🐞 Mini-thread 🐞

On va profiter de la déclaration de @c_drosten pour glisser des rappels en vrac sur ce virus, les vaccins et l'immunité.

Ensuite, on s'autorisera quelques réflexions sur ses propos.

Go !

⬇️⬇️⬇️⬇️⬇️
Pour commencer, un petit rappel du contexte s'impose : à l'heure où j'écris ces tweets, le SARS-CoV-2, virus à l'origine de la maladie COVID-19, est toujours un virus émergent, mais nous avons perdu tout espoir qu'il disparaisse spontanément.
En effet, son implantation ubiquitaire dans le monde et sa bonne résistance au facteur saisonnier rendent quasiment impossible son éradication.
Et même si nous avions le bonheur de réussir ce tour de force, la partie ne serait pas gagnée pour autant, car 1⃣ ce virus dispose d'un réservoir animal où il circule sans problème 2⃣ il n'a pas de difficulté à franchir la barrière inter-espèces dans un sens comme dans l'autre.
Sa réimportation chez l'homme ne serait donc qu'une question de temps.

Conclusion : SARS-CoV-2 est là pour toujours et finira par changer de statut : de virus émergent, il deviendra endémique pour rejoindre les quatre coronavirus circulant déjà dans la population.
Ces quatre coronavirus (HCoV-OC43, HCoV-229E, HCoV-NL63 et HCoV-HKUl) sont bien moins pathogènes que SARS-CoV-2 - le plus souvent, ils sont à l'origine de symptômes bénins de type rhume - et cohabitent avec nous depuis très longtemps.
L'un de ces quatre coronavirus, le HCoV-OC43, est d'ailleurs suspecté d'être à l'origine de la pandémie de grippe russe du XIXème siècle.

Il aurait mis de très longues années à perdre en virulence. ⬇️

vidal.fr/actualites/262…
Revenons-en à SARS-CoV-2 : s'il est appelé à devenir endémique, cela veut dire qu'à terme, 100% de la population mondiale l'aura croisé.

D'où la doctrine forcément clivante du « vivre avec ».
Cependant je tiens à souligner que le « vivre avec » autorise deux définitions aux antipodes l'une de l'autre : pour certains, cela veut dire faire comme si le virus n'existait pas (donc sans les mesures barrières) ; pour d'autres, cela signifie s'adapter à lui, faire en sorte
de ne pas l'attraper car la première rencontre avec lui est forcément une prise de risque (je sais, il y a aussi toute une palette de nuances dont l'énumération aurait nécessairement le défaut d'être incomplète).
Heureusement, nous disposons aujourd'hui de vaccins très efficaces pour prévenir les formes sévères/graves de la maladie.

Le taux de protection estimé varie selon les études, mais on tourne généralement autour de 90% : ça ne se refuse pas !
Une précision toutefois : 90% de protection ne veut pas dire que tout le monde est protégé à 90%, mais que 90% de la population de l'étude est pleinement protégée, tandis que les 10 autres pourcents, non (il s'agit souvent de personnes immunodéprimées ou immunosénescentes).
L'échec vaccinal, on le sait, existe depuis toujours dans de rares cas. Ce n'est en rien l'apanage des vaccins anti-COVID !
Effleurons maintenant la question épineuse des données israéliennes (souvent observationnelles et biaisées).

Israël, comme vous le savez, est le premier pays à avoir vacciné sa population à grande échelle. C'est donc celui ayant le plus de recul sur ce vaccin.
Résultat, les autres pays ont tendance à regarder fébrilement ce qui se passe là-bas.

La moindre étude en provenance d'Israël est scrutée, décortiquée et source de conclusions parfois hâtives.
Que nous dit Israël ?
Que si le vaccin nous protège efficacement et sur la durée contre les formes graves du COVID-19, l'immunité contre l'infection, quant à elle, s'érode à vitesse grand V, soulevant la question d'une troisième dose pour tous.
Un RCT bien conduit nous permettrait d'en avoir le cœur net.

Malheureusement, on se dirige plutôt vers ce qu'a fait Israël, c'est-à-dire, la recommandation immédiate (sans attendre des données probantes) d'une troisième dose pour une grande partie de la population adulte.
Le préjudice en est double : d'abord, nous ne savons pas à quel point ce rappel était nécessaire 6 mois après la deuxième injection ; ensuite, cette décision va offrir du combustible aux vilains désinformateurs qui y voient la preuve d'un vaccin inefficace.
En toute transparence, il était prévisible que ce vaccin protège efficacement contre les formes graves de la maladie (on parle d'immunité effective), mais pas totalement contre l'infection et la transmission (il n'y a donc pas d'immunité stérilisante).
La mise au point d'un vaccin à l'immunité stérilisante est bien sûr l'objectif suprême que poursuit la recherche.

