Thread by @jeredejere

Un truc qu'il faudrait pê comprendre, c'est que les modèles ne sont que… des modèles. Ils raisonnent "toute chose égale par ailleurs" et opèrent une simplification de la réalité. Ce qui ne signifie pas qu'ils sont faux ou inutiles…

https://twitter.com/vincentglad/status/1361339724292648965

En particulier quand il s'agit de phénomènes largement sociaux comme une épidémie, on voit mal comment les modèles parviendraient à prévoir parfaitement les anticipations et les ajustements de comportements des populations.

Aucune idée de comment expliquer ce phénomène aux USA, mais vu la chronologie, on peut au moins émettre l'hypothèse d'un affaiblissement des postures anti-masques et covido-conspi suite à l'élection de Biden et l'attaque du Capitole.

Récemment j'ai eu à débattre avec des gens qui me disaient "les modèles de mars 2020 qui prédisaient 300k morts en France étaient faux". Non, on peut refaire les calculs (simples) dans tous les sens, ils étaient justes. Mais le simple fait de les publier a modifié la trajectoire.

Car quand tous les modèles annoncent (à raison) des centaines de milliers de morts, les gouvernements et les populations prennent des mesures qui du coup feront "mentir" les modèles. C'est même toute leur utilité : savoir à quoi s'attendre SI on ne fait rien.

Ce sont des outils d'aide à la décision (publique et individuelle), pas des prophéties. Ce sont même largement des prophéties auto-destructrices en l'occurrence.

J'ajoute que même dans des régions du monde où les pouvoirs publics sont défaillants sur le plan sanitaire (le cas des USA), les anticipations modifient quand même ne serait-ce que les comportements. Donc même dans le pire des scénarios, le modèle ne se réalise jamais tel quel.

Donc la bonne question à se poser, c'est pas "le modèle va-t-il se réaliser dans la vraie vie ?", mais "est-il juste compte tenu des paramètres qu'il retient ?"

La leçon que je tire des modèles de mars (celui de l'Imperial College par ex), c'est qu'ils avaient retenu un taux de mortalité très proche de la réalité et qu'on est toujours sur la trajectoire pour se situer in fine dans la fourchette qu'ils donnaient. Le reste est contingence.