Thread by @GendAudibert

#Thread
⚠️ histoire sensible
Comment à partir d’une infraction a priori peu grave (au regard de la peine encourue) nous en sommes arrivés à une procédure particulièrement sordide comme c’est le cas en matière de pédocriminalité. ⬇️ 1/18

Il y a plusieurs années, un dimanche matin, un couple se présente à l’accueil de la brigade.
Ils viennent nous signaler des faits a priori suspects mais ils ne savent pas si ces faits sont constitutifs d’une infraction. ⬇️ 2/18

La veille (le samedi donc) ils se sont rendus dans l’après-midi avec leur fils de 5 ans chez un photographe professionnel pour réaliser des photos de famille. Durant la séance photo, les parents comme leur fils sont amenés à changer de tenues. ⬇️3/18

A un moment donné, l’attention du père de famille est attiré vers l’appareil photo du photographe.
Pourquoi ?
Il a entendu le bruit du déclencheur alors que son enfant était en train de se changer et était nu pendant un très bref instant. ⬇️ 4/18

Ne comprenant pas pourquoi l’appareil a déclenché, le père de famille va s’en enquérir auprès du photographe. Il demande à examiner l’appareil.
Le photographe, gêné, refuse dans un premier temps. Le père insiste et le photographe, finalement, s’exécute.
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Le père constate alors horrifié qu’à chaque changement de tenues, le photographe en a profité pour photographier son fils nu. Il y a 5 images.
En colère, le père exige la suppression des images, le photographe s’exécute et la famille quitte les lieux précipitamment. ⬇️6/18

Le lendemain matin (le dimanche donc), les parents viennent nous signaler les faits. Ils racontent cette histoire: la mère de famille pleure et le père bouillonne. Le gendarme chargé d’accueil prend l’audition et vient rendre compte à l’OPJ de permanence. ⬇️ 7/18

Moins de 24h après les faits, on part en flagrance, dans un premier temps sur une atteinte à la vie privée (226-1 2e CP) pour initier la procédure puis départ immédiat en perquisition chez le photographe. ⬇️8/18

Coup de chance, il est présent à son studio lorsque nous nous présentons. La prise de contact se passe bien, l’individu est néanmoins stressé. La perquisition commence. L’appareil photo est saisi ainsi que différents supports numériques. ⬇️ 9/18

L’un des OPJ ouvre une dernière porte et derrière stupeur.
Nous pénétrons dans une pièce sombre où règne une forte et étrange odeur de lingettes bébé. ⬇️ 10/18

A la lumière des lampes torches, nous trouvons un mannequin d’enfant équipé d’un vagin artificiel, des sextoys et beaucoup de lingettes bébé. Sur une étagère, dissimulées derrière un livre de photos, nous trouvons une collection d’images pédopornographiques. ⬇️ 11/18

Le doute n’étant pas permis, l’individu est placé sur le champ en GAV. Avis au parquet: c’est une jeune magistrate qui est de permanence. Sa permanence étant calme, elle décide de venir sur les lieux. Elle nous rejoint alors que la perquisition s’achève. ⬇️ 12/18

Constatant la nature des objets saisis, elle exprime la même stupéfaction que celle des enquêteurs au moment de la visite de cette pièce.
A la brigade, l’examen criminalistique du téléphone du mis en cause révèle une intense activité sur les réseaux sociaux, ⬇️ 13/18

beaucoup de messages échangés sont à caractère pédopornographique (+ images). Les clés usb saisies contiennent également plusieurs dizaines d’images de mineurs nus (pour la plupart prises dans son atelier) et beaucoup de vidéos pédopornographiques, toutes insoutenables ⬇️ 14/18

L’ordinateur du mis en cause est chiffré mais au visa de l’article 434-15-2 CP, il remet le code de la partition chiffrée.
L’enquêteur #NTECH retrouvera des milliers de vidéos pédo et mettra au jour une intense activité sur des forums très particuliers.. ⬇️ 15/18

A l’issue de sa GAV, le parquet ouvrira une information judiciaire, le photographe sera placé sous CJ strict.
En CR, nous retrouverons une vingtaine de victimes. Plusieurs participants🇫🇷de ce forum très spécial seront identifiés et interpellés par d’autres unités. ⬇️ 16/18

A l’issue, le photographe sera condamné en correctionnel car nous n’avons pas retrouvé la moindre trace d’une agression sexuelle ou d’un viol qu’il aurait commis.
Il nous avait expliqué utiliser ce mannequin pour évacuer ses envies de passage à l’acte.⬇️17/18

PS: j’ai modifié plusieurs détails par rapport aux faits réels.
Ceux-ci ont été définitivement jugés il y a plusieurs années. ⬇️18/18
FIN

PS2: pourquoi 226-1 2° du code pénal ?
Parce que les faits ont été commis avant la loi du 7 octobre 2016 qui a créé l’article du 226-2-1 du code pénal.