Mais dans les faits, on n'y arrive pas toujours contre une maladie virale respiratoire, parce qu'un vaccin injectable n'induit pas forcément une réponse immunitaire
en béton au niveau des muqueuses ORL.

Exemple avec la grippe : l'administration du vaccin s'accompagne toujours de l'avertissement par le médecin qu'on peut quand même l'attraper, « mais en moins fort ».
« Oui, mais le vaccin contre la rougeole procure une immunité stérilisante, et c'est pourtant bien un virus respiratoire, non ? »

Oui, oui, mais son trajet et son temps de séjour au niveau ORL n'est pas le même. Voir ci-dessous.

Vous l'aurez compris, l'immunisation du nez par les vaccins anti-COVID est imparfaite.

Et comme comme il s'agit d'un virus hautement transmissible, dont le R0 (nombre de personnes qu'un porteur du virus pourrait virtuellement contaminer en moyenne dans une population naïve
immunologiquement et sans mesures barrières) dont le R0 est maintenant estimé autour de 6-8, il parvient toujours à circuler, même chez la population vaccinée.
A priori, et jusqu'à preuve du contraire, le but de cette troisième dose, en tout cas chez les personnes immunocompétentes, serait surtout de booster le taux d'anticorps des bi-vaccinés, et leur « immunité nasale » pour prévenir au mieux l'infection.
Seulement, cette troisième dose peut passer pour un luxe, alors même que des milliards de personnes dans le monde n'ont pas droit à une seule injection.
Ainsi, la question du rappel vaccinal soulève autant de débats éthiques que scientifiques (d'un côté, on défend l'altruisme et l'idée qu'on ne sortira de la pandémie qu'en vaccinant sous toutes les latitudes ; de l'autre, on objecte que le refus de la troisième injection menace
de nous faire tout simplement perdre le bénéfice des deux premières, qui seraient donc gaspillées).

C'est dans ce contexte que des voix respectées et respectables comme celle de Drosten suggèrent que l'infection naturelle par le virus est la plus à même de compléter l'immunité
vaccinale en nous conférant à moindre risque cette « immunité nasale » tant recherchée.
Je rappelle que Drosten est une (vraie) sommité mondiale en virologie, et plus exactement un (vrai) expert en coronavirus humains. Il ne se prend pas pour un virologue sous prétexte qu'il a découvert des virus géants par hasard alors qu'il cherchait des bactéries.
Cependant, Drosten a-t-il raison pour cette fois ? Dans quelle mesure doit-on se satisfaire d'une infection post-vaccinale, voire la souhaiter ?

Sur ce coup, je n'ai pas tellement envie d'imposer ma vision et j'aimerais prendre la température chez mes lecteurs.
Vous avez reçu vos deux doses de vaccin.
Êtes-vous chaud à l'idée d'attraper ce virus pour obtenir une immunité nasale, plus stérilisante ?
Personnellement, puisqu'il faut bien donner son avis, l'idée qu'on s'infecte à la légère ne m'enchante pas des masses.

90% d'efficacité contre les formes graves, ça implique quand même qu'il y aura de la casse, notamment chez les plus fragiles. Que décide-t-on pour eux ?
Quant aux symptômes classés comme étant bénins, sans vouloir asséner une réponse, je m'interroge aussi.

Par exemple, l'anosmie (perte de l'odorat) et l'agueusie (perte du goût) sont le plus souvent réversibles, mais traduisent des atteintes neurologiques
dont le devenir incertain présente un caractère anxiogène.
Tout ce qui n'envoie pas à l'hôpital est-il forcément acceptable ?
J'aimerais vous lire sur cette question brûlante, soignants comme patients, alors n'hésitez pas à donner votre avis sous ce thread
(de préférence, en répondant au premier ou au dernier tweet pour que chacun s'y retrouve).
Si on veut acquérir l'immunité nasale sans passer par la case infection, il faudra attendre que soit validé un vaccin sous forme de spray nasal qui viendra, non pas remplacer, mais compléter les versions injectables actuellement sur le marché.
J'attends impatiemment ce vaccin providentiel.
Mais au jour d'aujourd'hui (😡), c'est toujours sans aucune réserve que je vous recommande les vaccins dont nous disposons, et qui empêchent la grande majorité des formes sévères, graves ou létales.
« Mais si ces vaccins n'empêchent pas totalement l'infection ou la transmission, faut-il encore jouer sur la fibre altruiste pour convaincre les gens de se faire vacciner ? »

