
Certains a-priori sont battus en brèche et permettent une véritable réflexion sur le rôle de ces réseaux.
On sait que les jeunes utilisent beaucoup les réseaux sociaux pour s'informer (71 % des 15-34 ans déclarent utiliser quasi quotidiennement les réseaux sociaux pour s’informer, devant les journaux télévisés). On s'inquiète alors de leur exposition aux fake news.
Je viens de terminer le livre de Johan Heilbron sur la sociologie française, retraçant sa genèse à partir de données relativement inédites. Plusieurs remarques qui peuvent nous guider face à ce qui est dit de la sociologie dans les médias
Il n'y est pas décrit que la discipline soit structurée sur un axe politique gauche/droite. Il n'y est pas non plus décrit un gauchisme qui parviendrait à s'imposer. Il est même dit que 4 grandes figures ont réussi à marquer durablement, scientifiquement et
institutionnellement la sociologie en France : Touraine, Bourdieu, Boudon et Crozier. Les deux derniers peuvent être classés à droite ou en tout cas libéraux.
J'aimerais les données qui permettent d'affirmer que la sociologie française a eu du mal à intégrer l'anthropologie. En attendant, plusieurs constats :
Je travaille en parti sur ça. Ce qui est dit ici est faux.
Chez Bourdieu, l'interaction entre offre et demande est assez complexe, régie en partie par l'homologie structurale et il se apporte évidemment des réponses au fait que la gratuité des musées n'entraîne pas les foules à s'y rendre.
Les travaux contemporains inspirés de Bourdieu sur l'interaction offre/demande requestionne d'ailleurs cette homologie et laisse une place aux intermédiaires, cheville essentielle pour comprendre comment la correspondance se réalise concrètement.
La consommation des nanars, en tant que pratique culturelle, pose de nombreuses questions à la sociologie. Renaud Chartoire nous le montre très bien.
A travers ces films tellement mauvais qu'ils en deviennent bon, on peut dresser des hypothèses et résumer ainsi les théories que la sociologie de la culture a dressé pour comprendre tout cela.