Aujourd'hui, c'est #VendrediLecture, et nous allons vous présenter l'ouvrage de l'économiste John Kenneth Galbraith, "Le nouvel État industriel", paru en 1967. (1/18)
Dans cet ouvrage, Galbraith soutient que le pouvoir dans la grande entreprise et dans la société n'est plus détenu par les individus mais par les organisations. Il démontre que le fonctionnement du capitalisme change par la modification de ses structures et que (2/18)
la loi de l'offre et de la demande ne peut pas fonctionner. Galbraith est un grand critique de cette loi : pour lui elle n'a tout simplement jamais existé. Les conditions de l'économie de marché n'existent pas, le libéralisme en est décrédibilisé. (3/18)
Les entreprises recherchent sans cesse à accroître leur productivité. Pour cela, elles développent la technique et complexifient le processus de production. Ceci nécessite une division du travail sans cesse plus accrue. Le système de production induit une multiplication (4/18)
des spécialistes et une sytématisation de la production industrielle, qui a pour conséquence de faire de l'organisation une affaire de spécialistes : les gestionnaires (ou managers). (5/18)
Cette complexification généralisée nécessite une planification. Dans une économie de marché, la production attend la réaction de la demande suivant la loi susmentionnée. Dans le système industriel, les délais de fabrication sont beaucoup plus longs et les capitaux (6/18)
investis sont beaucoup plus élevés, l'entreprise ne peut dès lors pas attendre la réaction du consommateur. La grande entreprise se doit donc de prévoir une planification rigoureuse de la production et de la distribution. L'objectif essentiel de la grande entreprise (7/18)
est d'avoir une production se déroulant sans retards. Elle cherche donc à minimiser les incertitudes au niveau de la production et de la vente. Pour ce faire, la grande entreprise dispose de plus de capitaux et de ressources humaines que la petite entreprise, (8/18)
ce qui lui permet d'absorber les inévitables aléas. De plus, la grande entreprise cherche à minimiser les risques qu'elle prend et, pour cela, diversifie sa production et ses marchés. Elle se défait au maximum de la contrainte du prix de ses consommations intermédiaires (9/18)
ou investissements par le rachat de ses fournisseurs. Elle finit ainsi par se retrouver en situation de monopole ou d'oligopole et peut alors imposer ses produits et ses prix.

La seule réelle incertitude à laquelle l'entreprise fait face est celle de l'achat (10/18)
ou non de ses produits par les consommateurs. Mais pour Galbraith, la grande entreprise conditionne la demande. A cette fin, elle utilise la publicité, les médias de masse, le marketing. C'est ce que Galbraith nomme la "filière inversée". Pour que la grande entreprise (11/18)
puisse s'assurer que les consommateurs achètent ses produits, elle renforce ses relations avec l’État, lequel a le pouvoir d'orienter la demande globale. Ceci passe par la redistribution des revenus, la politique fiscale, la politique conjoncturelle, ou par la (12/18)
fixation d'un salaire minimal. Bien évidemment, cette analyse des gros monopoles industriels date un peu, l'ouvrage ayant été publié il y a plus de cinquante ans. Elle sied plutôt au régime d'accumulation du capitalisme fordiste, quand nous sommes aujourd'hui (13/18)
dans un capitalisme globalisé et financier. Néanmoins, sa critique contre l'économie de marché n'a pas pris une ride. Par là même, la souveraineté du consommateur, au centre des institutions européennes ordolibérales, est décrit comme une coquecigrue, (14/18)
un mythe pour lequel sont sacrifiés nos grands champions nationaux et services publics, pour aller vers une prétendue libre concurrence. (15/18)
La consommation est profondément déterminée par les grandes entreprises et les codes sociaux qu'elles transmettent via la publicité. Ce n'est bien sûr pas votre enfant qui décide seul qu'il veut absolument la dernière veste à la mode pour la rentrée. Ces grands (16/18)
groupes sont également très liés aux puissances publiques, qui produisent les normes et politiques économiques. Dès lors, les attaques de la commission européenne à l'encontre de notre modèle industriel et social, pour assurer une pseudo concurrence non faussée, (17/18)
afin de protéger le "consommateur roi", est un total non sens. Cet ouvrage est un classique d'économie politique que République Souveraine vous recommande vivement. (18/18)

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9 Apr
Toujours au rendez-vous pour le #VendrediLecture, cette semaine nous évoquons un auteur iconoclaste et provocateur (pour changer), que beaucoup sans doute attendaient : Jean-Claude Michéa.
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26 Mar
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25 Mar
Il y a 200 ans, les Grecs 🇬🇷, nourris par les idées de la Révolution française, se révoltaient contre leurs oppresseurs turcs. Ils ne furent pas aidés par la Sainte-Alliance - l'UE de l'époque - sous la domination du chancelier Metternich. [1/5]
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2 Apr 20
Stupéfiante enquête de Médiapart, qui révèle :

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