Oui. Si vous attrapez le COVID-19 sans faire une forme grave, vous soulagez l'hôpital, qui pourra alors
se consacrer à la prise en charges des autres maladies qui n'ont pas disparu (le cancer en particulier...) mais auxquelles on a consacré moins de temps (euphémisme) à cause de la pandémie.
N'oubliez pas que du fait de l'embolisation hospitalière, le COVID-19 tue indirectement des personnes qui n'ont rien demandé. ⬇️

Soulager l'hôpital en se faisant vacciner, c'est permettre l'accueil en temps et en heure des non-COVID !
Nous savons aussi, ou plutôt, nous avons compris maintenant que l'indicateur hospitalier était le seul critère motivant les restrictions sanitaires imposées par l'exécutif.

Ne pas engorger l'hôpital, c'est donc échapper au confinement et au couvre-feu que la plupart d'entre vous
ont très mal vécu (santé mentale).

Mais si on veut penser collectif, on rappellera que la fermeture itérative des commerces « non essentiels »/restos/bars va produire plus de chômage, et donc faire des morts (car oui, le chômage aussi peut tuer).
Ce serait bien triste d'en arriver à ces drames alors que nous disposons d'un vaccin très sûr et dont la balance bénéfice/risque se veut plus que favorable.
Attention : dans le risque, il faut intégrer non seulement la létalité de la maladie - chacun en pense ce qu'il veut - mais aussi la probabilité de la contracter !

En cumulant ces deux facteurs, vous avez aujourd'hui bien plus de risques de mourir du COVID-19 que de la peste !
« Oui mais si on ouvrait des lits, l'hôpital ne serait pas submergé, et on n'aurait plus besoin du vaccin ! »

Non, ouvrir des lits n'est pas une solution. D'abord parce que ça voudrait dire tolérer plus de malades graves (lequel d'entre vous aimerait se faire intuber ?),
et de toute façon, ce virus est tellement transmissible qu'on finirait malgré tout par dépasser le seuil de submersion ; ensuite, et peut-être surtout, parce que les soignants n'ont pas 4 bras : à effectif égal, si on ouvre plus de lits, leurs efforts vont se disperser
et la prise en charge deviendra suboptimale... ce qui veut dire plus de morts à la fin.

rtbf.be/info/societe/d…
Le vaccin + les gestes barrières : on y revient toujours.

J'aimerais vous vendre du rêve, mais il n'y a pour le moment pas d'alternative.
Enfin, je voudrais attirer votre attention sur les chiffres trompeurs véhiculés par ce spot TV sur la vaccination.

Vous avez dû le voir plusieurs fois déjà.

dailymotion.com/video/x83jaht
8 personnes non vaccinées sur 10 hospitalisés, c'est une stat qui ne veut rien dire en tant que telle, une comparaison court-termiste qui finira par désavantager le vaccin, faisant le bonheur de nos chers anti-tout.
En effet, si un jour on a 100% de vaccinés, on retrouvera 100% de vaccinés à l'hôpital pour un COVID.

Même si leur nombre est dérisoire, ils représenteront toujours 100% des hospitalisés, donnant l'illusion d'un vaccin inefficace.
Si vous souhaitez vous informer sur le paradoxe de Simpson, je vous recommande la lecture de ce thread.

En attendant, si on veut mesurer l'efficacité du vaccin, cela passe par une comparaison entre deux groupes de même taille (autant de personnes dans le groupe vaccinés que dans le groupe non-vaccinés), avec de préférence une comparaison stratifiée par l'âge, les comorbidités,
les facteurs de risque et les antécédents d'infection à SARS-CoV-2 !

Car en France, les deux effectifs ne sont déjà plus comparables : plus de 60% de la population est doublement vaccinée.
Bon, c'est pas tout ça mais il faut que je retourne au collège !
J'ai pas vu l'heure passer !!!

• • •

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More from @Locuste_

31 Aug
Il y a méprise : ce Monsieur confond SARS-CoV-2 et OC43, un autre coronavirus humain suspecté d'être à l'origine de la pandémie de grippe russe au XIXème siècle. @StephaneKM était le premier à en parler dans son billet sur le Vidal.
#FactCheckRaoult

vidal.fr/actualites/262…
Il va sans dire que j'apprécie tout particulièrement cet extrait : j'ai comme l'impression que l'histoire bégaye toujours.

