Thread by @DocteurGonzo4

🔻#Thread Les Anarchistes contre le choléra.

Cette histoire raconte des faits historiques, toute ressemblance avec des événements actuels n’est que fortuite.

[Texte complet] : infolibertaire.net/les-anarchiste…

Le choléra est une maladie diarrhéique épidémique humaine, due à des bactéries. Ce bacille fût initialement observé par Pacini en 1854 puis isolé en 1883 par Robert Koch en Inde.

Il y a aujourd’hui + de 3 millions de cas et 100.000 décès dus au choléra chaque année dans le monde

Depuis 2000 la moyenne des chiffres déclarés à l’OMS s'élevait à 200.691 cas et 3858 décès/an.

Des chiffres bien en dessous de la réalité en raison de la sous-notification des cas, des systèmes de surveillance inadaptés et de l’absence d’une définition normalisée du choléra.

Rien qu’au Bangladesh, le nombre estimé de cas de choléra survenant chaque année est compris entre 100.000 et 600.000, alors qu’aucun cas n’est officiellement notifié. pasteur.fr/fr/centre-medi…

Le choléra est resté confiné au sous-continent indien jusqu’en 1817. Cette date marque le début de la première pandémie cholérique qui a envahi l’Asie, le Moyen-Orient, et une partie de l’Afrique. D’autres pandémies se sont succédées, ayant toutes l’Asie comme point de départ.

Ces pandémies progressent sur tous les continents avec l’augmentation des échanges. Nous sommes actuellement dans la 7e pandémie qui, partie de l’Indonésie en 1961, a envahi l’Asie (1962), le Moyen-Orient et l’Europe (1965), l’Afrique (1970) et enfin l’Amérique Latine (1991).

Le choléra s’est installé ensuite à Madagascar (1999) et en Afrique du Sud (2000), en Haïti (2010) ou au Yémen (2017). Les conflits favorisent les épidémies, comme en juillet 1994 au Congo dans les camps de réfugiés rwandais où le choléra a tué 23.800 personnes (létalité 30%)

En 1884, le choléra ravageait l’Italie. Naples est particulièrement touchée. Selon les documents du préfet, le choléra toucha plus de 14.000 personnes dans la province, tuant 8.000 d’entre elles, dont 7.000 dans la seule ville de Naples.

L’État réagit en imposant des mesures répressives : la ville fut placée sous la loi martiale, des restrictions de mouvement furent imposées. Mais les volontaires de la Croix-Rouge, des sociaux-démocrates, des républicains et des socialistes adoptèrent une approche très différente

Malatesta et d’autres anarchsites de diverses régions d’Italie se rendirent à Naples comme volontaires médicaux pour soigner les personnes touchées par une épidémie de choléra. Deux anarchistes, Rocco Lombardo et Antonio Valdrè, y moururent, emportés par la maladie.

En tant qu’ancien étudiant en médecine, Malatesta se vit confier une section de malades ; il avait un taux de guérison particulièrement élevé car il savait comment forcer la ville de Naples à livrer de la nourriture et des médicaments en abondance, qu’il distribuait généreusement

On lui offrit une décoration officielle, l’ordre de bon mérite, qu’il refusa. À la fin de l’épidémie, les anarchistes quittèrent Naples et publièrent un manifeste expliquant que « la véritable cause du choléra est la pauvreté, et le véritable remède est une révolution sociale »

« Les satisfaits ont l’habitude de nous accuser de partialité et d’exagération lorsque nous attribuons à l’organisation socio-économique actuelle la majeure partie des maux dont souffre l’humanité.

Ils parlent volontiers de hasard, ou de fatalité (lois naturelles), et tentent de détourner la responsabilité d’eux-mêmes et du système social qui les produit en accusant la nature inconsciente, l’intempérance, ou l’imprudence, ou un millier d’autres vices populaires.

Nous verrons que ces personnes, qui trouvent toujours la douleur et la misère des autres nécessaires et inévitables, ont également recours à la loi naturelle pour le choléra, qui rend son apparition périodique chez les humains fatale, ou même utile pour eux.

Nous soutenons que l’existence du choléra, son apparition en Europe et l’environnement favorable à son développement qu’il trouve parmi nous, est la faute du système social actuel.

Ces maladies proviennent des marécages qui se forment dans les deltas des rivières comme le Gange en Inde à en raison des cadavres en décomposition et autres matières organiques que ces immenses courants viennent y déposer.

Nous, peuples «civilisés», apportons massacres et désolation parmi les «barbares» avec des baïonnettes et des canons, et ils nous renvoient le choléra. Ô famille humaine! Mais le massacre que nous apportons est volontaire, effectué à des fins de vol. Qui donc est le plus barbare?

Ce delta et les grands fléaux qui affligent le monde ne seront pas guéris tant que les conditions économiques et politiques de l’humanité n’auront pas été transformées pour que le monde appartienne à tous et que chacun ait le droit et les moyens de veiller à son amélioration,

Mais n’est-il pas ridicule de parler de la réhabilitation du Gange, et ici, en Italie ! Quand les marais qui sont à deux pas de nous ne sont pas rasés, mais au contraire élargissent de plus en plus leur zone mortelle !

Ici en Europe, n’est-ce pas les logements crasseux, la nourriture mauvaise et insuffisante, le travail épuisant, la misère (fille de la propriété lucrative) qui rend possible la propagation de la maladie, ainsi que l’absence de politiques pour de meilleures conditions d’hygiène ?

Quand le danger est à la porte, des commissions produisent des mesures qui par leur impuissance feraient rire si elles ne faisaient pas pleurer. On les entend prêcher, ces gros bonnets des conseils de santé : « mangez sain, évitez l’excès de travail »

Et lorsque les paysans qui gagnent 27 centimes/jour et mangent de la polenta avariée et de l’eau impure, exigent de meilleures conditions de vie, le Gvt, qui paie (avec l’argent du peuple!) ses conseillers, emprisonne les paysans et met ses soldats à disposition des propriétaires

Et les médecins, qui devraient renoncer à leur fonction, rendue inutile, et laisser au gouvernement et aux propriétaires toute la responsabilité de leur travail meurtrier, continuent à faire des rapports et à dicter des conseils !

Le choléra continuera de se propager lentement et il produira plus de morts et plus de douleurs que dix révolutions, dont une suffirait à faire disparaître à jamais le choléra et un millier d’autres maladies. Mais les cœurs tendres continuent à craindre les excès révolutionnaires