Je co-signe cette tribune dans @leJDD à propos du débat énergétique français : les choix qui devront se faire nous engageront pour le siècle. Ils doivent être stables dans le temps et donc engager nos institutions, soutenues par un débat citoyen
Commençons par le début : les niveaux de consommation d'énergie. Plus de 40% d'économies d'énergie (càd moins consommer mais en gardant tout pareil), c'est ambitieux. Les débats sur la sobriété ne doivent pas virer à la caricature alors qu'elle apporterait des marges de manœuvre
Quand je parle de caricature, je ne vous parle pas du nombre de fois où j'ai entendu ces histoires de "privation" ou d'atteinte aux libertés
Pourtant, avoir le choix de pouvoir se déplacer autrement qu'en possédant un véhicule individuel augmenterait nos libertés
Pour la production, si nous lançons de nouveaux EPR, les premiers arriveront au plus tôt en 2035 : il y aura eu trois présidentielles entre temps !! Il faut éviter ces stop and go de décisions ne reposant que sur une présidentielle pour les ancrer dans le temps
Plus nos choix en matière d'investissements publics bénéficient d'un soutien d'Etat + d'une légitimité allant au-delà d'un mandat présidentielle, plus ils ont de chances d'aller au bout et donc de réussir. C'est de cela qu'il s'agit. Les stop and go tuent notre industrie
L'énergie conditionne nos modes de vie, notre pouvoir d'achat, notre avenir climatique... Il y a eu bcp plus de débats ces deux derniers mois sur le sujet et c'est bien,il faut continuer. C'est aussi cela l'objet d'un débat : mieux s'approprier un sujet pour créer un consensus
Concrètement quelle forme cela pourrait prendre? C'est là que les signataires de la tribune ont divergé et n'ont donc pas souhaité trancher. Pour ma part, j'estime que le champ de la recherche en ingénierie démocratique est large et nous pouvons nous en inspirer
Dans nos institutions, nous avons la @CNDPDebatPublic qui a fait un très bon travail sur l'éolien offshore. Il y a eu aussi la @Conv_Citoyenne qui était une expérience intéressante, à parfaire car ce n'était qu'une première expérience, peut-être insuffisamment suivie
Toutefois, il faut éviter de rallonger les décisions. Ces débats devront donc se tenir tôt à la sortie des présidentielles pr permettre une décision rapide légitime dans le temps. Les élections sont des bons moments pour débattre mais ancrent difficilement des décisions sur 20ans
Les rapports techniques et documents de référence ne remplacent pas la politique qui est une affaire de choix. Il ne faut pas l'oublier. La science éclaire le débat : elle ne le remplace pas
Futurs Énergétiques 2050. Effet de la sobriété sur les besoins de production d'électricité : des résultats sur les scénarios M0 et N03. Un soulagement des besoins de technologies de production à déployer et donc des risques de non atteinte de la neutralité carbone amoindris
Au niveau des coûts, la sobriété pourrait faire économiser jusqu'à 10 Md€/an dans les trajectoires. C'est clairement une option sans regret, quel que soit le scénario choisi, qui resserrerait les coûts entre les scénarios mais sans changer l'interclassement
Rappelons que le seul coût n'est pas le seul critère pour la décision publique : les défis industriels (déployer des EPR), technologiques (mettre en place un système hydrogène) ou régulatoires (financer du nucléaire) sont un niveau de risque dans chaque scénario
Hier sur @LCP, j'ai pu dire que "l'objectif" ou indicateur de "50% de nucléaire dans notre électricité" ne veut rien dire et ne sert à rien
Ce qui compte : 1) Combien d'EPR lancés? 2) Comment gérer le déclassement du parc nucléaire historique?
C'est bien expliqué ici dans le rapport de Rte qui a bien précisé que cet "objectif" ne les a contraint en rien. Ils ont pris la proposition maximale de la filière qui, selon les trajectoires de consommation peut faire dépasser 50% de nucléaire dans le mix électrique
Pour les fermetures du nucléaire actuel, plusieurs trajectoires ont été étudiées (dont une ne respectant pas la PPE et faisant dépasser les 60 ans d'âge à certains réacteurs nucléaires...)
A quel rythme gérer le vieillissement du parc ? Vraie question de trajectoire industrielle
On enchaîne ! À la présentation du scénario @nWassociation. On me dit en coulisse que la dimension politique de la sobriété sera plus explicitée. Voyons cela…
Ce qui est ambitieux mais rend aussi l’analyse plus complexe : voir le système énergétique sous l’angle des ODD de l’ONU
Pour les TRL/MRL, c’est un point à regarder. Car comme expliqué dans les scénarios de Rte, le système hydrogène ou PtGtP est nécessaire pour la production 100% EnR (pas pour la sobriété et l’efficacité en revanche !)
Futurs Energétiques 2050 volume 2 : la conférence de presse de la ministre @barbarapompili. La question du choix politique est posée d’emblée
Et cet après-midi, présentation du scénario @nWassociation !
Expertise technique et rigueur : le rapport de @rte_france est un rapport de référence, un GPS pour l’itinéraire de la neutralité carbone… Travail concerté avec différentes parties prenantes et une consultation publique. Je partage ce constat. Débattons du fond !
« Les experts doivent parler avant les politiques ». Le débat continue et il n’y aura pas de « décision » sur un scénario.
Donc pas d’annonces des EPR : « quelques semaines de débats » avant cela donc. Bien.
Il faudra aussi que cela continue pendant la présidentielle
Here comes a new challenger !! Le chapitre « productions » des FE 2050 de @rte_france est en ligne. Où l’on voit le grand contraste entre le plan Mesmer de construction nucléaire et ce que propose la filière aujourd’hui…
On a donc les chapitre production, consommation et évaluation économique. Ça nous donne pas mal de grain à moudre… J’attends avec impatience celui sur la sécurité d’approvisionnement !
L’effet falaise du nucléaire illustré. Ils ont gardé l’hypothèse de fermeture de 14 réacteurs nucléaires d’ici 2035… sachant qu’il faudrait en fermer 4 au prochain quinquennat. Dans le cadre de l’accélération d’ici 2030 avec -55% de CO2 d’ici là, qq chose me dit que c pas gagné
Le chapitre des coûts des Futurs Énergétiques 2050 est désormais disponible!
Spoiler : il y a un passage sur les effets de la sobriété: réductions de coûts complets annualisés s’élèveraient à environ 3 Md€ à l’horizon 2030 et jusqu’à 8 à 10 Md€ en 2050 assets.rte-france.com/prod/public/20…
Où l'on voit assez clairement que le "thermique décarboné", nécessaire dans les scénarios 100% EnR mais aussi dans le scénario N1 avec seulement 8 EPR, c'est cher
C'est intéressant parce que cela veut dire que N1 comporte les mêmes défis technologiques que les 100% EnR en fait
J'ai scrollé tout le chapitre pour tomber là-dessus : le détail des coûts de traitement du combustible nucléaire. Il faudra renouveler la Hague à terme (durée de vie jusqu'à 2040). Sans surprise, c'est dans les scénarios de relance du nucléaire qu'on le fait surtout