Thread by @vincentglad

"0,5% ? C'est 500 pour 100.000, c'est au-dessus du taux d'incidence !"

Jean-Jacques Bourdin fait ici une erreur très commune, consistant à considérer qu'un test mené au hasard dans une population est comparable au taux d'incidence.

https://twitter.com/BFMTV/status/1372820302393131013

Ce chiffre de 0,5% n'est pas un taux d'incidence, mais un taux de prévalence.

La différence est subtile mais importante. L'incidence, ce sont le nombre de *nouveaux* cas reportés sur une semaine. La prévalence, c'est le taux de personnes positives à un moment donné.

Or, sur un test PCR (comme le test salivaire), la durée de positivité est d'environ 3 semaines. Le taux de prévalence Covid est donc toujours supérieur au taux d'incidence, qui dénombre les nouveaux cas sur une semaine.

Par ailleurs, le taux d'incidence que l'on connaît tous est une sous-estimation de la réalité (d'un facteur 2 ou 3 ?). Il y a de nombreux trous dans la raquette, et les autorités sanitaires ne peuvent jamais recenser tous les cas réels sur le territoire.

Pour résoudre ce problème, des pays plus développés comme le nôtre (comme le Royaume-Uni) organisent des grandes enquêtes de prévalence sur échantillon représentatif de la population. C'est exactement comme un sondage, sauf qu'on demande aux gens de faire un test PCR.

C'est à ce type d'enquête que le chiffre de Blanquer est comparable, même s'il est douteux que l'échantillon soit vraiment représentatif de la pop scolaire. Il y a p-être des biais dans un sens ou dans l'autre mais on n'en sait rien puisqu'il n'y a absolument aucune transparence.

Voilà le résultat de la dernière enquête de prévalence britannique.

Le taux de positivité est actuellement entre 0,3 et 0,4% chez les enfants en âge d'aller à l'école, ce qui est relativement bas, le chiffre est monté jusqu'à 4% chez les 12-16 à Noël.

ons.gov.uk/peoplepopulati…

Le taux de prévalence dans la population anglaise était de 0,29% dans la deuxième semaine de mars, soit 290 cas pour 100.000 habitants.

Par comparaison, le taux d'incidence est de 59 cas pour 100.000 habitants. Soit près de 5 fois moins que le taux de prévalence réel.

Serait-il possible d'envoyer un membre de Santé Publique France au min. de l'Education pour enfin bénéficier de vrais chiffres, avec analyse scientifique rigoureuse? Ce n'est plus possible de balancer des chiffres qui ne veulent rien dire et que Blanquer lui-même ne comprend pas.

Un des biais de ce chiffre de Blanquer, qui rend compliquée la comparaison avec l'Angleterre, est qu'il s'agit de tests sur une population qui n'est pas totalement aléatoire puisqu'elle exclut probablement les élèves avec symptômes et les cas contacts, testés par ailleurs.