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6 Mar, 25 tweets, 4 min read
Yep. Et juste un mot ou deux pour dire que quand on s'offusque de ça, c'est pas juste pour faire gngngngn, c'est parce que ça a des effets concrets ce type de rhétorique.
Il se trouve que j'ai mis en examen l'an passé une petite batterie de jeunes ado pour de la diffusion sans autorisation de rudes reçus de leur copine ou d'une jeune fille avec qui échanges sur le net.
je ne sais pas dire si c'est parce que la pratique se multiplie ou si les parquets poursuivent plus, probablement les deux, je ne sais pas.
le fait est que ce qu'énonce précisément la police dans ce tweet est le discours intégré par les jeunes filles, entendu de leurs parents, des adultes autour d'elle, et qui fait que souvent elles n'osent pas dénoncer.
La plupart des dossiers que j'ai vus ont émergé parce que les images circulaient tellement à l'école, qu'un adulte finissait pas être au courant et/ou la jeune fille vivait une forme de harcèlement, était tellement mal qu'un.e ami.e finissait par alerter,
ou les parents finissaient par s'inquiéter et avoir peu ou prou le fin mot de l'histoire.
Il y a même un dossier où une jeune fille était victime de chantage de donner "toujours plus" sous peine de mise en circulation d'un précédent rude ; ça s'est fini en rencard sur un parking qui fort heureusement n'a finalement pas eu lieu.
On a trouvé 3 autres jeunes filles victimes.
Le discours des parents du mineur était précisément celui tenu par la police.
Donc avec ce type de campagne officielle de la police, je fais comment moi, juge des enfants, ou les éducateurs, ou services prévention contre toutes formes de violences sexuelles,
pour faire comprendre aux auteurs leur responsabilité pleine et entière, et aux victimes qu'elles peuvent parler en toute confiance aux adultes ?
Ce type de campagne publique menée par une autorité officielle tue dans l'oeuf toute possibilité de travail éducatif auprès des jeunes
Ensuite, juste une chose pour les malins qui disent "ah oui mais c'est juste de bon sens, il faut apprendre aux filles à se méfier des mecs". Alors guess what, c'est ce qui se passe depuis à peu près toujours et force est de constater que ça ne marche pas.
Les filles et femmes développent tout un tas de stratégie d'évitement des situations qu'elles estiment à risque, et ça ne suffit pas.
Peut on se mettre enfin d'accord sur le fait qu'il faut cibler nos actions en direction des agresseurs pour espérer réduire le nombre d'actes de violences sexuelles ?
Enfin, juste pour dire : il existe une infraction qui s'appelle l'abus de confiance. On pénalise la personne qui utilise un objet remis librement par sa victime, mais à des fins étrangères à ce pour quoi ils s'étaient mis d'accord.
D'une manière générale, et c'est bien n,normale, dans le relations humaines il y a plein de choses qu'on fait sur la confiance, sans énoncer forcément explicitement les termes du "contrat de confiance".
Un pote passe en me disant "j'ai besoin d'une voiture stp", je lui tend mes clefs, et sans précision autre, c'est évident qu'il doit me la ramener une fois sa course finie. Si il la revend sur le bon coin bah c'est un abus de confiance.
Donc vous avez des échanges sexuels avec qqn, vous envoyez un nude, bah évidemment que sauf accord explicite, c'est UNIQUEMENT pour son usage personnel. Enfin c'est évident. Et de toutes façons c'est pénalisé sinon.
D'ailleurs, c'est tellement évident, que mes gamins là savaient pertinemment qu'ils allaient mettre en difficulté +++ la jeune fille en diffusant les images et que c'est interdit, sans même avoir ouvert un code pénal de leur vie.
Et beaucoup des jeunes filles, évidemment pas sur le moment puisqu'elles avaient confiance, avaient bien en tête que oui, ça arrive des mecs qui diffusent derrière.
Donc (je parle de ce que j'ai vu à l'ouvre, les ados), peut être faut arrêter d'imaginer que le problème réside dans un déficit de connaissance/conscience du risque (pénal pour l'auteur, de diffusion pour la victime)
et aller plutôt rechercher du côté des rapports de domination genrés, je sais pas ?
J'ajoute, parce que je commence à avoir des mentions de mascu en mode "certes les diffuseurs sont responsables MAIS gngngngn" qu'il faudrait SAVOIR.
Parce que ça a fait que couiner après Metoo en mode "olalala on peut plus draguer" et "olalala bientôt faudra signer un contrat avant de baiser" 🙄
C'est vraiment typique des double injonctions permanentes qu'ont les F : sexy mais pas trop, sexuellement ouvertes mais pas trop, ouvertes à la drague mais méfiantes, etc etc...
Bah utilisez vos mains, sinon, non ?

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8 Mar
Ajoutons que nous sommes nombreuses, féministes, à réclamer des études plus poussées sur les violeurs, la récidive, etc.
Que de plus en plus, nous nous interrogeons sur l'effet de l'alignement des affaires individuelles et du biais "traumaporn" de certains journaux, alors qu'on SAIT maintenant, que les violences sexuelles sont massives, dans toutes les categ socio pro etc.
C'est @CarabinAcitron qui me disait l'autre jour "on veut parler DU viol, et pas raconter nos viols. Ce n'est pas du tout pareil". Peut-être ça a été utile un temps. Mais là faut passer à autre chose.
Read 4 tweets
8 Mar
Je vais revenir sur un autre aspect de la publication de la lettre en Une par @libe.
Quand un juge un homme pour viol, même s'il reconnaît les faits, c'est toujours extrêmement compliqué d'appréhender sa sincérité, sa "prise de conscience", la réalité de l'empathie pour sa victime.
Et pourtant au tribunal, on dispose du détail des récits des faits et donc on peut voir si il paraît dire la vérité sur tout, ou minimise etc.
Read 15 tweets
7 Mar
Donc'c pour le 8 mars @libe s'est dit : "collons en une une image stéréotypée d'un viol d'une blanche par un noir, et donnons la parole à un violeur."
Et bien ma foi... Niquez-vous ?
Je viens de finir. Et bah c'est abject. Abject.
Nous avons donc un violeur qui nous explique qu'il n'en peut plus de cette société qui n'avance pas sur les violences sexuelles.
Et nous exhorte à "avancer ensemble". Bah mec, va te livrer à la police et ferme là en fait ?
Read 12 tweets
7 Mar
Sinon sur la question du partage de contenus sexuels sur internet, je vous recommande ce livre qui y dédie tout un chapitre Image
Je viens de le relire, et on y comprend d'une part qu'evidemment les jeunes filles ont parfaitement conscience du risque de diffusion, peuvent être réticentes
mais que pour autant c'est pas si simple de refuser car le plus souvent c'est avec son partenaire de couple hétéro qui est en demande...
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