Le saviez-vous ? Louise Colet (1810-1876) fut plutôt favorable à la Commune de Paris. En juillet 1871, atterrée par la répression qu’elle découvre dans la presse, elle se sent prise de pitié pour les "pétroleuses". Non sans ambivalences !⤵️📰🍒 1/
« Depuis qq tps avait commencé, à Versailles, cette longue série de procès criminels dont l’issue était (et est encore) le châtiment inexorable. En ce moment on jugeait les pétroleuses. Je lus l’acte d’accusation, résumant la vie de ces malheureuses,
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puis les portraits de chacune d’elles que les reporters s’étaient ingéniés à rendre à la fois effrayantes et grotesques ; enfin les interrogatoires où elles se montraient telles que les misères et les vices les avaient faites ; 🤔
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mais gardant encore et trahissant ds leurs réponses des sentiments humains, des instincts réparateurs qui pouvaient les racheter. Leurs cris du cœur et leur désespoir de mères, sans absoudre les actions qu’on leur imputait, attestaient qu’il y avait eu, et qu’il y avait encore
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lutte entre le bien et le mal ds ces destinées lamentables. De combien de détresses et de déchirements terribles se compose un crime ! D’ailleurs la certitude du crime et la lucidité des accusés étaient-elles assez prouvées pour déterminer l’inexorabilité des juges ? ⚖️
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Ces réflexions et ces doutes s’agitaient en moi à mesure que je lisais ces débats émouvants, et qd j’en arrivai à l’arrêt de mort prononcé contre ces infortunées, le cri jeté par 2 d’entre elles : "Que vont devenir nos pauvres enfants !" retentit jusque ds mes entrailles. 😱
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Je sentais des cœurs de mère battre sous ces guenilles en lambeaux si froidement décrites et raillées. Ces haillons disaient les péripéties des drames dont ce cri maternel était le dénouement.
[🎞️ : P. Watkins] 7/
À travers la brise embaumée qui égrenait sur ma tête les fleurs des acacias, j’entendais des voix lugubres qui murmuraient: "Ns avons eu faim, ns avons eu froid, ns avons vécu ds la rue, sans famille,sans asile, presque sans vêtements; ns avons été battues, avilies, dégradées!
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Qui de vous n’eût perdu la raison ? Ns sommes des fatalités et l’on ns extermine comme des monstres ! Et nos enfants, nos enfants !…" Cet appel déchirant frappait mon cœur s’alternant avec les gaies clameurs des enfants radieux qui jouaient près de moi. 🌺
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Je regardai ma robe de soie, je tâtai sur ma poitrine oppressée le long châle qui m’enveloppait mollement; j’éprouvai une sorte de honte et de remords.
Aveugles furies d’un jour de délire, ces condamnées éperdues évoquaient devant moi l’innombrable holocauste d’autres femmes,
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leurs semblables par le malheur, mais mourant ignorées et ds le silence sans que leur désespoir jetât l’épouvante.
Notre frivolité est complice de l’incurie des gouvnmts et de l’inflexibilité des juges. Secourir sans trêve et consoler tjrs,
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qd le secours a été impuissant à prévoir le mal, est le devoir imprescriptible des êtres et des sociétés. Plus la déchéance morale a été profonde, + le corps a été avili, + la pitié doit être immense, généreuse, réparatrice.
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J’aurais voulu pouvoir relever ces âmes ; les épurer en les consolant, multiplier mes habits pour en couvrir ces pauvres corps délabrés et flétris. 👚👗🧦
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L’impuissance de ma compassion me causa une de ces défaillances qui depuis plus d’un an menacent ma vie ; puis des pleurs abondants jaillirent de mes yeux et me soulagèrent. »⛲️
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Le 9 juillet 1871, Théophile Ferré, communard et « ennemi irréconciliable de l’ordre social » selon la police, est arrêté à Paris rue Saint-Sauveur au terme d’une traque cruelle. Son amie Louise Michel en raconte le détail dans ses Mémoires, en 1886 : ⤵️🍒 1/
2/ « Seulement, il y a un détail qu’on ignore et qui n’a été écrit nulle part jusqu’à ce jour : c’est la façon dont fut opérée l’arrestation de Ferré, le moyen auquel on eut recours pr découvrir sa retraite.
Ttes les recherches avaient été infructueuses ;
3/ on avait peut-être arrêté 5 ou 6 pseudo-Ferré comme on a fusillé 5 ou 6 faux Billioray, 5 ou 6 Vallès.
