La Commune n’est pas morte. C’est bien ce que déplore le quotidien nationaliste et phallocrate Le Gaulois : son numéro du 8 juillet 2021 fantasme « La Commune à Londres », mi-asile mi-pays de cocagne où les communards auraient l’audace de survivre.
Attention ça pique !⤵️🌶️🌶️🌶️ 1/
« La Commune à Londres
Ah ! ça, expliquons-nous.
Rien n’est + loin de notre pensée que de mettre en suspicion le zèle de nos gouvernants, cpdt nous ne pouvons cacher + lgtps notre étonnement au sujet des principaux membres de la Commune.
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Voilà 1 mois et 1/2 que l’on fouille @Paris ds ts les sens, que l’on dérange nbre de paisibles citoyens et que l’on fait grd bruit à propos des importantes arrestations opérées.
Or, après tt ce tapage, voilà qu’il ns arrive aujd’hui, de Londres, un 4e ami qui ns confirme
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ce que 3 autres nous avaient déjà dit :
- Ils sont tous là, tous, excepté 4 ou 5 détenus à Versailles et les 3 ou 4 morts dans la lutte.
😵🤥🤬🤯
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Razoua est là et Cluseret aussi ; Léo Meillet donne le bras à l’impeccable Beslay ; Theisz prend ts les jours des nouvelles de Pyat, qui a le spleen, la nostalgie de la Commune. 5/
Jusqu’à de Bisson, le fameux général aux flamboyantes épaulettes, qui circule ds le Strand, une rosette multicolore à la boutonnière.
Ils ne se cachent nullement ; ils mènent une existence douce, large, plantureuse, telle qu’elle convient à des réfugiés de haute volée.🦥
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Ils discutent sur l’avenir de la France et offrent volontiers le champagne frappé de l’exil aux compatriotes qu’ils rencontrent. 🤨
Ils montrent une gde tolérance et excusent leurs adversaires.
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Ils annoncent même qu’ils n’exerceront pas de représailles qd ils ressaisiront les rênes du pouvoir.
Réellement, il serait temps de savoir à quoi la bravoure de tant d’héroïques soldats et l’état de siège en permanence ont servi, si, à 9 heures de distance,
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les incendiaires de Paris peuvent ainsi, les poches pleines de l’or qu’ils ont pillé chez chacun, jouer au souverain déchu et comploter une restauration prochaine.
A.S. » 9/
Le 9 juillet 1871, Théophile Ferré, communard et « ennemi irréconciliable de l’ordre social » selon la police, est arrêté à Paris rue Saint-Sauveur au terme d’une traque cruelle. Son amie Louise Michel en raconte le détail dans ses Mémoires, en 1886 : ⤵️🍒 1/
2/ « Seulement, il y a un détail qu’on ignore et qui n’a été écrit nulle part jusqu’à ce jour : c’est la façon dont fut opérée l’arrestation de Ferré, le moyen auquel on eut recours pr découvrir sa retraite.
Ttes les recherches avaient été infructueuses ;
3/ on avait peut-être arrêté 5 ou 6 pseudo-Ferré comme on a fusillé 5 ou 6 faux Billioray, 5 ou 6 Vallès.
Que fait-on ? On se dirige vers la petite maison de Levallois-Perret, rue Fazilleau, que l’ancien membre de la Commune habitait avec ses parents.
Le saviez-vous ? Louise Colet (1810-1876) fut plutôt favorable à la Commune de Paris. En juillet 1871, atterrée par la répression qu’elle découvre dans la presse, elle se sent prise de pitié pour les "pétroleuses". Non sans ambivalences !⤵️📰🍒 1/
« Depuis qq tps avait commencé, à Versailles, cette longue série de procès criminels dont l’issue était (et est encore) le châtiment inexorable. En ce moment on jugeait les pétroleuses. Je lus l’acte d’accusation, résumant la vie de ces malheureuses,
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puis les portraits de chacune d’elles que les reporters s’étaient ingéniés à rendre à la fois effrayantes et grotesques ; enfin les interrogatoires où elles se montraient telles que les misères et les vices les avaient faites ; 🤔
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Le 4 juin 1871, Geneviève Bréton s'énerve ds son journal intime : cette jeune bourgeoise, fiancée à un peintre tué à la guerre en janvier, a rallié la Commune, dont elle a soigné les blessés. Elle n'a pas de mots assez durs contre l'arrogance des versaillais victorieux :⤵️🖋️ 1/
« 4 juin 71
Je quitte l’ambulance aujourd’hui 4 juin pr rentrer ds ma chère obscurité solitaire. […] Maintenant, mon rôle est fini, les sœurs ns remplacent auprès des quelques blessés qui restent.
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j’étais là à la peine, je ne veux pas être au triomphe, voir ces heureux Versaillais parés passer en fringants équipages sur les pluies tièdes mêlées de sang français, courir aux théâtres couverts et contempler en ricanant le navrant spectacle de nos ruines ; 3/
Fin mai 1871, Victor Hugo, installé à Bruxelles depuis mars, y fait paraître une tribune en faveur du droit d’asile pour les communards. Il est immédiatement expulsé du pays ! Récit de l’affaire et florilège de punchlines par le poète :⤵️🪶😠 1/
« "— Il est enjoint au sieur Hugo de par le roi
De quitter le royaume." - Et je m’en vais. Pourquoi ?
Pourquoi? mais c’est tt simple, amis. Je suis un homme
Qui, lorsque l’on dit : Tue ! hésite à dire : Assomme !
Qd la foule entraînée, hélas ! suit le torrent,
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Je me permets d’avoir un avis différent ;
[...] Je blâme sans pudeur les massacres en grand ;
Je ne bois pas de sang ; l’ordre, à l’état flagrant,
Exterminant, hurlant, bavant, tâchant de mordre,
Me semble, à moi songeur, fort semblable au désordre ;
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Épouse d’un garde national de la Commune, Émilie Noro est arrêtée et emprisonnée sans motif : c’est le début du mythe des pétroleuses, ces femmes incendiaires et déchaînées qu’il s’agit de débusquer et d’enfermer. En 1897, elle raconte son arrestation ds La Revue Blanche :⤵️🔥 1/
« J’étais en train de faire du café. J’ouvre, mon filtre à la main. Des chasseurs de Vincennes étaient là, le fusil en arrêt, et commandés par un jeune officier à l’air important. Je ne me rendais pas du tt compte du danger. ☕️
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Ce déploiement de forces et l’air fanfaron du pt officier, tt cela me fit rire, ce qui le vexa. "Votre mari ? — Il n’y est pas. — Il a fait comme les lâches, il s’est sauvé. — Vs comprenez bien qu’il n’allait pas vs attendre." On fouille ds ts les meubles,
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Le 30 avril 1871, Gustave Courbet écrit à ses parents une lettre magnifique : « Paris est un vrai paradis » ! Il raconte ses fonctions ds la Commune et sa vision des rapports entre Paris et la France. Qq mots d'abord sur ce gd peintre et son action politique :⤵️🎨🪶 1/
Gustave Courbet (1819 – 1877) est né à Ornans en Franche-Comté. Il "monte" faire des études de droit à Paris mais passe son tps à dessiner et peindre.
Ses amis : Proudhon, Champfleury, Baudelaire. Tkl. 2/
Il voyage un peu (Belgique, Normandie), et retourne régulièrement peindre à Ornans, notamment le fameux enterrement (1849). Il en garde une conscience forte de ce qu’il doit à son pays, de ce que Paris doit aux campagnes. 3/