[Coup de gueule]
Je crois qu'on ne mesure pas bien la gravité des conséquences de l'opération de communication absurde qui a eu lieu ce WE sur la vaccination anti-Covid.
"Coup d’accélérateur partout en France" s'est gargarisée toute la presse.
Mais à quel prix 😠😡 ? ⤵️
Littéralement TOUS les médias en ont parlé : TV, chaînes d'info en continu, presse écrite nationale ou régionale, magazines people...
"50 000 personnes", "vaccination de masse", "grande campagne", n'en jetez plus !
Faut dire qu'on avait sorti le grand jeu :
➡️Les chiffres: "plus de 100 centres ce WE en Ile-de-France"
➡️ Le déplacement chez les pompiers (on aime tellement les pompiers)
➡️ Les témoignages de gens soulagés
➡️ Les DG ARS et les préfets de sortie
Et surtout les belles photos ✨
Seulement quand on gratte ce joli vernis, on comprend que les seules conséquences de cette opération sont :
- de mettre à bout les agents des ARS
- et de saper en profondeur la confiance entre institutions et soignants.
Ca me met hors de moi.
Mais je suis sympa, je rembobine ⏮️
Mercredi 3 mars au soir.
L'opération est confirmée en haut lieu. Certaines préfectures commencent à alerter des centres de vaccination qu'il va falloir mettre les bouchées double dans... 48h.
Après tout ça ne fait jamais que quelques semaines qu'on en parle dans les couloirs 🙄
Jeudi 4 mars au matin.
Les agents des ARS découvrent la consigne. Imaginez leur tête : ils ont deux jours pour mettre en musique l'opération "redorage de blason du gouvernement" sur leur territoire.
Pour eux c'est l'ordre inepte-mais-TTUrgent n°34985 de cette gestion de crise.
Mais dans l'Etat, quand on nous donne un ordre, on obéit.
C'est donc le branle-bas de combat. Parce que les doses ne vont pas s'injecter toutes seules.
Appels immédiats aux centres pour les presser d'ouvrir. Certains refusent. Certains acceptent, bon gré mal gré. Tous soupirent.
Faut s'imaginer la vraie vie : deux jours pour organiser une chaîne avec des soignants épuisés. Pour recruter les personnels supplémentaires pour vacciner.
Mais il faut aussi trouver des locaux pour s'installer, un secrétariat pour la traçabilité, des agents pour la logistique..
... ces gens là doivent faire garder leurs enfants un dimanche, poser un jour de récup.. Ca désorganise tout !
Un centre du 93 devait ouvrir lundi : ils ont forcé pour ouvrir dès samedi. Un autre a dû déménager juste le temps du WE pour avoir un local assez grand. J'en passe.
(NB: on rappelle qu'on fait tout ça à l'échelle nationale, avec des milliers de gens mobilisés partout en France, pour une opération de communication gouvernementale qui n'aura strictement *aucun* impact en termes de nombre de personnes vaccinées. On aurait pu le faire le lundi.)
Et comme si ça suffisait pas, on leur a raconté des bêtises pour justifier l'opération !
A beaucoup d'entre eux -des ARS aux centres de vaccination- on a affirmé que les doses Pfizer à utiliser se périmaient dimanche.
Imaginez leur colère quand ils ont su que c'était faux... 😡
Ca vous choque ?
Attendez un peu le double effet kiss-cool. Ca c'était avant le "DGS-urgent" de dimanche soir.
Vous savez, ce message du ministère qui dit qu'il n'y aura pas assez de vaccins pour livrer les médecins de ville, et que les rares stocks iront aux pharmacies.
Donc il y a 2 semaines il fallait prendre des RDV pour vacciner.
Jeudi le gouvernement répétait que des doses dormaient dans les frigos.
Il demandait un effort colossal pour vider les stocks.
Et lundi finalement il n’y a plus assez de doses.? Et il faut annuler les RDV ..?
Ca devient non seulement inutile, mais surtout contre-productif.
On sape directement la confiance entre les institutions et les soignants. Entre les gouvernants et leurs propres agents.
Je ne compte plus celles et ceux qui m'ont dit "plus jamais". "La prochaine c'est sans moi"
Il y aurait tellement à raconter tellement tout cela est (et me rend) dingue.
