Thread by @vincentglad

Thread : Le 3e confinement est-il vraiment un confinement ? Le débat sémantique fait rage aujourd'hui.

Castex n'a prononcé le mot qu'une seule fois et Véran se demande si l'appellation est encore juste alors que le gouvernement insiste sur l'extérieur. (via @POLITICOEurope)

Sur un plan sémantique, effectivement, l'appellation ne correspond plus. Mais le mot "confinement", et sa traduction anglaise "lockdown", ont pris un autre sens depuis le début de la crise sanitaire en Europe.

Plus qu'un strict confinement des personnes à leur domicile, le "lockdown" consiste désormais davantage en une politique de réduction des contacts sociaux.

En Angleterre, Allemagne, Pays-Bas, Suisse ou Belgique, le "confinement" n'empêche pas de sortir librement à l'extérieur.

En Allemagne, il n'y a pratiquement aucun contrôle en extérieur, sauf dans les cas de regroupements trop importants dans les parcs.

En Angleterre, même chose, malgré le confinement très strict, les parcs sont remplis (ici, Londres) et il y a très peu de contrôles.

Dans une maladie de lieu clos comme la Covid-19, il n'est pas très logique d'enfermer les gens et de leur interdire d'aller à l'extérieur. C'est ce que de nombreux pays ont compris depuis le printemps dernier.

Olivier Véran avait eu cette fameuse phrase le 9 mars 2020, utilisée aujourd'hui par les Covid-sceptiques: "C'est le confinement qui provoque la circulation du virus".

https://twitter.com/bfmtv/status/1237115714156335105?lang=fr

Le confinement à la française, en vérité, n'est qu'une manière détournée de réduire au maximum les contacts sociaux. Si on ne peut pas sortir de chez soi, on ne peut pas aller rendre visite à des amis. C'est dans cette même logique que le couvre-feu "anti-apéro" a été institué.

Dans l'imaginaire collectif français, un confinement n'en est pas un s'il n'a pas sa contrepartie policière, avec les fameuses attestations. Or il semblerait bien que nous soyons devenus une exception en Europe sur ce point.

liberation.fr/checknews/2020…

Si sur le principe, ce 3e confinement "au grand air" ressemble à celui de nos voisins, il diffère par plusieurs aspects :
- le couple attestation/couvre-feu
- les écoles laissées ouvertes
- l'absence de recommandation de restrictions de contact

C'est à mon sens le grand oublié de la conférence de presse d'hier. Castex a ramé pour tenter d'expliquer qu'il ne fallait pas faire de "barbecue entre amis" mais il n'a donné aucune règle précise : combien de personnes peut-on rencontrer ? Nul ne le sait.

Chez nos voisins, le "lockdown" est une politique de fermeture d'un maximum de lieux de contamination, assorti de recommandations pour limiter au maximum les contacts sociaux : "bulle de 1" en intérieur en Belgique, possibilité de recevoir une seule personne en Allemagne...

Evidemment, ces recommandations sont purement théoriques et chacun est libre de les respecter ou non. Les Belges se rient de cette "bulle de 1" qui a un côté un peu ridicule mais qui a le bénéfice de la pédagogie. Elle fixe une règle claire pour les citoyens.

En France, du fait de la policiarisation du confinement, tout ce qui n'est pas interdit formellement est donc autorisé. On peut ainsi imaginer que les vagues règles fixées par Castex ne seront jamais respectées et qu'on peut se préparer pour un printemps du barbecue.

A l'étranger, elles ne le sont évidemment pas toujours mais elles le sont parfois, voire même souvent. Au moins par civisme et esprit de responsabilité.

A vrai dire, le respect des règles dépend bcp du niveau de peur de la population: en Allemagne, il était conséquent lors de l'annonce du confinement en décembre. Il l'est beaucoup moins aujourd'hui et une vie de plus en plus normale a repris, avant même la levée des restrictions.

Le "confinement" est aussi et déjà un effet d'annonce. Quand Boris Johnson ou Angela Merkel prennent la parole pour l'annoncer sur un ton dramatique (même si Merkel n'a pas prononcé le mot), il y a un effet de souffle, qui a un effet immédiat sur le nombre de contacts sociaux.

C'est un des problèmes de l'annonce de Castex hier. Dans l'imaginaire français, si c'est Macron, c'est confinement, si c'est Castex, c'est couvre-feu.

Il manquait hier l'effet "blast", cette prise de conscience forte dans la population qu'il faut agir collectivement.