Thread by @treadstone78651

Stimulante réflexion sur le bienfondé de la pénalisation des idées racistes & antisémites.
Spoiler: je suis en désaccord avec @noemie_issan et favorable à des poursuites judiciaires afin de prévenir ces comportements et de rappeler ce qui est licite et ce qui ne l’est pas.

https://twitter.com/noemie_issan/status/1424764428902359050

1. Je pense que Noémie, comme elle le relève elle-même, est d’abord victime de son amour de la discussion libre. En talmudiste subtile 😉 elle entrevoit le monde comme un champ de débat ordonné par la confrontation de bonne foi des idées.
C’est beau mais c’est faux.

Des pans entiers de la société demeurent hors du champ de la discussion, par faute de temps, de formation ou d’information.
La liberté d’opinion est absolue parce qu’elle est intime. La liberté d’expression ne peut pas être absolue puisque l’expression échappe à l’individuel

pour créer le collectif. En restreignant l’expression du racisme & de l’antisémitisme on restreint sa capacité de conviction et de séduction.
(On notera ici les conséquences du matérialisme de ma formation marxiste.)

2. Le risque de syndrome du persécuté qu’elle redoute me semble nettement surestimé. Je pense qu’il est susceptible de jouer sur des effectifs politisés, non sur des masses indifférentes. On lit souvent sur ce réseau ‘Libérez Ryssen’. Mais dans la ‘vraie vie’ qui s’en soucie?

3. S’il y a bien un argument qui ne me convainc pas, c’est celui selon lequel les poursuites judiciaires limiteraient la surveillance des opinions marginales en les incitant à évoluer sous le radar. D’une part les pensées racistes & antisémites cherchent une audience, ce qui leur

interdit de se dissimuler sous peine de disparaître. A contrario, la réduction de leur audience est précisément l’effet recherché par leur pénalisation. C’est un combat dont le grand public est l’objet et c’est l’objet du droit d’intervenir au soutien de la puissance publique.

D’autre part, il existe des services de renseignement dont le rôle est de surveiller ces mouvances pour lesquelles, on le rappelle, la clandestinité n’est pas un mode d’action (on ne parle pas de groupes insurrectionnels) mais une défaite.
Illustration: l’anathème qui frappent

fascisme et nazisme depuis 1945 scellent leur défaite. Il y a bien des Rassinier, Bardèche, Irving, Williamson pour faire vivre ces idéologies mais ils sont hors du champ politique et incapables d’action collective coordonnée.

4. Dernier argument avancé par Noémie: la difficulté du droit à sanctionner les contenus discursifs.
Je ne suis pas convaincu: en matière correctionnelle, les juges se fondent sur leur intime conviction. Les allusions, prétéritions n’ont de sens que si elles forment un ensemble

apparemment décousu mais en réalité plein d’échos. La quenelle ou l’ananas de Dieudonné sont des symboles désormais assez connus pour être relevés et sanctionnés par les juridictions. On l’a vu ici: le ‘qui ?’ a rapidement été accompagné d’une étoile de David illustrant

la cible visée. La méthode du faisceau d’indices est suffisante pour caractériser l’infraction en liant les méta-signes. C’est un travail de définition de la politique pénale et de formation des magistrats. En aucun cas ce n’est une tâche impossible.

Enfin, je conclurai en présentant la raison pour laquelle il faut au contraire poursuivre pénalement et (surtout) sanctionner financièrement.
L’argument a été présenté par @Poissonhamsa : il faut taper au portefeuille.
Punir racistes et antisémites

https://mobile.twitter.com/Poissonhamsa/status/1424770325657628673

au portefeuille comme Capone a été abattu par le FBI. La succession des poursuites à l’encontre de Dieudonné l’a contraint à des montages tjs plus sophistiqués qui ont fini par se révéler défectueux.
On ne fera pas disparaître l’antisémitisme, mais la sanction financière

peut contraindre racistes et antisémites au silence. On ne leur en demande pas plus. Mais pas moins.