1⃣ Avant de prendre une décision d'en haut, peut-être pourriez-vous :
a) Vérifier qu'elle est utile
b) Vous assurer qu'elle est faisable
c) Si inutile et/ou infaisable, *changer d'avis*.
On a le droit de se planter. Mais en responsabilité, on a le devoir de s'en rendre compte.
2⃣ Le timing de la gestion sanitaire n'est pas celui de la communication.
Les gens sur le terrain ont besoin de prévisibilité, pas d'opérations "coups de poings".
Un an de fatigue depuis la première vague. Les fonctionnaires comme les soignant.e.s méritent un minimum de respect.
3⃣ Surtout, essayez de voir les conséquences de votre com' svp.
Comment vous voulez mobiliser les gens sur le terrain quand autant d'efforts ne donnent strictement aucun résultat ? Quand, en plus, vous les accusez après coup d'être responsables de la lenteur de la vaccination ?
Cette crise pourrait nous faire gagner *des années* en matière de santé publique, de structuration des soins, de mise en place d'organisations locales.
Non seulement on est en train de passer à côté.
Mais chaque décision absurde nous en éloigne pour longtemps.
Réveillons-nous.
PS : Au cas où ce serait nécessaire je voudrais clarifier : 1) que je serais ravi que la vaccination accélère 2) que je sais que c'est évidemment compliqué à gérer, et que heureusement parfois ça marche. 3) que gérer de la veille pour le lendemain ce n'est pas une... (1/2)
... politique publique c'est de la com. Et ce n'est pas ce dont on a besoin.
On a besoin de transparence, de confiance avec les professionnel.le.s et la population. Et que tout ça, ça se construit par nos actions (ou pas).
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🔴 Aide médicale d’Etat : dans les coulisses d’une réforme régressive
La semaine dernière, des 100aines de professionnel.le.s dénonçaient une restriction grave de l’accès à la santé.
😳 Mais c'est aussi les méthodes employées par le gouvernement qui sont choquantes...
Thread⤵️
Rappelons que cette réforme c’est : 1. Une réduction du panier de soins accessibles aux sans-papiers 2. La suppression de centaines de lieux d’ouvertures des droits
Bref, une remise en cause grave et concrète du principe universel d’accès à la santé.
La semaine dernière, elle a été dénoncée par plus de 500 professionnel.le.s de la santé, mais aussi par toutes les associations travaillant sur la santé des étrangers…
Ce qui pose une question majeure : comment le gouvernement a-t-il fait passer une telle régression ?
Rewind ⏮️
Ok. Donc hier matin on en était à 8 612 personnes vaccinées en Seine-Saint-Denis.
Sur 1,6 million d’habitants. Soit 0,005% de la population.
Comment a-t-on pu en arriver là ?
Faut que je vous raconte la chronologie épique de ces 10 derniers jours ⤵️
Replaçons-nous il y a quinze jours : à force de critiques sur la lenteur de la vaccination en France, le gouvernement a décidé une double accélération : 1) Vacciner les soignant.e.s de +50 ans ou à risque dès début janvier 2) Vacciner les +75 ans à partir du 18 janvier
Cette deuxième phase de la stratégie (+75 ans) passe par l'ouverture de "centres de vaccination ambulatoires" (CVA) comme ailleurs dans le monde.
On les avait jusqu'ici évités: le souvenir des vaccinodromes H1N1, symbole d'une campagne jugée disproportionnée, était trop cinglant.
Avec un pincement au cœur, j’ai quitté cette semaine le job le plus passionnant de ma (courte) vie.
Pendant un an et demi j'ai travaillé à l'organisation des soins en Seine-Saint-Denis.
Je voudrais aujourd’hui vous expliquer pourquoi il est urgent de tout changer. (1/X) ⤵️
On le sait, santé et pauvreté ne font pas bon ménage.
Une des principales manifestations sanitaires de la précarité, c'est l'explosion des maladies chroniques. C'est évidemment vrai dans le 93 : taux de diabète le + élevé de l'hexagone, dépistage des cancers en dessous de tout..
Le principe de ces maladies chroniques c'est de durer longtemps. On en guérit pas toujours. Elles nécessitent moins des "soins" qu'un accompagnement dans la "santé".
Pour notre système de santé c'est un changement majeur.
Comme je dessine fort bien je vous ai fait des dessins 👀