Thread by @lionel_case

Stop. Pouce. Temps mort.
On ne rigole plus.
Comment en sommes-nous arrivés là?
Nous sommes le 17 Août 2021. Et j'ai la désagréable impression qu'un compte à rebours s'est engagé avant qu'un déséquilibré, un jour, quelque part, commette l'irréparable.
Peut-on en parler?
1/

Je m'adresse à toi, anti-vaccin qui me lit. On ne se connait pas. Et pourtant, avant Covid, nous avons probablement ri ensemble. Devant un barbecue. Partageant un vestiaire après un entrainement. Devant un même film au cinéma. Oh! Nous n'avons probablement jamais été d'accord
2/

sur grand chose. Tes positions anti-système, un peu radicales, un peu ésotériques parfois, se heurtaient à mes positions "rationnelles", un peu pédantes, un peu trop suffisantes, avouons-le.
Mais tu ne rêvais pas de me pendre.
Comment en sommes-nous arrivés là?
3/

Nous avons peur toi et moi. Ce n'est pas une faiblesse de l'avouer. Peur que cette situation dérape, qu'on parte dans une spirale de chaos. Jusqu'ici la guerre, le réchauffement étaient des spectres lointains. Et il suffisait de fermer les yeux.
Avec Covid ça ne marche plus.
4/

Covid est rentré chez nous, s'est engouffré dans notre intimité, glissé dans nos draps. On vit avec, on couche avec. Une présence, une obsession. Tu voudrais fermer les yeux et te réveiller sans sentir son souffle. Moi aussi.
Tu sais, on couche dans le même lit.
Regarde-moi.
5/

Regarde-moi, je te dis. Ce diplômé anonyme, un peu pédant, un peu chanceux, qui t'énervait mais dont secrètement tu aimais être l'ami.e... veut-il t'empoisonner?
Veut-il te tuer?
Veut-il autre chose que ce que tu veux?
Veut-il tuer tes enfants?...
6/

Cet homme ou femme qui aurait accepté de garder tes enfants, de les ramener du judo, qui t'aurait prété sa tondeuse en riant, a-t-il vendu son âme à un complot exterminateur pour sauver sa propre peau et faire triompher sa caste?
Et pourtant, tu veux me pendre.
7/

Regarde-moi dans les yeux.
Comment en sommes-nous arrivés là?
Alors, parlons des erreurs et des chemins qui se séparent. Tu me vois comme un homme trompé, abusé, abreuvé des mensonges de l'état et de ses sbires de la finance. Pourtant, jadis, tu m'écoutais. Je voyais tes yeux se

figer lorsque, dans nos débats houleux, je te coupais la parole et me lançais dans une explication. Je t'énervais mais la lueur de tes yeux ne trompait pas: tu m'écoutais.
Pourquoi est-ce que tu ne m'écoutes plus?
Pourquoi ne suis-je à tes yeux une simple caisse de résonance?
9/

Ce diplômé agaçant qui toujours te citait des sources, qui s'énervait des injustices, jadis tu lui accordais le crédit de l'effort et de l'honnêteté intellectuelle. Il n'était pas un vendu. Il était des tiens. Il était des nôtres.
Aujourd'hui tu veux le pendre.
10/

Regarde-moi dans les yeux.
Nous sommes dans cette tempête ensemble. Nous l'avons toujours été. Tes nouveaux amis des réseaux sociaux, tu ne les connais pas. Tu y vas comme on va chez le dealer, chercher sa came, ce moment de défoulement qui nous fait oublier Covid.
11/

Mais c'est avec moi que tu couches. Avec tes voisins, avec tes potes du théatre, du rugby. Et on ne veut pas te tuer. On l'a jamais voulu. On le voudra jamais.
Alors défais-toi de ta peur, et je quitterai la mienne. Recommençons à parler. Jette la corde. Ecoute-moi.
12/

Ouvre mes yeux à tes peines. Fais de moi un meilleur ami, un être moins arrogant, redonne-moi cette empathie que j'ai abandonnée.
Et, en échange, laisse-moi te parler, te parler de ma science et, qui sait, nous redonner espoir, un espoir raisonné.
Construit pour toi et moi.
****