Que fait-on ? On se dirige vers la petite maison de Levallois-Perret, rue Fazilleau, que l’ancien membre de la Commune habitait avec ses parents.
La Commune n’est pas morte. C’est bien ce que déplore le quotidien nationaliste et phallocrate Le Gaulois : son numéro du 8 juillet 2021 fantasme « La Commune à Londres », mi-asile mi-pays de cocagne où les communards auraient l’audace de survivre.
Attention ça pique !⤵️🌶️🌶️🌶️ 1/
« La Commune à Londres
Ah ! ça, expliquons-nous.
Rien n’est + loin de notre pensée que de mettre en suspicion le zèle de nos gouvernants, cpdt nous ne pouvons cacher + lgtps notre étonnement au sujet des principaux membres de la Commune.
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Voilà 1 mois et 1/2 que l’on fouille @Paris ds ts les sens, que l’on dérange nbre de paisibles citoyens et que l’on fait grd bruit à propos des importantes arrestations opérées.
Or, après tt ce tapage, voilà qu’il ns arrive aujd’hui, de Londres, un 4e ami qui ns confirme
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Le 4 juin 1871, Geneviève Bréton s'énerve ds son journal intime : cette jeune bourgeoise, fiancée à un peintre tué à la guerre en janvier, a rallié la Commune, dont elle a soigné les blessés. Elle n'a pas de mots assez durs contre l'arrogance des versaillais victorieux :⤵️🖋️ 1/
« 4 juin 71
Je quitte l’ambulance aujourd’hui 4 juin pr rentrer ds ma chère obscurité solitaire. […] Maintenant, mon rôle est fini, les sœurs ns remplacent auprès des quelques blessés qui restent.
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j’étais là à la peine, je ne veux pas être au triomphe, voir ces heureux Versaillais parés passer en fringants équipages sur les pluies tièdes mêlées de sang français, courir aux théâtres couverts et contempler en ricanant le navrant spectacle de nos ruines ; 3/
Fin mai 1871, Victor Hugo, installé à Bruxelles depuis mars, y fait paraître une tribune en faveur du droit d’asile pour les communards. Il est immédiatement expulsé du pays ! Récit de l’affaire et florilège de punchlines par le poète :⤵️🪶😠 1/
« "— Il est enjoint au sieur Hugo de par le roi
De quitter le royaume." - Et je m’en vais. Pourquoi ?
Pourquoi? mais c’est tt simple, amis. Je suis un homme
Qui, lorsque l’on dit : Tue ! hésite à dire : Assomme !
Qd la foule entraînée, hélas ! suit le torrent,
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Je me permets d’avoir un avis différent ;
[...] Je blâme sans pudeur les massacres en grand ;
Je ne bois pas de sang ; l’ordre, à l’état flagrant,
Exterminant, hurlant, bavant, tâchant de mordre,
Me semble, à moi songeur, fort semblable au désordre ;
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Épouse d’un garde national de la Commune, Émilie Noro est arrêtée et emprisonnée sans motif : c’est le début du mythe des pétroleuses, ces femmes incendiaires et déchaînées qu’il s’agit de débusquer et d’enfermer. En 1897, elle raconte son arrestation ds La Revue Blanche :⤵️🔥 1/
« J’étais en train de faire du café. J’ouvre, mon filtre à la main. Des chasseurs de Vincennes étaient là, le fusil en arrêt, et commandés par un jeune officier à l’air important. Je ne me rendais pas du tt compte du danger. ☕️
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Ce déploiement de forces et l’air fanfaron du pt officier, tt cela me fit rire, ce qui le vexa. "Votre mari ? — Il n’y est pas. — Il a fait comme les lâches, il s’est sauvé. — Vs comprenez bien qu’il n’allait pas vs attendre." On fouille ds ts les meubles,
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Le 30 avril 1871, Gustave Courbet écrit à ses parents une lettre magnifique : « Paris est un vrai paradis » ! Il raconte ses fonctions ds la Commune et sa vision des rapports entre Paris et la France. Qq mots d'abord sur ce gd peintre et son action politique :⤵️🎨🪶 1/
Gustave Courbet (1819 – 1877) est né à Ornans en Franche-Comté. Il "monte" faire des études de droit à Paris mais passe son tps à dessiner et peindre.
Ses amis : Proudhon, Champfleury, Baudelaire. Tkl. 2/
Il voyage un peu (Belgique, Normandie), et retourne régulièrement peindre à Ornans, notamment le fameux enterrement (1849). Il en garde une conscience forte de ce qu’il doit à son pays, de ce que Paris doit aux campagnes. 3/