Et si l'homme n'apprenait jamais rien, au fond ?
Ou encore celui-ci. 👇

C'est fou comme on essaye à chaque fois de se raconter que les morts ne sont pas directement le fait du virus lui-même !

Eh oui ! Chaque pandémie produit son lot de « dénialistes »
!

Avis à ceux qui pensent avoir inventé l'eau chaude. 😌
Read 8 tweets
29 Aug
🐞 THREAD 🐞

Vous reprendrez bien un peu d'hydroxychloroquine ?

Mais cette fois-ci, nous allons aborder la question de ses effets in vitro.

Ensuite, vous aurez droit à des digressions sur tous les « traitements précoces ».

C'est parti !
#debunk

⬇️⬇️⬇️⬇️⬇️
Avant toute chose, on va étudier un peu ce virus, et comment il nous infecte.

Ne rechignez surtout pas, car de la bonne compréhension du SARS-CoV-2 dépend la recherche efficace de traitements !

C'est donc une étape fastidieuse mais ô combien nécessaire.
Commençons par observer la protéine S (ou Spike), qui surmonte la membrane virale. Comme vous pouvez le constater, elle se divise en deux sous-unités, S1 et S2, assurant des fonctions bien distinctes.

Crédit : Lorenzo Casalino, Univ. California, San Diego.
Read 109 tweets
1 Aug
Attention, tweet pas bienveillant.

« On entend tellement de choses ! »
Un jour, il faudra quand même s'interroger sur le manque de culture scientifique et d'esprit critique d'une population qui place sur un même pied d'égalité les délires de charlatans marginaux comme
@CaudeHenrion et le consensus scientifique.

Qu'est-ce qui a péché pour qu'on en arrive là ? Je vous le demande un peu.
Et quelles solutions proposer ? Faut-il mieux enseigner l'esprit critique à l'école ? Sensibiliser aux biais cognitifs pour permettre de s'en affranchir ?
Sur Twitter, on pourrait justement publier le codex de ces biais cognitifs pour les étudier ensemble et essayer de les combattre, chacun à son niveau. Ce serait peut-être une bonne idée.

En tout cas, une fois les gens rassurés à propos du vaccin, il ne faudra pas oublier ce
Read 4 tweets
16 Jul
🐞MINI-THREAD🐞

Et si on s'intéressait aux effets secondaires des onze vaccins obligatoires en France ?

Vous savez, ces fameux vaccins traditionnels-avec-des-technologies-ancestrales-pour-lesquelles-on-a-du-recul.

C'est parti.

⬇️⬇️⬇️⬇️⬇️
Effets secondaires possibles du vaccin REPEVAX (diphtérie, tétanos, coqueluche, polio).
Effets secondaires possibles du vaccin HBVAXPRO 10 µg (hépatite B).
Read 20 tweets
10 Jul
🔴Le vaccin responsable de la flambée épidémique en Tunisie ?

C'est évidemment faux.

Faute d'approvisionnement, le pays du jasmin n'a vacciné que 5% de sa population, ce qui laisse un gigantesque réservoir à ce virus plus contagieux que jamais.
Le game changer est le variant Delta, plus difficile à contenir même dans les pays qui avaient particulièrement bien géré la crise jusque-là.

Témoin le cas du Vietnam où la couverture vaccinale est d'ailleurs quasi inexistante.
Pourtant, le 🇻🇳 fait toujours mieux que l'🇪🇺 où on regarde la maison brûler.

Exemple aux Pays-Bas avec un R-eff estimé bien au-dessus de 3, sûrement plus proche de 4, soit un chiffre encore jamais enregistré en Europe depuis l'importation du virus.

Read 18 tweets
8 Jul
Encore un bon thread de C-A.

J'ajoute que l'exponentielle se précise, avec plus de 4 000 nouveaux cas recensés hier contre 2 500 mercredi dernier.

Très bientôt, nous aurons franchi la barre symbolique des 5 000 cas/j, et on ne pourra plus remonter les chaînes de contamination.
Traduction : l'épidémie va nous échapper encore une fois, soumettant une population trop peu vaccinée aux caprices d'un virus plus contagieux que jamais. Vous connaissez la suite.
Si la campagne vaccinale a pris du retard, c'est évidemment imputable aux charlatans et à leurs fidèles séides, qui travaillent de concert pour gêner la lutte contre ce virus.
Mais à l'heure des bilans, il ne faudra surtout pas dédouaner l'exécutif et sa comm' ubuesque.
Read 16 tweets

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